lundi 30 décembre 2024

Une page s'est tournée

Au printemps 2020, le covid 29 a dégommé mon départ vers la Norvège. J’avais bien préparé ma navigation, à ma manière,   avec suffisamment d’imprécisions pour conserver un minimum de surprises et de réelles découvertes.  Départ prévu fin mars, début avril. J’avais envie, j’avais la volonté et les moyens avec Java. J’avais hâte.

Et même si depuis, j'ai encore navigué, cet abandon de projet a cassé une habitude, une dynamique, une nécessité qui m’habitaient depuis longtemps. Et je n’ai jamais réellement retrouvé l’enthousiasme , l’excitation qui m’obligeaient à naviguer. 


Depuis L’automne 2023, je commençais à me poser des questions, à me demander si je désirais encore vraiment vagabonder sur la mer, sur cette mer dont l’anarchie finissait par me déconcerter. J’avais pourtant bien optimiser la vie sur Java tant au niveau de la navigation que de la vie à bord. Mais l’agacement remplaçait progressivement le plaisir: marre de me faire balloter, marre d’entendre le gréement et les voiles claquer,  marre des mouillages rouleurs, marre de tout ce qui fait le quotidien du marin. J’aimais toujours ces petits coins cachés derrière une pointe ou au fond d’un estuaire mais je trouvais déplaisant la route  cabossée qui m’y emmenait. Crise passagère ou tendance de fond? Age du capitaine? 


Alors que faire? Garder Java ou pas? J’avais des projets de navigation vers l’Irlande, l’Ecosse parfois la Norvège …Le mental, le psychique, les réflexes  étaient toujours là, mais le physique commençait à tirer la langue: plus la même force physique , plus la même énergie, plus la même envie, plus la même vitalité, plus le même pouvoir de récupération …Vision du verre à moitié vide? Crise passagère ou tendance de fond? 


Vendre Java ok, mais après? Acheter un voilier plus petit, un bateau à moteur, … Tout cela n’allait pas changer le sale caractère océanique.  Ou alors un fourgon aménagé!? 


Et j’ai donc vendu Java, mis en vente sur le bon coin le 19 août à 10 heures et vendu  le même jour à 17 heures ! Je l’avais acheté  en novembre 2010 sur un coup de coeur, vite fait , bien fait. En moins de 10 minutes, ma décision avait été prise. Je ne m’étais pas trompé. Nous nous sommes toujours très bien compris et entendus dans le respect mutuel. 


J'ai accompagné le nouveau capitaine  de Port La Forêt au port d'Audierne, sur une bonne quarantaine de miles,  pour assurer une prise en main plus facile et plus rapide. 


Aujourd’hui 30 décembre, je suis heureux d’avoir passé la main, d’avoir vendu Java à un marin qui  en prendra soin.  Bonnes navigations à eux. 





    Début septembre: dernière navigation vers les Glénan , ici à l'échouage devant l'île du Loch avec Fort Cigogne en arrière plan.



mardi 8 octobre 2024

Bretagne Sud


Fin juin 2024,


Après quelques jours d'escales à Paimpol, tout en descendant Java vers la pointe du Finistère, je scrutais la météo pour trouver un petit créneau sympa pour monter sur les scilly.  Une obsession mais rien de bien en vue. Pas évident cette année. 


Sur une marée, je suis descendu de Paimpol à mon petit mouillage derrière Roc’h Mignon, au sud de Trébeurden … lamentablement au moteur. Le lendemain, Trébeurden - île de batz à la voile avec mouillage-échouage à Porz An Ilis ( pas évident, attention aux rochers ). Puis le lendemain encore à la voile,  sur une marée,  île de Batz- Aber Benoît et mouillage d’attente ( ne mérite pas plus , ouvert au large à marée haute) au sud-est de l’île Guénioc. Et je lève l’ancre en soirée pour la descente du chenal du Four effectuée à la voile sous un vent  de nord modéré. Je passe la pointe St Mathieu à la nuit tombante et 2 heures plus tard je m’engage dans le goulet de Brest avant de gagner un mouillage à l’extérieur du port du Tinduff. J’y laisse Java pour attendre toujours mon créneau pour les Scilly mais il ne viendra pas …


Quelques jours plus tard, je reviens chercher Java. Je m’arrête à la marina de Camaret pour m’abriter d’un bon coup de vent. Le lendemain je repars sur la baie de La Forêt Fouesnant par un vent assez fort de nord-Ouest jusqu'à la pointe de Penmarc’h. J’ai passé le Raz de Sein tranquillement à marée haute puis dévalé la baie d’Audierne.  Passé le phare D’eckmühl, à la tombée de la nuit, le vent s’est essoufflé progressivement et j’ai terminé au moteur avant de mouiller aux abris devant Beg-Meil, vers 2 heures du matin. 


Mardi 9 juillet, 


Vers 16 h, Nous avons quitté la marina de Port Laf par un vent de Sud-Ouest faiblard. La pluie s’est invitée par surprise et ne nous  a plus quittés pour le restant de la journée. Passé la pointe Trévignon, le vent s’est encore essoufflé et nous avons terminé au moteur en remontant l’Aven jusqu’à Roz Bras où nous avons pris une bouée visiteur. Le café du coin était fermé, les quais étaient déserts … Nous avons écouté  la radio : la France a perdu logiquement en 1/2 finale de la coupe d’Europe devant l’Espagne. En réalité, je m’en fous complètement. 


Le lendemain, nous sommes repartis à la marée haute vers les 8h30 pour Groix ou Belle-île … Le vent de Sud assez faible ne nous a pas quitté et nous a permis de gagner Sauzon à la voile, à petite vitesse, juste en fin de marée montante. Sauzon restera toujours cette petite merveille colorée, un abri  au calme. Nous sommes remontés au fond du port pour échouer, sur notre ancre. Que c’est beau. Que c’est calme. Même à terre, c’est calme malgré la saison touristique entamée.




              Sauzon , toujours un charme fou, avec Java sur la droite , trempant ses  deux quilles.


Nous y sommes restés 4 jours sans nous lasser de la beauté du site.

Nous avons randonné de Le  Palais à Sauzon en empruntant le sentier côtier bien agréable mais bien accidenté,  passant des hauts de falaise jusqu’aux plages sur des pentes souvent bien raides.  Mais la récompense est constamment au bout des yeux: beauté de la mer qui moutonne, des oiseaux qui volent  ou qui surveillent leur progéniture sur les rochers isolés…

Ce n’est pas encore la grande foule! 



                                                        Côte Nord  à Belle île .



Dimanche 14  juillet,


Par beau temps, nous sommes partis vers l’île de Houat sur une mer sans vent pour une quinzaine de miles au moteur.

Nous avons mouillé sur la côte nord derrière la pointe de Beg Run Er Vilin en compagnie d’une dizaine de bateaux à moteur et voiliers. 




                                                        Notre mouillage.


Nous avons débarqué sur la petite plage au fond de l’abri et sommes partis pour une randonnée vers le port et le village de Saint Gildas puis le long des sentiers autour de l’île. Le petit bourg coquet rassemble quasiment toutes les maisons de l’île qui abrite environ 200 habitants. A l’est, les grandes plages devant lesquelles s’agglomèrent de nombreux voiliers. 



                                                                Port Saint Gildas.


A l’ouest, de nombreuses criques de sable blond entrecoupent les basses falaises. Le plateau de l’île n’est que friches, herbes sauvages ou végétation dunaire. La ballade est sympathique , reposante par rapport à Belle-île. Selon le vent, devant chaque crique s’ouvre une possibilité de mouillage souvent tranquille. 

Le soir, vers les 17 heures, je vais mettre mon casier en place  avec une tête de maquereau comme appât. Je retourne le relever vers 21 heures mais le squatteur ne correspond pas à mes désirs.



                                    Un congre de 7-8 kgs . Un plaisir pour le sortir!


La nuit a été pluvieuse.


Lundi matin, nous quittons Houat pour l’estuaire de la Vilaine pour 25 miles de navigation jusqu’au barrage d’Arzal, à la voile par un vent de sud-est d’une douzaine de noeuds puis par vent d’ouest de 20 bons noeuds. L’entrée de l’estuaire est vraiment très peu profond et même à marée presque haute ( coefficient marée de 37), je me retrouve parfois avec seulement 2-3 mètres d’eau sous les quilles !!! On y entre donc pas n’importe quand et encore moins par vent fort d’Ouest. Le barrage d’Arzal a grandement favorisé l’envasement. Toujours à la voile, sous grand-voile seule, nous remontons en zigzaguant jusqu’à l’écluse que nous passons à 16 heures. Au moteur puis à la voile, nous continuons à remonter le fleuve, passons sous les ponts de la Roche Bernard, puis mouillons sur ancre juste avant le port de Folleux. Nuit peinarde .  



Le mardi 16 juillet, 


Nous repartons voiles et moteur en alternance. Nous arrivons au pont ouvrant du Cran ( tirant d’air 5.80 mètres) que je ne connaissais pas. Il s’ouvre environ 6-8 fois par jour. 

Peu à peu le fleuve se rétrécit mais conserve toujours une bonne profondeur. 

La remontée est agréable. La campagne est belle, bien verte. Nous  avons observé de nombreux milans noirs après Folleux puis un couple de Cigogne et même un groupe de cigognes qui tournaient haut dans le ciel. En haut d’un poteau électrique de haute tension, un nid de cigogne y trônait. 

De çi de là, de belles bâtisses et châteaux émergent des bois. L’ambiance bucolique s’interrompt parfois par de trop nombreux bateaux à l’état d’épave, collés au rivage, plus ou moins coulés.

Nous arrivons à l’entrée de Redon. A droite la Vilaine continue et à gauche, un canal mène au port.  Brutalement, la profondeur diminue et je me retrouve qu’avec 30 ou 40 cm sous les quilles! J’en suis surpris mais bon, Java passe et nous nous amarrons au ponton visiteurs juste en aval de l’écluse qui mène au joli port bassin, un peu pollué par les vieux bâtiments de l’entreprise Garnier (sur 2 ha, entreprise de matériels agricoles, active pendant 130 ans,  fermée en 1980 mais qui a employé plus de 700 ouvriers ). Un prochaine déconstruction-réhabilitation est prévue et actée. L’endroit y est magnifique. 



Cloître Saint Sauveur.



Les pontons visiteurs et les bâtiments d’accueils sont récents. Les services et la propreté sont  exemplaires . Nous y resterons 4 journées. Nous profiterons des vélos électriques loués à prix d’amis par le capitainerie pour nous balader une journée le long de la Vilaine en Amont ( nous avons observé une grande aigrette) puis un autre jour vers l’aval le long du canal de Nantes à Brest en longeant le magnifique site de « l’île aux pies ».



                                       Les canaux: un peu monotone quand même.



                                    Malgré la beauté de certaines écluse très coquettes.


Nous irons en bus jusqu’à la charmante petite ville de La Gacilly et sa splendide exposition photographique annuelle , en extérieur , à travers le village. Nous visiterons également le très intéressant jardin botanique de Yves Rocher. 






                                                        Belle ville de La Gacilly.



                                                Toujours La Gacilly, propre et fleurie.



            Magnifique exposition de photographies à travers toute la ville,  comme ici sur les murs .



         Ou comme ici dans la nature, des dizaines et des dizaines de photographies grand format.


Notre séjour sous un beau temps chaud a été un plaisir en découvrant la belle ville pleine d’histoire de Redon et ses alentours, tout en profitant des spectacles gratuits de musique et de danses juste devant les pontons. 


Le vendredi 19 juillet, vers 16 heures, nous avons quitté Redon , redescendu le fleuve , repassé le pont du Cran , puis devant Folleux avant de mouiller sur ancre, peinard , en bordure du fleuve bien élargi, à la hauteur de Marzan. Pas une maison de visible, que du vert, que des bois. Un voilier mouillé au-dessus à 400 mètres, un autre en dessous à 300 et … c’est tout. 


Le samedi 20, nous prenons une place au ponton de La Roche Bernard puis déambulons dans les belles ruelles de la ville où exposent de nombreux artistes et artisans. 




                                                            Place au centre de la ville .


La marina louait des vélos électriques à des prix sympathiques et nous en avons profité pour nous balader vers Penestin en passant par Ferel, Camoël ... en empruntant les petits chemins le long de la côte ou au retour les petites routes dans la campagne. 




                                                               Le vieux port. 


Le mardi 23 juillet, 


Nous avons de nouveau emprunté l'écluse d'Arzal pour sortir de la vilaine avec toujours la même employée exécrable qui organisait le passage, le genre de personnage nauséabond, irrespectueux, odieux, à la compétence douteuse mais se croyant tout permis. Il lui manquait juste la baguette remplacée ici par une gaffe. 


Nous avons descendu la Vilaine jusqu'à l'estuaire , au moteur , vent dans le nez. 


En fin d'après midi, à marée haute, nous sommes entrés dans le port-mouillage de Pénerf où nous avons mouillé sur ancre juste au-delà des pontons récemment installés, sur un fond de vase où nous resterons à flot, au calme pendant la nuit: bon abri à marée basse mais pas évident à marée haute par des vents forts  de secteurs sud. 



                                                                Mouillage à Pénerf.


Le lendemain , nous sommes repartis pour l'ïle de Groix.  Au soir du 24 juillet, nous avons mouillé à l'Est de l'île devant la plage des sables rouges. 



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                                                Plage des Grands Sables, convexe.


 Nous avons randonné avec beaucoup de plaisir sur toute l'île  en partant soit de ce mouillage soit de celui juste  devant Port-Lay soit même des pontons de Port Tudy. 



                                                            Minuscule Port Lay.


La saison touristique nous paraissait assez fade: pas de cohue, peu de voitures sur les routes, peu de randonneurs ... 



                        Port Saint Nicolas, mouillage de beau temps ou par vent de secteur Nord.



Le 28 juillet, nous repartons de Port Tudy pour Port La Forêt. Un petit vent de nord-est nous a tranquillement amené à la voile jusqu'au port . 





                        Et j'ai mis Java au mouillage sur  son ancre devant le Cap Coz. 













lundi 24 juin 2024

Guernesey, Serc , Herm, Bréhat.


Samedi 8 juin,


Aujourd’hui nous avons une belle ouverture météorologique pour monter sur Guernesey. Nous quittons Paimpol à 7h30 pour environ 45 miles de navigation sous un beau temps nuageux. Nous mettons le moteur pour 3/4 d’heure et passés Saint Riom , nous hissons les voiles . Belle navigation avec des courants assez forts ,  vent assez variable en force mais stable en direction,  nord-ouest. Le trafic maritime est extrêmement calme, la vie maritime très pauvre voire même un peu triste ( peu d’oiseaux, pas de dauphin…). Nous avançons bien.

Après 15 heures, le vent s’essouffle et nous nous traînerons pendant 3-4 heures à 3 noeuds avant d’arriver à Moulin Huet Bay à Guernesey où nous passerons la nuit dans un bel endroit , un peu rouleur le matin venu. 



                    Moulin Huet Bay: très bel atterrissage sur la côte sud de Guernesey.



Dimanche 9 juin,


Nous entrons à St Peter Port pour accomplir ( rapidement) les formalités avant de nous diriger vers l’île de Sercq,  par beau temps frais Nous  allons mouiller à Dixcart Bay au sud-est de l’île, très bel endroit où nous retrouvons à une petite dizaine de bateaux. Nous débarquons en annexe sur la plage et remontons vers le haut de l’île par la vallée boisée de Dixcart.




                                                    Dixcart Bay avec Java sur la droite.


 Ici pas de voiture, pas de route goudronnée.  On se déplace à pied , à vélo ou en calèche. L’île est une seigneurie de 5 km2 pour 600 habitants. Pas de véritable bourg autour de l’église.




                                                            Vélo du toubib de l'île.


L’habitat est assez éparpillé et les maisons ont bien le caractère anglais. L’île est verte et fleurie, la marche agréable mais physique quand il faut emprunter les petits chemins bien pentus qui serpentent vers les criques, les plages…



                Le petit port de Serc  avec sa jetée assumant  les 10 mètres de marnage. 



Il s’agissait d’une île surtout agricole, peu accessible . Le tourisme est arrivé ( haut de gamme à priori avec des établissements petits et coquets, appartenant pour beaucoup aux frères Barclay),  a tout chamboulé . Les friches ont envahi pas mal d’endroits où des bâtiments sont même délaissés. Très bel endroit, un peu tristounet et ayant perdu son authenticité originale mais à l’ambiance bien britannique.  


    
                                                    "Stocks Hôtel" dans la verdure et les bois.



Lundi 10 juin, 


Nous avons bien dormi dans ce mouillage devenu rouleur rendant impossible le débarquement sur la plage. Nous sommes donc contraints à rester à bord en attendant que la mer se calme. Nous sommes pourtant actuellement à l’endroit le plus abrité de l’île. Un vent de nord nord-ouest de 20 noeuds soufflant à l’extérieur suffit pour agiter notre mouillage. Normalement ça se calme dans l’après-midi et pour les 2 jours qui viennent . 


Au fond du mouillage, une plage permet d’accoster en annexe et un pratique petit chemin ombragé forestier guide au sommet de l’île ( 100 mètres environ) où de peu nombreuses et jolies propriétés très charmantes, paysagées, à l’ambiance typiquement anglaise,  souvent touristiques: Bed and Breakfast , hôtel, bar … 



                                                            Belle route ombragée.


Aujourd’hui nous visitons île sud séparée de l’île nord par un sillon «  la coupée » de 3 mètres de large à une petite centaine de mètres de hauteur avec le vide d’un côté et de l’autre un versant abrupte qui descend jusqu’à la Grande Grève. La vue y est magnifique avec un plongeon sur la petite île accidentée Brecqhou et son château bizarre , séparée de l’île nord  par le "Gouliot passage". Très belles falaises vertes avec de multiples plaques fleuries blanches, roses, rouges jaunes … Magnifiquement contrastées  sous ce ciel bleu soutenu.



                                    La "coupée" séparant l'île nord de l'île sud.


Puis nous continuons, croisons quelques rares piétons et cyclistes, un tracteur, une calèche et reprenons les chemins côtiers , traversons des pâturages , longeons des falaises, parvenons aux anciennes mines d’argent. Nous nous déroutons jusqu’à un dolmen et revenons tranquillement jusqu’à Discart Bay en parcourant de superbes sentiers fleuris: beaucoup de grandes marguerites blanches, de compagnons rouges, de digitales, de chèvrefeuilles … Encore une bonne dizaines de kilomètres dans les pattes. 



                            Les vestiges des anciennes mines d'argent au sud de l'île. 


Ce soir, notre mouillage est toujours bien rouleur et nous le quittons pour la baie voisine plus profonde, Derrible Bay , véritable amphithéâtre de falaises brutes ou  joliment colorées, domaines des oiseaux marins, notamment des goélands et des huitriers-pies qui nichent par ici. 



Belle couleur de la mer à Derrible Bay.



Mardi 11 juin, 


Le mouillage est moins rouleur . Nous avions bien dormi dans le silence naturel du bruit de la nature : souffle du vent, clapotis de la mer, cri modéré des huitriers et des goélands. Nous sommes seul dans la baie, les deux voiliers compagnons de la nuit sont partis.  Il fait une belle fraicheur sous un ciel bleu et un petit vent du nord. 

En fin de matinée , nous sommes partis à l’ouest de Sercq au Havre Gosselin où nous avons pris une bouée visiteur. Très beau mouillage un peu rouleur , entouré de falaises. Le débarquement à terre s’effectue au pied d’un escalier assez étroit. Les annexes doivent être remontées le long de cet escalier pour être mis en sécurité. Super pour la forme mais quelle corvée. Ensuite un escalier permet de gagner les hauteurs. 


    

                                                Mouillage au Havre Gosselin.



Nous avons randonné le long des sentiers ou chemins empierrés dans une atmosphère champêtre, très calme . Les habitations sont très éparses. Nous longeons une ferme  laitière moderne qui vend directement ses produits. Les vaches ( de race jersiaise, je pense) paissent tout prés dans des pâturages naturels bien fournis.



                                                Entrée de l'hôtel La Moinerie.


Nous allons visiter la seigneurie de Sercq, superbe propriété avec un jardin magnifique, entouré de hauts murs de pierres. Puis retour à la cale et redescente de l’annexe par le même escalier. Exercice tout aussi pénible.



                                                    L'habitation " La Seigneurie".



                                Superbes jardins de la seigneurie: potager, fleurs à couper ...




                                                        Petite porte d'entée sur le jardin.




                                                       Petite statue dans le jardin.


En fin de journée nous quittons Havre Gosselin pour l’île de Herm. Nous longeons l’île Brecqhou avec son château démentiel récent .  Nous mouillons côté Est à Belvoir Bay pour une nuit en solitaire, tranquille mais mouillage  devenant rouleur au petit matin. 


Nous avons ainsi découvert l’île de Sercq, située à 10 kms à l’est de Guernesey où vivent environ 500 habitants sur 5.5 km2. C’est un plateau culminant à 114 mètres d’altitude et bordé la plupart du temps par de hautes falaises où se nichent quelques petites plages souvent accessibles par de longs escaliers.

En ce moment, les falaises sont maculées de plaques fleuries surtout blanches (grandes marguerites) rouges ( compagnons rouges, séneçons des Indes ), parfois bleues ( jasiones des montagnes)… De nombreux oiseaux y nichent notamment goélands, huitriers-pies… Les petites vallées sont souvent forestières avec des sentiers bien agréables. Le plateau est agricole avec beaucoup de pâturages mais on sent l'abandon progressif des terres,  entrainé par un tourisme de plus en plus présent. Pas de véhicules à moteur à part les tracteurs.  Pas de route goudronnée. Pas d’éclairage public. 

Le statut politique est particulier puisqu’il s’agit d’une seigneurie. 

Trois belles randonnées d’une dizaine de kms chacune nous ont permis de la découvrir de manière plus étendue. 


Mercredi 12 juin,


En fin de matinée, vous passons côté ouest d’Herm et prenons une bouée visiteur au Port de Herm dans un environnement rocheux qui échoue totalement . Plus bas, dans le chenal, les courants sont forts et nous préférons repartir côté Est devant Shell Bay et ses magnifiques eaux cristallines et ses grandes plages . Aujourd’hui, le mouillage est  confortable . Nous descendons en annexe sur la plage pour la visite de l’île verte et campagnarde. 

Nous repassons par le Port de Herm et nous confirmons qu’il s’agit d’un endroit qui mérite beaucoup d’attention pour naviguer  et y mouiller. 




                            Port de Herm, asséchant complètement avec de nombreuses roches.



Nous remontons vers le château avec ses cottages tous propres et coquets avant de parcourir la partie nord dunaire puis de regagner Java toujours fidèle à son mouillage.




                                                               Belle courette. 


Nous avons également découvert l’île de Herm , la plus petite des iles anglo-Normandes, culminant à 28 mètres sur 2.5km2 pour 60 habitants, vivant surtout du tourisme. L’île est défendue sur une grande étendue par de multiples rochers. Les courants sont forts. Le marnage peut atteindre plus de 10 mètres. L’accès est donc difficile et il faut se méfier énormément. Il existe une ferme d’élevage sur un relief vallonné. On y trouve quelques vestiges mégalithiques. 

Nous avons randonné autour de l’île tout en zigzaguant par les terres. 



                                                        Nord de Herm.


Jusqu’à présent , nous avons bénéficions d’un beau temps frais et ensoleillé , idéal pour la ballade et les mouillages sauvages plutôt calmes. Les 2-3 jours qui viennent s’annoncent venteux et pluvieux et en soirée nous regagnons Guernesey où nous mouillons à Fermain Bay. Nous espérons rejoindre St Peter Port demain matin . 


Jeudi 13 juin,


Nous avons passé une excellente nuit tranquille à Fermain Bay, mouillage intéressant , avec une plage pour débarquer avec l’annexe. Nous «  décollons » vers 10 heures pour aller nous protéger à la marina de St Peter.  Nous resterons bien au chaud et au sec l’après midi.  Petite ballade à la nuit tombée dans les grimpettes avec escaliers des petites ruelles de la ville. 


Vendredi 14 juin, 


Aujourd’hui le temps sera provisoirement plus calme avant un renforcement du vent dans la soirée et la journée de demain. J’ai déménagé Java qui ne pouvait pas entrer correctement dans la place qui nous fait été indiquée par l’employé de la marina. Je me suis mis tout seul sur un grand ponton, peinard.


Samedi15 juin, 


La population de Guernesey est dense: 63 000 habitants pour 63 Km2 !!! :  1000 habitants au Km2 ( à titre de comparaison,  à Belle-île ce sont 5 500 habitants pour 83 Km2 soit une densité de population 15 fois moindre ...). 


Ce matin, nous avons visité la maison de Hauteville où vécut  Victor Hugo pendant une quinzaine d'années: impressionnante demeure avec une vue magnifique sur la mer, sur Serc, Herm, voire les côtes françaises par temps clair.




                Hauteville, la demaure de Victor Hugo à Guernesey.


 Il s’agit d’une véritable demeure d’artiste vraiment improbable, décorée du sol au plafond : que des oeuvres  d’art, souvent complexes, très denses avec des fils conducteurs personnels.



                                                Une salle à manger.


 Très, très particulier, un peu oppressant dans cet espace surchargé, souvent sombre…



                                                    La chambre d'ami.


 Mais une maison bien réfléchie et bien conçue avec quelques pièces aux énormes surfaces vitrées exposées plein sud , son toit terrasse, son magnifique jardin… D’un côté, la pénombre, le sombre, l’austérité, de l’autre, un trop plein de lumière … 




                                                          Le salon rouge.


Un belle découverte avec une guide très sereine et apaisante dans un groupe de …3 personnes.  




                                                    Vue sur le jardin.


Dimanche 16 juin,


Randonnée vers Fermain Bay en partant de St Peter. Le chemin de randonnée est sympa et serpente en haut des falaises dans des jolis bois bien escarpés. Ca monte et ça descend sérieusement avec souvent l’aide de multiples marches. On finit par arriver à Fermain Bay , très jolie baie avec sa grande plage et son bar restaurant dominant les flots, le tout au calme à l’abri des voitures. Bien bel endroit, bien beau mouillage . Retour pas très agréable par les routes saturées de véhicules sur les hauteurs . 


Lundi 17 juin,


J’ai décidé de prolonger notre séjour aux pontons de la marina pour nous simplifier la vie. 

Cet après-midi, nous avons pris le bus pour le nord de l’île. La circulation automobile est très dense sur les petites routes où les croisements ne sont pas toujours évidents. Le petit bus passe une bonne partie de son temps à rouler sur les trottoirs … Etre piétons devient vite très dangereux. 

Nous sommes descendus à l’Ancresse, et avons longé toute la côte entre la petite marina privée de Beaucette et la Grande Havre Bay.  D’anciennes tours de défenses et divers hideux blockauss habillent une côte basse aux fonds de baies sableuses ou « galetteuses » , souvent bien protégées par de multiples semis de roches.  



                                                    Grande Havre Bay.


Mouillages possibles selon la direction des vents, l’état de la mer, le coefficient de marée , les possibilités d échouage du bateau … mais avec beaucoup de prudence . Derrière les dunes s’étalent sur quelques centaines de mètres… Nous avons parcouru une douzaine de kms sur les chemins de randonnée bien tracés mais sans véritable balisage.

Et puis retour de nouveau en bus avec le même style de conduite. Le nord de l’île est plat avec de nombreuses habitations. 

Pas d’observation vraiment intéressante au niveau ornithologique tant en nombre qu’en espèces. Pas de phoque en vue. 


Mardi 18 juin,


Nous avons repris le bus pour le centre de l’île et visiter un grand jardin potager en voie de restauration, géré et entretenu  par des bénévoles, Victoria Walled Kitchen Garden: gros potentiel mais manque de main d’oeuvre. 



            Un épouvantail un peu dépité devant la lenteur de la rénovation du jardin.




                            Un jardin de rose près du potager ci-dessus.


Puis nous sommes partis dans la vraie campagne  parcourir les petits chemins creux de campagne vers Fauxquets Valley. Enfin du calme et du silence. La circulation automobile devient vite pénible tant sur  les petites routes étroites de l'île qui ne sont pas vraiment tracées pour cela qu'à  Saint Peter. Nous nous sommes régalés dans la campagne très verte, morcelée avec de nombreux petits champs bordés de talus et de haies qui font la part belle aux pâturages. Peu de culture . Quelques espaces de serres dont certaines sont délaissées. De belles propriétés bien entretenues. 



                    Beaucoup de belles demeures avec des super jardins. 


Un monde à part  préservé des automobiles, surtout le long d'un réseau de petites routes appelées toutes " ruelles tranquilles" avec priorité aux piétons et aux vélos,  et vitesse limitée à 25 km/h pour les véhicules à moteur  quasi absents. 



La plus petite chapelle du monde soit-disant, entièrement couverte de galets, de coquillages et de fragments de porcelaine. Improbable. 



        

    Et l'intérieur .... communiquant avec une reproduction des grottes de Lourdes ...


Mercredi 19 juin,


Aujourd’hui, nous nous baladons autour d’un réservoir de barrage  ( Saint Serviour’s Reservoir): belle campagne, beaux chemins, calme …, des oiseaux ... 



                                        Beau chemin de randonnée.


Au total , Guernesey peut vite devenir bruyante. Les quelques rues piétonnes de St Peter et surtout la vraie campagne permettent de rester  en dehors du traffic automobile très dense. Les côtes maritimes sont intéressantes avec des magnifiques falaises situées au sud et sud-est,  et  avec les nombreuses baies situées au nord et à l’ouest. Globalement les chemins côtiers sont calmes. 




       Campagne bien verte et vallonnée. Nombreux vergers de pommiers à cidre. 


Nous avons globalement bénéficier d’un temps sympathique avec parfois un vent assez fort nécessitant de changer d’abris en fonction de sa direction. 


Demain, c’est le retour avec Bréhat comme destination. Beau temps prévu avec vents de nord-est de 20 noeuds environ. 


Jeudi 20 juin,


Hier soir nous sommes revenus repasser la nuit à Moulin Huet Bay au sud-est de l’île, mouillage toujours aussi beau au pied des falaises d’une centaine de mètres sur lesquels nichent de nombreux oiseaux avec entre autres  les ballets des nombreux goélands gueulards  et les huitriers-pies criards au vol vif et direct. Au soleil couchant, les falaises resplendissent avec des couleurs pierres et vertes. 

Le vent souffle 20-25 de nord-est . Dehors aidée en plus par des courants,  la mer s’agite  mais ici bien à l’abri, nous sommes comme à la maison.

Nous décollons à 8 heures locales pour environ 40 miles jusqu’à Bréhat à la Corderie. Le vent souffle toujours de nord-est à une petite vingtaine de noeuds. La mer est peu agitée. Il fait beau, la visibilité est correcte. Nous voguons vent arrière, voiles en ciseaux,  en essayant de compenser l’action forte des courants. Pas beaucoup d’oiseaux en mer: quelques pétrels fulmars, quelques puffins, quelques fous de Bassan, quelques guillemots …

Java roule un peu mais les estomacs tiennent bon.  Et nous arrivons sur Bréhat au maximum du courant: la mer bouillonne, clapote, s’agite, tape, roule, écume… Toujours impressionnant et presque angoissant, ces marmites prêtes à engloutir. 

Le vent a faibli progressivement et nous devons mettre le moteur pour traverser les veines de courant. Puis nous entrons dans la baie de La Corderie pour nous mettre à l’échouage, tranquille. Nous mouillons sur 2 ancres, une devant, une derrière. Deux marins locaux de passage nous informent l’interdiction de mouiller désormais dans le port. Confirmation par notre l’ami google. Depuis 2021…

Nous repartons par le chenal de Kerpont pour gagner le mouillage de Logodec sur la côte est de l’île pour y passer une nuit peinarde. 



                Coucher de soleil bien mérité vu du mouillage de Logodec.



Vendredi 21 juin,


Nous quittons notre mouillage pour nous rendre plus à l’intérieur au nord de la chambre que je connais moins bien.

Nous descendons en annexe pour la visite de Bréhat sud. J’ai passé plus de 4 ans sur l’île et je la connais relativement bien. Nous reprenons à pied les petits chemins que j’ai souvent parcourus avec mon vélo, vers la plage du Guerzido, le Pors clos, la Verrerie,  le moulin du Birlot , la Croix de Maudez, la chapelle Saint Michel , puis le bourg. 



Ancien fort de Bréhat transformée de verrerie avec espace vente et espace repos.


C’est toujours aussi joli sous le soleil. L’aspect physique est toujours aussi beau: les maisons, la campagne, les jardins, le littoral, les points de vue …

A 13 heures nous revenons en annexe vers Java que nous retrouvons à sec  parmi quelques rochers épars sur un sol vaseux. Pas génial comme position. Pas dramatique non plus. Mais bon, je dois rester sur le bateau pour surveiller la prochaine flottaison. Pataugeant avec mes bottes dans la vase, j’ai déjà déplacé l’ancre pour faciliter la manoeuvre. A marée basse, j’ai repéré ma prochaine zone de mouillage sableuse. Il n’est pas évident d’échouer en sécurité à Bréhat, parmi tous ses semis de roches. 


En soirée, nous avons finalisé la visite de l’île sud, coté nord-est, passé devant le cabinet médical à l’environnement pour le moins délaissé puis emprunté les chemins littoraux que nous avions si souvent parcouru … 


Samedi 22 juin,


Aujourd'hui, nous visitons l'île nord après avoir débarqué avec l'annexe sur la grève de l'Eglise, juste devant le cimetière.

10 heures du matin, nous partons sur la route principale pour le phare du Paon. A cette heure nous serons encore tranquilles. Les touristes ne font que débarquer. Pas de voitures, très rares tracteurs, quelques vélos,quelques piétons. L'île nord est beaucoup moins habitée. Elle est plus campagnarde. Quelques  jeunes ont repris les exploitations. C'est bien visible. Les pâturages sont entretenus et exploités: nombreux round-ballers, des troupeaux de vaches ( dont un troupeau d'un bonne soixantaine de bovins!!!). Les cultures sont toujours présentes. Ca fait plaisir. 

Le chemin d'accès au phare du Paon , rénové plusieurs fois, est encore détruit par la mer. Le phare en granit rose est toujours aussi mignon . 



                        Phare du Paon: l'accès a été balayé par la mer.  


Puis nous retournons par les chemins côtiers pour finalement longer le phare du Rosédo, le sémaphore, la côte nord de la Corderie avec ses belles maisons. 




      Quand un arbre fait de la résistance, perdu dans ses pensées assis sur son mur.


La mer était basse, le coefficient de marée assez fort et nous avons pu admirer cette magnifique côte de garnit rose, vaste et déchiquetée. Toujours aussi beau. 




                           Vue de la chapelle Saint Michel: la campagne.




                                                          


Et ici la côte...


Nous nous sommes arrêtés sur la merveilleuse place du bourg, véritable cocon au centre de l'île, principal lieu convivial extérieur de l'île avec ses terrasses et son marché ... 


Nous avons randonné 32 kms en 2 jours, redécouvert l'île sur laquelle nous avions vécu plus de 4 ans. Un bien bel endroit, à visiter impérativement hors juillet-août. 


Dans la soirée, nous  sommes mouillés devant l'île St Riom.

Demain, nous regagnerons le port de Paimpol et parcourrons les jolies ruelles de la ville bordées de belles demeures en pierres . 





                                        De beaux gréements à Paimpol.