Mardi 3 mai 2022 Alvor.
Encore un hiver de passé, en Bretagne, aux abris, avec cette cochonnerie de covid 19 qui nous emmerde. La situation sanitaire s’améliore très et trop tranquillement. Depuis 2 ans beaucoup de projets de navigations ont certainement été bloqués, différés, modifiés voire annulés. Ainsi, avec le poids des années du capitaine, pour l’instant mon projet de croisière en Norvège est mis de côté …
Avec les années qui s’effilochent, les premières fois diminuent en fréquence même s’il faut continuer à les provoquer . Plus sournoisement, les dernières fois s’accumulent vicieusement . La conscience d’une première fois est relativement évidente et facile. Celle d’une dernière fois est souvent aléatoire puisque seule la mort, sa propre mort le confirmera ... Et on comprend mieux « vivre le présent comme si c’était la dernière fois « , sans amertume avec seulement le plaisir du moment présent.
Mon projet de cette année était de rentrer en Méditerranée et d’y naviguer pendant au moins un an. J’avais acheté des bouquins de navigation. Cet hiver, j’ai tenté de me projeter dans des pays, dans des régions, dans des mouillages . Ce n’était pas la première fois. Mais décidément, il m’est impossible de pénétrer dans la Grande Bleue. Pas moyen… Je ne réussis pas à le vouloir vraiment. Je ne veux pas et je ne peux pas ou peut-être l’inverse. Projet définitivement rejeté, na!
Je suis de retour en Algarve depuis le vendredi 22 avril et Claudie est venue me rejoindre le mardi 26 avril.
L’hivernage de Java s’est bien passé au chantier Nave Pegos à Faro ainsi que la remise à l’eau: personnel professionnel et compétent.
J’ai remonté le chenal non balisé jusqu’à Praia ( ou Ilha) de Faro sans me taper un banc de sable. Et Claudie m’a rejoint à ce mouillage presque confidentiel pour les voiliers de voyage et plutôt tranquille ( juste quelques bruits d’avion de l’aéroport tout proche et ceux des quelques petits bateaux à moteur et des nuisances de leurs lames d'étrave). Nous y sommes restés 3 jours et avons visité le village « bidonville » des pêcheurs toujours aussi décalé, à l’ouest de l’île. Nous avons surtout effectué une bonne ballade de 17 kms à pied le long de la lagune vers Vilamoura. La première partie est très intéressante au niveau nature et ornithologique. Nous avons notamment vu de nombreuses tortues avec leurs petits, des bruants mélanocéphales en plumage nuptial s’ébattant autour de leurs nids verdâtres plus ou moins cachés dans les roseaux, une poule sultane toute belle, croquant des roseaux en les tenant avec une patte, deux blongios nains au vol, de nombreuses spatules, des flamants roses …
Belles falaises en approchant de Portimao.
Ca y est, c'est reparti...
Ferragudo.
Ferragudo: petites ruelles avec de superbes bougainvilliers
Ce matin, nous avons quitté Portimao pour Alvor où j’ai dégoté une place de mouillage tout près du village de pêcheurs devenu très touristique, très "anglo-saxon" mais encore supportable en cette saison. J’ai remonté le chenal prudemment à marée basse, entre les bancs de sable : pas évident mais ça l’a fait. Les randonnées sont intéressantes tant au bord des plages que le long des lagunes que dans la campagne adjacente ornithologiquement riches. Ainsi nous avons pu observer quelques magnifiques guêpiers aux multiples couleurs éclatantes, souvent posés sur les fils électriques et au vol tellement caractéristique. Une chouette chevêche discrètement immobile sur un arbuste nous a nargué en plein jour. Les vasières et bancs de sable qui découvrent sont très riches en divers coquillages et notamment en pieds de couteaux: que de belles récoltes.
Les orchis sont en fleurs.
Jusqu’à présent la météo a été correcte avec quelques gouttes de pluie et des températures un peu fraiches le matin ( 11 à 14°) mais agréables la journée ( de 17 à 25°). Nous sommes bien loin de la haute saison. A l’entrée de Portimao, une douzaine de voiliers se tenaient au mouillage ( contre une bonne cinquantaine l’été). Par contre à Alvor, les voiliers étaient assez nombreux ! presque comme l’été mais les places sont moins nombreuses et surtout c’est devenu un lieu d’hivernage sur bouées pour de nombreux bateaux étrangers.
Nous retrouvons toujours avec beaucoup de plaisir le Portugal et l’Algarve avec ses nombreuses rues pavées, sa cuisine intéressante , la gentillesse des habitants et un climat privilégié.
Mercredi 18 mai 2022
Retour à Praia de Faro.
Après Alvor, nous nous sommes rendus à la marina de Lagos pour une semaine.
L’entrée de la rivière entre les deux jetées s’est beaucoup ensablée jusqu’à rendre problématique l’accès des ports à marée basse. Un désensablage était en cours.
En cette saison, la ville n’est pas submergée par le tourisme surtout anglais et allemand qui submerge la vielle ville pendant l'été.
Nous avons randonné vers la lagune d’Alvor et surtout vers la magnifique Ponta De Piedade aux belles falaise ocres, friables, aux multiples grottes, dominant de magnifiques plages sujettes aux éboulis ...
Vers la Ponta de Piedade.
Nous avons pris un bus jusqu’au Cabo Sao Vicente puis longé la côte à pied jusqu’à Sagres: belle randonnée intéressante avec des hautes falaises grises, imposantes du haut desquelles des pêcheurs à la ligne, tout proches du vide, remontent parfois un poisson sur des dizaines de mètres de hauteur. Le bus permet souvent de rentrer un peu dans les terres, de traverser campagne et villages un peu à l’écart de la côte. Les campagnes souffrent: beaucoup de corps de ferme et d’habitations isolées sont délaissées et désertées … Les bourgs semblent moins en difficulté puisqu’ils doivent abriter des travailleurs pour touristes.
Le faro au Cabo Sao Vicente.
Vers le Cabo Sao Vicente.
Ca pêche de haut.
Après la randonnée, repos au puerto de Sagres
J’ai dû changer (Le voltage était bon mais la capacité devenait bien trop faible) la grosse batterie de service de 220 ampères ( victron au gel) de Java, après 9 ans de bons et loyaux services. J’ai opté pour une batterie Mastervolt AGM de 225 ampères ( 755 euros quand même!). Bon, si elle tient aussi 9 ans, ça ira.
Ensuite nous sommes retournés mouiller devant Ferragudo puis à l’entrée du port de Portimao dans la large zone de mouillage, peinards.
Nous avons pris le train pour nous rendre à Silves et visiter cette ancienne capitale Maure d’Algave. Ce fût une bonne surprise avec une ville fortifiée restée dans son jus avec de nombreuses rues pavées, un imposant château fort, une belle cathédrale plutôt modeste, des prix plus sympathiques qu’à la côte. Très bon restaurant à midi au mercado municipal au «churrasqueira »: copieux, pas cher, accueillant mais attente possible. Vraiment une belle journée.
En arrivant sur Silves.
Comment planquer les boites à compteurs; très fréquent au Portugal.
On trouve de tout en Algarve, m^me une 404 Peugeot pick up.
Ferragudo de nuit sur Java.
Puis, moitié sous voiles, moitié au moteur, nous avons quitté Portimao et longé de près toute la côte jusqu’à la marina d’Albufeira. Les falaises ocres sont magnifiques, hautes avec de grandes et parfois profondes grottes et voûtes visitées avec de nombreux bateaux de touristes. Les plages nichées tout en bas sont parmi les plus belles du Portugal.
Bâtiments le long de la marina de Vilamoura avec caravanes nautiques en premier plan.
La marina d’Albufeira est bordée par des bâtiments originaux aux multiples couleurs ( beaux, pas beaux, je ne sais pas). Juste en face sur la colline vers la vieille ville , un énorme complexe de quelques centaines de logements est resté inachevé et pollue visuellement ( une horreur) . Albufeira est une très belle ville aux multiples ruelles zigzagantes sur les collines, dénommée, le « Saint Trop » de l’Algarve par le guide du routard: C’est sans doute vrai par la densité touristique mais moins par la nature de ces touristes qui ici ne sont surtout que des jeunes Anglais et Allemands venus s’encanailler dans un florilège de bars et de boites à striptease . Il s’en dégage une ambiance particulière assez malsaine et envahissante qui nous repousse.
Vilamoura: belle ville sur les collines dominant la mer et les plages...
Néanmoins, nous avons réalisé une très belle randonnée d’une bonne douzaine de kilomètres à l’ouest de la ville le long d’une zone arborée limitée par des falaises et des plages offrant un beau spectacle.
Après deux nuits tranquilles à la marina, moitié sous voiles, moitié sous moteur, nous sommes partis vers l’est pour retrouver la Ria Formosa puis plus précisément Praia de Faro, encore . Cette fois ci, nous avons randonné au coucher du soleil et à la nuit tombante vers l’est en empruntant , les passerelles en bois qui longent les quelques petites maisons bien pauvres et modestes qui attendent sans illusion leur ensablement inexorable. Les lumières étaient magnifiques, le bruit des vagues envoûtant, le paysage grandiose avec les rouleaux attaquant la plage sur des kilomètres et quelques silhouettes de surfeurs encore sur l’océan ou rejoignant leurs abris dans la pénombre, ou celles de pêcheurs à la ligne distinguées au dernier moment. Je ne profite pas suffisamment de ces soirées au soleil couchant ou à peine couché où se télescopent vie diurne et nocturne, et où se met en mouvement toute l’intense activité nocturne animale insoupçonnée.
Belle fin de journée à Praia de faro, tout au bout ...
Vendredi 20 mai 2022
Claudie est rentrée en Bretagne hier. Java doit être mis au sec aujourd’hui vers les 16 heures. J’ai quitté Praia de Faro ce matin et suis venu mouillé en attente pas très loin de la bouée n° 23 où un gars du chantier viendra me chercher pour remonter un chenal étroit , peu profond et non balisé. Mais ça piole, 25 noeuds ! Pas terrible pour les manoeuvres.
Dimanche 22 mai 2022,
Ca y est, Java est à sec et a retrouvé sa même place, juste à quelques mètres devant la lagune. La sortie de l’eau s’est très bien passée, comme d’habitude, rapidement et sûrement. Mardi, je rentre également « au pays » pour un mois.
J’aime bien l’Algarve surtout en cette saison verdoyante et encore calme. J’aime bien ce côté un peu nonchalant des Portugais, cette vie surtout extérieure … J’aurais aimé visité plus l’intérieur des terres , les villages isolés … mais on ne peut pas tout faire.
Je reviendrai dans un mois pour remonter Java en Bretagne avec comme ambition de remonter rapidement ( pas toujours évident avec des vents souvent contraires) jusqu’en Galice où j’espère trainer un peu , avant de caboter tout le long de la côte nord espagnole jusqu’à Saint Jean de Luz puis de remonter la côte atlantique.
Claudie et Gildas vous saluent bien .