mardi 11 octobre 2016

L'Algarve

L’Algarve.

Samedi 3 septembre 2016, Portimao.


       
                                                    Cabo Sao Vicente

L’Algarve,  sud du Portugal s’étend du Cabo Sao Vivente  à l’ouest ( Cap Saint vincent) au Rio Guadiana à l’est ( rio qui fait la frontière avec l’Espagne et navigable sur 25 milles environ en voilier « normal »  sans démâter ( 18 mètres de tirant d’air et sans doute quelques mètres de plus au vu de la hauteur des mâts   des voiliers rencontrés plus tard sur le fleuve) .  Le climat est y quasiment méditerranéen avec néanmoins  une eau de mer  plus fraîche. 
La région est devenue très  touristique avec de multiples résidences, des marinas, des terrains de golf …  avec par endroit un véritable tourisme de masse et pourtant la pleine saison est terminée.




                                     Résidences d’été pleines à craquer. à Portimao

Portimao est un port de pêche et  de plaisance  avec une marina et une grande zone de mouillage derrière le brise-lame est. Les meilleures places sont celles situées au fond à tribord  du chenal en y entrant ,  le plus loin des bars à karaoké et du traffic maritime très dense, tout en étant assez proche de la plage « Praia Grande » .
La vieille ville de Portimao située à presque 2 milles de l’entrée ( possibilité de mettre l’annexe à un petit ponton,  rive droite, après le premier pont routier) n’a pas le charme  de Ferragudo situé rive gauche en face de la marina. Ferragudo est un  petit village de pêcheurs construit sur une colline avec un tas de petites ruelles tortueuses et souvent fleuries qui s’entrecroisent en descendant jusqu’à la rivière.
Il est 16 heures et depuis mon retour vers 13 heures sur Java , le trafic intense des bateaux à moteur, petits et grands devient pénible. Je décide d’aller passer la nuit ailleurs. Je lève l’ancre pour Alvor situé à 5 milles,  lagune avec au fond du chenal un village de pêcheurs. La mer redescend depuis 1 heure et l’étroit chenal de 1 mille de long environ, mal balisé,  n’est pas évident à discerner au travers des bancs de sable ( qui se meuvent d’une année sur l’autre) . Une bonne vingtaine de voiliers visiteurs sont sur ancre. Je vais au bout du bout pour rechercher un mouillage au calme et un gars sur son trimaran me propose de prendre la bouée du bateau d’un ami absent quelque temps ( sympa et commode). Les lumières du coucher du soleil sur cette lagune à demi-vidée de son eau sont superbes . Celles de quelques foyers d’incendies sur les collines d’en face un peu moins. 

Dimanche 4 septembre, Alvor. 

Comme chez nous,  lagune dit souvent beaucoup d’oiseaux . Ce matin, une ballade ornithologique m’a dégourdi les jambes: hérons cendrés, aigretttes garzettes, courlis corlieu, gravelots à collier interrompu, huitriers pie, moineaux domestiques, traquets pâtres, bécasseaux variables , chevaliers gambettes, barges à queue noire, mouettes rieuses, goélands ( cendrés et bruns?)… A 11 heures, la chaleur est déjà présente et je parcours vite fait les rues du village en fait très, très, touristique avec des dizaines de bars et restaurants … 
16 heures, il fait très chaud, 35° degrés environ  ( 32 dans la cabine ) avec une toute petite brise bien agréable sous le grand taud du cockpit. Je pense être arrivé en Algarve au bon moment, après les grosses chaleurs estivales et le flot de touristes. Personnellement, je n’y viendrais pas en plein été. La Galice est touristique aussi mais reste vivable, authentique, véritable. Ici, en pleine saison, j’ai l’impression que la ligne rouge doit être franchie dans beaucoup d’endroits mais peut-être reste t-il encore des coins peinards? 

Mercredi 7 septembre, Faro.

Lundi, j’ai passé  une journée à la vaste marina bien tenue mais chère ( 36 euros la journée) de Lagos pour lavage et remplissage de Java. La vielle ville est jolie mais très, très touristique et était bondée. En soirée, les rues piétonnes,  les terrasses des nombreux bars et restaurants étaient pleines à craquer … un lundi … en dehors de la période des vacances scolaires … Il faisait 40° ce jour, sans vent: chaud, chaud!
Hier, j’ai navigué de Lagos à Faro sur 35-40 milles … encore au moteur. La côte ouest de l’Algarve, jusqu’à Albufeira environ,  est très belle avec ses hautes falaises aux couleurs vives et bigarrées ( ocre, jaune, rouge, beige ….), irrégulières, aux multiples grottes de toutes tailles. 




                                               Falaises typiques de l'Algarve

Derrière les falaises, les collines sont souvent boisées en dehors des habitations et en deuxième rideau, s’étendent des petites chaines de basses montagnes ( 500 mètres environ) .  Ensuite, progressivement, les côtes très basses , les plages et les lagunes prennent le relais.
En fin de journée, je suis entré dans la lagune de Faro pour aller mouiller juste devant la ville près de l’îlot Margalha Franquia en compagnie d’une vingtaine d’autres bateaux ( dont la majorité étaient sur bouées),  de milliers d’oiseaux ( dont des cigognes) , et des avions atterrissant sur l’aérodrome international tout proche. L’entrée de la lagune demande une attention particulière: forts courants, tourbillons, engins de pêche notamment puis les chenaux sont balisés . 
Ce matin, après une nuit tranquille, j’ai pris un bon contact avec la belle ville historique de Faro, ses remparts, ses ruelles pavées, ses superbes vieilles bâtisses rénovées et à rénover, les nids de cigognes dans le clocher de l’église et bien d’autres édifices, ses terrasses adorables , son calme d’après-saison touristique …

Lundi 12 septembre.

Claudie m’a rejoint le vendredi 9 au matin  pour 3 semaines et je l’ai accueillie à Faro, avec ma petite annexe,  au ponton à essence du petit port de Doca de Recreia, accessible en passant sous le pont ferroviaire fixe , d’un tirant d’air de 1 mètre ( si, si un mètre)  à marée haute!





                                  Eaux paisibles pour l'accueil devant Faro

Après la visite de la ville et une réservation au chantier Nave Pegos pour mettre Java au sec cet hiver pendant 4 mois, nous avons quitté notre mouillage proche de la balise N° 22 pour nous diriger vers l’île de Culatra  où nous avons ancré près la « marina » pour les bateaux de pêche locaux de Ponta Cais , toute proche du village. 
Culatra est une île magnifique de singularité, de caractère, d’originalité . En y mettant les pieds, le monde change, les repères s’évanouissent ,  les yeux  voient l’improbable, le non-imaginable, le non-inventable … L’île très basse ( Sein serait presque montagneuse) n’est qu’une vaste dune de sable qui sépare la lagune de la mer et abrite environ 1000 habitants sur 2 villages ,  l’un près du  phare et l’original au milieu de l’île. Des petits chemins de sable rectilignes avec au milieu une bande bétonnée de 1 mètre de large  relient entre elles les maisons plus ou moins décalées, basses, coquettes et colorées toutes regroupées  prés du port, construites sur du sable. 




                                                     L’autoroute du village

Les habitants mettent beaucoup d’énergie pour assurer la survie de quelques arbres fruitiers, plantes et fleurs dans  leurs « jardins de sable ». Le pire ou le plus étonnant est qu’ils y réussissent sous forme miniature : pommiers, vignes, manguiers, citronniers, orangers, … diverses cactées, bougainvilliers, lauriers roses… Les façades sont souvent peintes et les entourages de fenêtre soulignés ou bien couvertes de mosaïques de toutes couleurs. Pas un seul immeuble ne perturbe cet agencement. 




                                                   Belle maison typique.

 Bien entendu, les voitures, cyclomoteurs … sont absents. Seuls quelques tracteurs plutôt discrets permettent de transporter quelques matériaux en roulant dans le sable. Je revis mon enfance avec les vieux tracteurs « Massey-Ferguson » 155, 165 … de plus de 40 ans, la plupart encore en fonction, usagers certes,  quelque peu rouillés …mais encore vaillants
Les commerces sont assez nombreux, sans marchands de souvenirs:  quelques épiceries, plus de bars et de restaurants, une pâtisserie artisanale comme vous n’avez jamais vue, une banque « crédit agricole » …
Le port et les rivages autour du village sont étonnants et cultivent un insolite surprenant dans un désordre indescriptible mais cependant structuré et fonctionnel… et actif. Ca pêche vraiment avec des petits bateaux , surtout avec des filets, me semble t-il. Un petit parfum africain se promène en ce lieu. De multiples petites cabanons de pêche s’alignent dans le sable près du port et le long du rivage. L’environnement est bordélique au possible, pas franchement propre mais pas franchement sale non plus. C’est particulier: bateaux cassés ou pourris, bateaux au repos sur le sable ou juchés sur des bers,  filets de pêche de toutes couleurs, de tous maillages, entassés sur le sable ou dans des gros containers en plastique, détritus de toutes sortes mais pas franchement de pourriture ou de mauvaises odeurs. Au contraire, cette île sent bon la mer, le sable, la bouffe, le temps qui s’effiloche… Mais P… quel B… De l’insolite à plein nez. J’adore.










                                                   Fouillis organisé.

Le soir venu, les capacités d’hébergement étant réduites, les habitants se retrouvent à nouveau entre eux. Le week-end était animé avec de nombreux « continentaux » portugais venus se détendre ou s’encanailler  ou retrouver leurs familles. S’y mêlent sans doute également quelques  touristes et quelques équipages de la cinquantaine de voiliers mouillés autour du port, avec une soirée festive au terrain de sport au son de la musique portugaise d’un orchestre. Tous les âges y étaient représentés, tard dans la nuit. 
Cette île, sortie de l’improbable,  présente une sérénité vivante allant des cris et courses des enfants,  aux démarches plus incertaines des vieillards  en passant par les activités de tous les âges … Claudie et moi nous y sentons bien et avons commencés à nous y balader sur les petits chemins bétonnés du bourg , dans le sable ou sur les grèves. L’approvisionnement est facile. Nous y trouvons de tout, même des crustacés et poissons frais. Seule l’eau, bien précieux sur l’île, semble difficile à obtenir mais nous irons faire le plein  juste en face à 2 miles, à la marina de Olhao.


Jeudi 15 septembre,

Hier, nous nous sommes rendus au cabo de Santa Maria à l’extrémité est de l’île de Culatra , à pied,  moitié sur la plage, moitié par  les chemins ensablés. Nous nous croyions presque dans un  désert de petits monticules de sable en partie couverts par des plantes dont il ne reste que feuilles,   tiges et fleurs grillées ( le lieu doit être magnifique à la floraison).  
Un village de maisons basses s’est construit  autour du phare. Les maisons et  centres de vacances plutôt discrets sont  propres, coquets,  fleuris, toujours sans véhicule à moteur, en bordure de grandes plages . La saison touristique était finie mais il en restait encore un petit peu l’odeur et les saveurs avec du rabattage près d’un restaurant ,  avec le jus d’orange pressé à 4 euros ou le mojito à 6 , deux fois plus cher qu’à Culatra à 4 kms de là ! ( à chacun ses repères). 
A Culatra, nous laissons l’annexe à l’intérieur du ponton extérieur ( endroit prévu pour les « visitantes »). Les petits bateaux de pêche y sont très nombreux et remplissent le port toujours très actif. Les vies des professionnels et des touristes ou visiteurs s’imbriquent sans heurt. Un pêcheur ne voulait même pas nous faire payer le poisson que nous lui avions demandé!!! Nous lui avons laissé 4 euros et il nous a donné un autre poisson! Malgré la barrière de la langue, les gens sont globalement accueillants et attentifs, veulent faire plaisir. Personnellement pendant ces trois jours, je n’ai jamais entendu d’élévation de voix ou d’engueulade ni  les enfant être grondés.



                                       Au milieu de l’île, en plein désert.


Cet après-midi, nous avons gagné le port d’Olhao à 2 ou 3 milles de Culatra. Le chenal qui y mène est plutôt étroit et tordu mais bien balisé. Les places pour les visiteurs sont comptées et sans commodités ( pas de douche, ni eau, ni électricité). Nous avons préféré mouiller en solitaire devant le marché couvert par 3.5 mètres d’eau.  Comme d’habitude, le vent  quasiment absent ce matin s’est levé brusquement vers les 13 heures et a soufflé à 15-20 noeuds jusqu’à 18 heures. Ce système des brises côtières est bien présent en été en Algarve avec un vent pouvant atteindre 25-30 noeuds: c’est on ou off, c’est trop ou pas assez! Pas facile ni pratique.


Vendredi 16 septembre, Ollhao,

Cinq heures du matin, tout va bien. Au mouillage, Java se balance mollement devant les bâtiments du marché couvert de Ollhao. Le ciel est clair et étoilé. La lune est pleine et descend à l’ouest.  Le vent est à peine perceptible. Dans un air à 20° environ, je ressens une petite humidité. Le reflux est engagé.  Les eaux plates, parfois ondulantes,  de la lagune  reflètent les lumières des quais encore déserts et caressent la côte avec un léger  flip-flop . Là-bas derrière, les lumières orangées de Culatra  sont toutes rassemblées et blotties entre elles. Les feux des diverses bouées latérales clignotent en rouge ou en vert. Le phare du cabo Santa Maria balancent ses 4 éclats toutes les 20 secondes. Quelques rares voitures passent le long des quais. Quelques goélands braillent. Quelques échassiers volent en criant.
J’écris tranquillement sur la table du cockpit, une tasse de café chaud à portée de la main. Le plan d’eau s’anime progressivement. Quelques bateaux de pêche de 12-20 mètres  d’où s’échappent quelques sons de voix, ronronnent ou pétaradent  en sortant du port, tous feux allumés et semblent glisser sur cette surface plane, sans ride. D’autres plus petits quittent la marina toute proche, certains à pleine vitesse, avec ou sans feux de navigation. Leurs vagues d’étrave viennent bousculer Java et la petite annexe accrochée à la poupe. Un cycliste longe le jardin public.  Dans ce silence relatif, chaque bruit est caractéristique et identifié. Peu à peu, comme dans un orchestre, les sons s’entremêlent et forment un tout. Toujours aussi lentement, le même cycliste passe et repasse. 
En fait, nous sommes mouillés à un endroit devenu interdit depuis fin août 2016! Java trône tout seul. C’était surprenant, trop bien. Hier, j’avais décidé de ne pas bouger. Personne n’est venu nous signaler cette interdiction que j’ai lue sur une petite note écrite en portugais  et affichée à plusieurs endroits du port. Rien n’est réellement prévu pour les plaisanciers visiteurs mais ce matin  je vais accoster  à la marina privé où il semble rester quelques rares places  sur le ponton extérieur.  
Peu à peu, la vie reprend son cours sur les quais, le marché couvert s’allume. Quelques camions de livraisons arrivent, des bruits de déplacements d’objets divers se multiplient. Un avion, au feux fixes blancs et  clignotants,  vert à droite  et rouge à gauche ,  s’apprête à atterrir sur Faro. La mer descend. Je devine un banc de sable qui se découvre. Quelques petits poissons paraissent jouer à la surface ou parfois même  sortent bruyamment de l’eau. 
J’assiste à la nouvelle journée qui commence,  à cette sortie de la nuit, à toute cette activité qui s’ébranle. Tout est encore paisible, ouaté , feutré mais plus pour longtemps.  Un petit vent de sud un peu frisquet se lève. Je m’en vais dans la chaleur de la cabine 

Hier soir, dans une ambiance intimiste, au calme  et à l’extérieur, le petit restaurant «  O Galo » situé près du marché couvert, au coin de ruelles pavées et piétonnières, nous a régalé avec un excellent  plat local  dénommé « cataplana  » mélange superbement épicé de fruits de mer, de poissons, de divers légumes ( cuits dans une cocotte en cuivre ),  accompagné d’un mélange de riz noir et de raisins secs: réellement succulent et original ( En réalité, la «  cataplana »  s’adapte à beaucoup de fantaisies…).
En arrivant,  nous avions déambulé dans les multiples et anarchiques ruelles piétonnes aux petits pavés  de la vieille ville.  Mon guide de navigation  âgé de 4 ans mentionnait un Olhao peu touristique. Et bien, l’évolution a dû être rapide. Les rénovations des maisons sont nombreuses, plutôt sobres et bien réalisées,  les commerces, restaurants et bars, pour touristes surtout, se touchent. Certains pays et régions  doivent bénéficier énormément des conséquences des différents évènements relatifs aux changements politiques des pays du sud et de l’est de la méditerranée. La chaude et belle Algarve  en fait partie et ça semble aller très vite. 

Sept heures et demi, le soleil se lève. Ses rayons envahissent la cabine encore fraiche et la lumière rasante embellit la nature avec  des tons rosés qui tapissent la surface ondoyante de l’eau . La mer est presque basse. La vie a repris son cours. Les bruits se combinent. Le marché est ouvert, les voitures roulent, j’entends parler, les bateaux passent . Les bancs de sable et de vase sont découverts. Les  oiseaux ,  limicoles notamment, petit-déjeunent. Les silhouettes des aigrettes,des hérons et quelques cigognes s’y détachent. Les pêcheurs à pied s’activent déjà. Seuls de nombreux goélands, toujours aussi fainéants, stationnent ici et là ou volent en gueulant. Et une nouvelle journée commence.  


L’Algarve est belle mais en voilier elle se mérite . Y arriver est relativement aisé mais en repartir en remontant les côtes ouest portugaise et galiciennes est plus délicat, dans un vent majoritairement contraire  et souvent assez fort. Il est donc plus facile de se diriger vers la méditerranée toute proche ou de poursuivre la route vers le sud ou sud ouest. 

Dimanche 18 septembre,

6h30 du matin, la lune n’est pas couchée et le soleil pas levé. Java est au mouillage dans la lagune à un bon kilomètre du port de Culatra à distance des bruits de la fiesta des pêcheurs de hier et de sa musique forte et tardive ( l’intensité du son augmente démesurément avec les heures qui passent). 

Nous avons passé deux journées  dans la magnifique ville de Olhao ( 45 000 habitants environ). Un vent nouveau souffle sur la  ville entière avec de multiples  rénovations réalisées  ( semblant de qualité) et  en cours ( à la vitesses grand V). La vieille ville avec ses nombreuses ruelles pavées et piétonnes est animée mais reposante à cette période.  Le front de mer avec ses deux gros marchés couverts, ses terrasses, son jardin public ombragé, sa longue promenade piétonne est très vivant. Malgré l’absence de plage toute proche, les étrangers et notamment des français achètent maisons et appartements en masse. En 2 ou 3 ans, les prix de l’immobilier ont flambé.
Hier midi, nous avons mangé au « Vai e Volta » sur une petite place juste à la limite de la vieille ville. La principe est original, simple, excellent et efficace. Le service d’une trentaine de couverts s’étend de 12 à 15 heures ( pas de service le soir),  sans réservation avec une formule unique: olives avec une petite sauce en amuse-gueule puis que des poissons frais grillés accompagnés d’une salade variée de tomates, de pommes de terre et de patates douces à l’eau, d’une mixture régionale à base de pain. Tout est excellent, servi à table avec gentillesse et sourires, et …. à volonté. Les serveurs passent et repassent avec leur plateau de poissons grillés tous chauds, vous en proposent et vous servent jusqu’à plus faim en s’étonnant que votre estomac ait un fond: le tout pour 10 euros plus les boissons à prix légers. La formule attire les foules. A 12 heures 01, le restaurant affiche complet et de nombreuses personnes  attendent tranquillement leur tour sur la place.  






                                                  Belles rues d'Olhao

En fait, Java n’a pas bougé de son mouillage devant le marché couvert. Hier, en fin d’après-midi, nous avons rejoint Culatra,  déambulé une nouvelle fois avec plaisir dans les ruelles ensablées. La fiesta des pêcheurs, commencée en début d’après-midi avait été bien arrosée et les Portugais parlaient plus forts que d’habitude. 

Aujourd’hui, cap sur la lagune de Tavira.   

Mardi 20 septembre,

Nous sommes arrivés dans la rivière de Tavira en fin de marée montante samedi vers 16 heures après une navigation à spectacle , 1/3 à la voile et  2/3 au moteur, sous le soleil et sur une mer d’huile. Un maquereau a mordu à la ligne de traine et passera à la marinade. Un gros poisson lune ( je pense, d’ environ 1.20 mètre de long) est venu se frotter à Java et à l’annexe. Nous le croyions mort ou malade mais il est ensuite reparti vers les fonds tranquillement en nageant! Quelques gros dauphins sont passés à 100 mètres en soufflant. Plus tard, dans un autre groupe, quelques dauphins ( quelle espèce? ) bondissaient hors de l’eau à des mètres de hauteur puis replongeaient brutalement. 




                                      Poisson-lune ( Bébert, confirmes-tu?).

Il n’existe qu’une toute petite marina privé pour petites embarcations dans la rivière où il est devenu difficile de mouiller sans gêner. Apparemment ici, chacun fait ce qu’il veut et aucune autorisation n’est nécessaire pour installer des corps morts  ( inutilisés ou utilisés très temporairement ) qui occupent toute une zone qui était accessible au  mouillage pour les bateaux visiteurs. J’ai donc mouillé un peu à l’intérieur du chenal qui part de Quatro Aguas vers l’ouest en direction de Santa Luzia, derrière un RM 10.50. Seuls 4 ou 5 voiliers visiteurs étaient présents.  
Ensuite, il est possible de laisser son annexe sur la cale près de l’ancien abri du canot de sauvetage ou au petit ponton du Clube Nautico ou éventuellement en ville à marée haute. Rien n’est franchement prévu pour accueillir les plaisanciers visiteurs ( idem pour  Santa Luzia) et aucun souhait n’est ressenti.
Malgré un abord touristique réel ( avec malheureusement le classique rabattage  que je hais, notamment devant les restaurants) , Tavira reste une belle ville avec les ruines paysagées de  son ancien château-fort, ses vieux quartiers,  ses ruelles pavées bordées de maisons typiques aux façades souvent faïencées, aux balcons en fer forgé, ses escaliers, ses espaces paysagers, ses anciens ponts surplombant la rivière ( presqu’à sec à marée basse), les rives actives ( activités pêche, passager  et tourisme).
Les marais salants sont toujours exploités, de façon industrielle et mécanisée pour le sel non culinaire ( salage des routes …) et de manière manuelle et artisanale pour le sel alimentaire. Dans cet environnement de lagunes, les oiseaux prolifèrent et le spectacle est permanent: barges à queue noire, huitriers pie,   bécasseaux variables, tourne-pierres, spatules, échasses blanches, avocettes, flamands roses, cigognes blanches ……..





                                               Du sel en veux-tu, en voilà!

Hier soir, nous avons  remontés la rivière en annexe sur 3 kms environ jusqu’à Santa Luzia  ( l’aller à la rame avec un  courant  favorable de 2 bons noeuds). Il est facile de laisser l’annexe sur le sable au fond du port de pêche sans gêner. Le front de mer est agréable et assez vivant. La vieille ville, sans relief, offre un habitat typique où les rénovations et ventes de maisons vont bon train. Mais l’ambiance y est plutôt triste avec visiblement un immobilier acheté par des étrangers qui ne vivent ici que quelques semaines ou mois par an. L’authenticité s’en va.  


Jeudi 22 septembre, Gueirreiros Do Rio,

Aujourd’hui, l’automne impose sa marque sur le calendrier. Nous sommes au mouillage devant le village de Gueirreiros Do Rio sur le fleuve Guadiana à 15 milles environ de son embouchure. Au lever, l’air est frais et le vent du nord modéré accentue cette sensation de fraicheur. 
Hier après des emplettes au mercado municipal  et une dernière ballade le long des marais salants toujours autant garnis d’oiseaux, nous avons quitté la rivière de Tavira à marée basse pour le fleuve Guadiana qui sépare, sur ses premiers 25 milles, le Portugal de l’Espagne. Pour une fois, nous avons navigué à la voile ( et non au moteur)  par beau temps, mer belle et vent de sud de 10 noeuds.  Les plages monopolisent une  côte agréable à l’oeil sur fond de petites montagnes. En dehors des hauts immeubles hideux de Monte Gordo à 2 milles à l’ouest de l’entrée du fleuve, l’habitat est globalement discret. Mieux vaut attendre la mi-marée montante pour  s’engager dans l’estuaire où l’entrée bien balisée est étroite et peu profonde, et délicate à la moindre houle. 
Le fleuve s’écoule sur sur 830 kilomètres mais navigable uniquement sur 25 milles ( largeur minimale 100 mètres) jusqu’à Pomarao ( sur 35 milles avant, jusqu’à Mertola: des bancs de sable  et des rochers barrent le cours d’eau). Sur le Guadiana, le traffic fluvial a été important pendant  plus de deux millénaires en étant sur la route commerciale de la Méditerranée  et de l’Atlantique: commerce  d’or, d’argent, de cuivre, de blé, de cuir, d’huile, de miel, de sel, de poissons, de café, de tabac … La contrebande y était bien installée jusqu’à récemment. Des villas et vestiges romains y ont été découverts.
 La remontée du fleuve à la voile et vent arrière avec deux noeuds de courant favorable est tranquille. Après le pont suspendu au nord d’Ayamote, l’habitat est épars. Beaucoup de maisons, de petits corps de ferme sont abandonnés ou à vendre, tant du côté espagnol que portugais. Quelques rares et belles propriétés sortent du lot. De chaque côté du large chenal bien balisé ( avec feux allumés la nuit), les mouillages possibles sont innombrables le long des rives bordées de collines, de vergers, de roseraies.

Vendredi 23 septembre,

Hier, dans la soirée, nous sommes remontés de Guerreiros à Pomarao, prudemment après Alcoutim, dans un chenal plus étroit et non balisé. Sur ces 12-15 milles , nous avons croisés une petite cinquantaine de voiliers mouillés de ci de là , la plupart inoccupés. Les collines ont un aspect méditerranéen avec les vergers de figuiers de barbarie, de figuiers, d’oliviers, d’agrumes divers, de vignes…Nous y avons vu des pies bleues et des poissons « sauteurs ». Pour éviter la zone de l’ancienne jetée de chargement de minerais, aux fonds malsains,  nous avons mouillé en assurant avec un orin ( que j’utilise exceptionnellement) à 500 mètres après Pomarao,  par 3 mètres d’eau ( Java était le seul voilier au mouillage) . 






                         Pomarao aux derniers rayons du soleil couchant.

Le bar-restaurant  Café Do Pais tout près des deux pontons nous a ensuite  accueilli chaleureusement pour un apéritif bien mérité, à l’abri du vent sur la terrasse qui domine le fleuve. Nous avons le lendemain bien mangé, pour pas cher,  dans le deuxième café-restaurant du village  « Chez Maria » près du pont et du barrage. Maria est seule aux commandes de son petit établissement et s’occupe de tout.  
Pomarao, environ 40 habitants à l’année, est un superbe petit village  à flanc de coteaux. Les coquettes petites maisons plein pied sont alignées en rang d’oignons sur quelques rangées, orientées plein sud. Malheureusement, c’est un village en difficultés, sans potentiel d’emploi, de plus en plus délaissé, avec des maisons occupées à la belle saison ou à vendre ou à l’abandon.

Dimanche 25 septembre,

Java est amarré au ponton aval d’Alcoutim sur le Guadiana.  Le petit bourg de 900 habitants est mignon, avec ses ruelles pavées, son vieux château aménagé, son petit port humainement vivant (  La Belle de Cadiz , bateau de croisière de 150 mètres avec seulement deux ponts ,s’y est amarrée ce matin. Cet après-midi, ce fut le tour d’un autre petit et antique  bateau de croisière fluviale  «  le Péninsular ». Tout le petit monde monte à la ville pour une heure ou deux. De l’autre côté du fleuve, côté espagnol, le Château de « San Marcos », récemment rénové et tout blanc crème,   domine la ville de Sanlucar et les environs. Nous l’avons visité ce matin.
Alcoutim a sa plage fluviale agréablement aménagée ( parasols, douches, toilettes, bar, restaurant) sur une petite rivière qui débouche sur le Guadiana:  baignade dans une eau plutôt propre à 22 degrés environ.  A distance de la côte et de la saison touristique, le séjour est reposant, tranquille sous un ciel lumineux avec 30 degrés dehors et autant dans le carré. 




                          Derrière mon chapeau, Sanlucar , l'Espagne 
                    et de l’autre côté du Guadiana, Alcoutim, le Portugal.


Mardi 27 septembre, 

Hier, nous avons visité Vila Real de Santo Antonio à l’embouchure portugaise du Guadiana. En 1755, la ville avait été détruite par un violent tremblement de terre et un raz de marée qui touchèrent l’Algarve ainsi que Lisbonne. Elle fut reconstruite au  XVIII ème siècle  comme un damier avec des rues toutes rectilignes qui se coupent à angle droit. L’ensemble est harmonieux mais n’a plus le charme des vielles ruelles tortueuses comme visibles dans beaucoup de vieilles villes du Portugal.  




                                               Coucher de soleil sur Vila Real

Au ponton d’Alcoutim, nous nous réveillons chaque matin avec les bêlements des moutons et le cancanement  des canards, voire le frou frou de l’eau sur la coque . La vie est paisible mais aujourd’hui, tout comme hier, il fait très chaud , plus de 35° dehors  à 16 heures et 34° dans le carré!!! Pour des bretons, l’heure n’est pas à la ballade pédestre mais plus à la petite bière bien fraiche.  Alcoutim nous a beaucoup plu.

Samedi 1er octobre, Vila Réal.

Ces derniers jours ont passé bien vite. Mercredi, nous avons redescendu le fleuve Guadiana jusqu’à la marina d’Ayamonte. Nous avons visité ce port de pêche et  ville touristique andalouse avec plaisir. 
Le lendemain nous avons gagné la marina de Vila Real où Java restera 3 nuitées.
Hier, nous avons pris le train pour Faro. Seul le front de mer est touristique. Rapidement, l’intérieur est avant tout agricole avec de nombreux vergers d’agrumes notamment et d’élevage extensif.

Ce matin, Claudie est repartie pour la Bretagne. 






                                       
                                     Java au mouillage toujours aussi docile