samedi 2 décembre 2017

Scotché à La Gomera.

La Gomera le vendredi 24 novembre 2017,

J’ai retrouvé Java dimanche dernier,  toujours aussi sage aux pontons de la marina de San Miguel à Tenerife. Une  bonne couche de divers sables et poussières recouvraient le pont et tout ce qui dépassait de l’eau jusqu’en haut du mat.  En fait, ce n’est réellement que de la poussière et du sable simplement posés qui s’en vont avec un nettoyage au jet d’eau assez puissant. Après 3 heures de boulot, Java est tout propre, enfin presque.  

La marina de San Miguel créée artificiellement dans un environnement sans beaucoup d’intérêt au bas de deux terrains de golf,  et de nombreux immeubles pas forcément très beaux, remplis surtout d’Anglais qui se sont reconstruits un «  chez eux » avec leurs pubs, restaurants … avec du personnel anglais. Bonjour l'authenticité!!! 
Par contre, la marina est bien tenue, bien située sur la route de La Gomera ou de El Hierro ou de La Palma. Les enrochements de protection sont très exposés à la mer et à la houle des vents de sud. Que se passerait-il en cas de grosse, grosse houle et grosses vagues? La construction des diverses protections avaient été difficiles ( on est bien loin de la protection des ports comme Arecife ,  Santa Cruz de Tenerife ou San Sebastian de La Gomera ( même si la houle peut parfois y entrer).

J’ai profité de bonnes conditions météorologiques pour partir sur La Gomera que j’ai rejointe hier après une navigation pépère ( comme rarement par ici) me permettant même d’effectuer plus de la moitié du parcours à la voile au près dans un petit vent de sud-ouest de quelques noeuds. J’ai croisé plusieurs groupes de globicéphales  ( et ouai, Adrien!). 


                                                      Une autre époque?

Ici, nous sommes en pleine saison nautique avec les nombreux voiliers qui se préparent à la traversée de l’atlantique. Mieux vaut donc arriver tôt dans la journée pour trouver une place dans les diverses marinas ( à part celle de Santa Cruz de La Palma toujours aussi inconfortable sans la porte anti-houle prévue de longue date mais encore absente; dommage puisque la ville est très interessante). En saison, pour avoir une « bonne » place dans les marinas, il faut souvent y séjourner plusieurs jours. Ici, à San Miguel, Java a une super place sur le ponton C, côté intérieur, au calme, avec vue sur la belle  ville de San Sebastian blottie au bas et sur les coteaux de la montagne. Je me sens toujours aussi bien ici, peinard tout en étant « près de tout » dans une île qui se marie bien avec ma personnalité ( ou l’inverse). Et je pense que c’est reparti pour quelques semaines de séjour dans cet endroit envoûtant.



                                      Arrivée à San Sebastian de La Gomera.


                                                 
                                            Vue de ma "terrasse" marine.


Ces dernières semaines, j’avais beaucoup cogité sur ma ( mes) destination(s) de navigation pour l’hiver et le printemps prochains. J’ai passé beaucoup de possibilités en revue: Iles du Cap Vert, Sénégal, Guinée Bissau avec l’archipel des bissagos, le Brésil, les Antilles et notamment Cuba ….J’ai battu et rebattu les cartes sans réussir à me décider. 
Pourtant la Terre est suffisamment grande et variée pour trouver une bonne destination. Mais je n’avais pas assez d’envie, pas assez de motivation, pas assez d’énergie pour gommer les inconvénients de l’équateur et des tropiques et faire pencher la balance vers les bons côtés de la découverte. Je n’avais pas envie de supporter ni les grosses chaleurs, ni les attaques de moustiques et leurs cortèges d’insomnies et de cochonneries transmises, ni les formalités à la con où il faut discutailler avec les vrais et faux officiels  …. , ni les risques de vol ( qui obligent à fermer le bateau même quand il fait chaud, à payer un « gugusse » plus ou moins fiable pour surveiller l’annexe  voire le bateau …. ).  Les Antilles et surtout Cuba me tentaient  bien mais comment auront-ils surmonté les dégâts des violents cyclones  de cette année?  Quel visage offriront-ils? Nous attendent-ils ou est-ce encore trop tôt? De plus, j’ai échangé récemment avec un navigateur revenant de Cuba et qui m’a raconté ses galères administratives délirantes, la terrible malpropreté, ses difficultés constantes à s’approvisionner …( les complexes touristiques sont bien servis mais les simples citoyens crèvent de faim dans un contexte de marché noir en super forme …).  

Quand tu décides de te rendre en voilier dans des endroits où il n’y a pas grand chose, tu dois être totalement indépendant ( ou le plus possible) et prêt à surmonter tous les problèmes de personnes ou de matériels qui peuvent survenir ( réparations, lieu « sûr »où  caser le bateau en cas de retour précipité en France pour x raisons….). Quand tout va bien … tout va bien mais le moindre accroc peut s’avérer délicat à gérer. Il est bien plus simple, facile et serein de s’y rendre avec sa petite valise. 

Il ne sert à rien de s’obliger.  En réalité, j’ai envie de me poser , de me reposer, de prendre du recul  … et finalement de ramener Java en Bretagne.  En fait, je suis un peu ici par défaut . A la mi-juin 2016,  une météo déplorable qui se prolongeait m’avait fait renoncer à naviguer vers l’Irlande et l’Ecosse et j’avais donc décidé de descendre vers l’Espagne, le Portugal … Puis j’avais pensé continuer  vers la Méditerranée mais je ne réussis décidément pas à y pénétrer. 

Depuis déjà quelques années ( avant même de partir), je me disais qu’il me faudrait à un moment « revadrouiller »  en Bretagne, redécouvrir mes petits coins sympas et en découvrir d’autres. Et puis j’y suis réellement attaché à cette Bretagne, merveilleux terrain de jeu pour la navigation , pour la richesse de ses multiples mouillages et ports ( pour Moitessier, les deux « régions » les plus agréables pour le plaisir de naviguer étaient la Polynésie et la Bretagne). Bon, il en existe certainement d’autres … 

Je commence à comprendre ce que les gens appellent le « mal du pays » qui m’avait épargné jusqu’à présent. Le « mal du pays » est une sensation  puissante, invasive, étrange, inattendue, surprenante , mal limitée qui intègre tant les aspects matériels qu’humains. C’est une sensation de manque de quelque chose de vital ( un peu comme si tu manquais peu à peu d’oxygène …). C’est un manque global où tu te ressens loin de tout, de ta famille, de tes amis , de tous les gens que tu aimes bien … des paysages familiers, de ses odeurs, du temps qui fait …
Est-ce douloureux? Sincèrement non! Non, puisque j’en fait le constat et j’ai la réponse à portée de  ma volonté. Mais en pensant à tous ceux qui sont ou ont été coincés malgré eux dans des endroits  qu’ils ne supportaient plus, j’imagine la terrible douleur que ce « mal du pays » peut entrainer. 



                              Je deviens comme une patelle sur son rocher pas comme celles-là                                         (délicieuses au demeurant). 

Non, au contraire, je suis heureux puisque pour quelques mois,  je profiterai un merveilleux endroit où Claudie ( qui adore La Gomera) viendra me rejoindre. Ensuite, le retour en Bretagne passera par Madère et les Açores . Comme aime à le répéter Pierre de Landéda «  l’herbe n’est pas forcément plus verte dans le champ du voisin ».  Cela est  vrai mais il est vrai aussi que, nonobstant la couleur,  la nature et l’aspect  … de l’herbe peuvent s’avérer différents. Je n’ai jamais chercher à fuir quelque chose mais seulement à découvrir mon inconnu. Voilà, pour l'instant, je suis là.



                                 Vue sur le Teide de la plage de la Cueva.


Les voyages en voilier sont aussi un révélateur puissant  de ta propre personne, de ta propre personnalité, de tes véritables désirs, de tes véritables attaches. En mer, tu peux difficilement mentir et encore moins te mentir sans prendre de risques. C’est une existence où, malgré tous les moyens modernes d’aide aux diverses manoeuvres, à la navigation, à la communication,  tu restes tributaire des éléments environnants au temps présent. Je ne suis pas un grand navigateur mais j’ai suffisamment passé de temps seul en mer pour percevoir cette dépendance, cette petitesse, cette fragilité de l’humain face à l’étendue de la mer. Je n’ai retrouvé nulle part ailleurs cette perception complexe de bonheur, de crainte, de liberté. 

Dans ces périodes de cogitation, ta cervelle va caresser de multiples horizons.  Plus souvent qu’à l’accoutumée, tu regardes dans le rétroviseur de ta vie. Tu prends conscience des années qui passent et de celles que tu as eu l’énorme privilège de voir passer.  Passé 60-65 ans, inconsciemment ou pas, tu ne vois plus les choses de la même manière. Tu ne feras plus ce que tu n’as pas fait. Bien entendu, quand j’écris « tu » , c’est aussi « je ». 
Sans être exhaustif, plusieurs catégories existent parmi les navigateurs sur les voiliers de voyages.  Je me prononce, selon ma perception,  de manière générale, pour les équipages européens. Deux grands groupes de navigateurs se distinguent: les retraités et les non-retraités. Parmi ces derniers se rencontrent quelques solitaires surtout passés 40 ans sur des bateaux de moins de 10 mètres ( et vivant sur leur bateau) , ou des jeunes couples avec ou sans enfants sur des bateaux plus conséquents ( partant pour une ou plusieurs années ou encore plus …), ou des gens de tous âges, souvent friqués, sur de gros bateaux (  y vivant par périodes, et  avec ou sans marins et employés  de bord pour les grandes traversées).  
Et puis, vient la grosse masse des retraités, ceux qui enfin accèdent au rêve de leur vie. Pour beaucoup, ils y ont pensé toute leur existence ou presque,  s’y sont et y ont beaucoup investi. Ils partent surtout en couple sur des bateaux de tous âges ( rarement neufs) mais super préparés, super équipés et en super état, de 11-13 mètres en moyenne. Pour la plupart, leur but est de traverser l’Atlantique, la plupart du temps vers les Caraïbes … pour y passer une ou plusieurs années. Certains envisagent de passer dans le Pacifique ( parfois l’objectif reste  la Méditerranée). Vivre et naviguer à deux sur des « petits » voiliers demandent beaucoup de complicité, beaucoup de tolérance et … beaucoup d’amour et il me semble qu’il y ait beaucoup de couples recomposés. Beaucoup de choses peuvent s’apprendre dans la vie mais apprendre à aimer la mer est, je crois, un énorme défit … difficile à réussir quand il s’agit vraiment d’y aller.
Je pense que beaucoup d’équipages sont heureux mais il existe aussi d’autres en nombre non négligeable en grande difficulté. On ne le répètera jamais assez, la mer est un milieu magnifique mais hostile et très dur et qui met à dure épreuve les relations humaines.
Pour les non-retraités, une des  principales préoccupations est de remplir la caisse de bord ( et cependant , il me semble que rares sont devenus les équipages naviguant sur des bateaux miséreux).  
Pour les retraités, passés 60-65 ans, le poids des années fragilisent bien des projets: tout devient plus lourd, plus dur, plus laborieux, plus fatiguant, plus instable … Naviguer, manoeuvrer … sont énergivores.  Les mouillages sont de plus en plus vides prouvant bien que mouiller l’ancre, la remonter, surveiller le bateau, gonfler l’annexe, la mettre à mettre à l’eau, y installer le moteur,  accoster , remonter l’annexe sur la plage, la remettre à l’eau …. supporter les mouvements du voilier au mouillage sont et deviennent plus laborieux.  
Avant le modernisme ( jusqu’aux années 80-90 environ?), les voiliers étaient bien plus petits et  la vie à bord plus rustique et acceptée ainsi: peu d’eau, peu d’électricité, peu de gaz, pas de chauffage, pas de frigo,  pas de communication ( autre que VHF), pas de pilote électrique ou autre régulateur d’allure, « pas » de météo » , peu de marinas,  pas d’informatique … des voiliers plus rouleurs ( parce qu’en autre moins longs et plus étroits), pas de guindeau pour relever l’ancre …  C’était le bonheur .. ou la galère, à l’état brut. A présent, les voiliers sont devenues des maisons flottantes ( et Java un peu beaucoup aussi).  Mais une contre-partie pénible s’y est invitée sournoisement dans cet environnement agressif: la multiplicité des pannes sur les bateaux suréquipés et en conséquence la nécessité pour les marins d’être bons bricoleurs pour éviter de devenir complètement dépassés et dépendants. Même les bateaux neufs sont touchés par cette problématique. Ne sont pas rares, les navigations bloquées par les  soucis matériels sur les bateaux. 
Bien entendu, existent aussi tous les bateaux qui sortent des sentiers battus surtout vers le grand sud ou le grand nord et dont les escales ne prolongent pas sous les tropiques.

En attendant, je suis à la Gomera où je suis comme un poisson dans l’eau. A moi, les ballades musclées dans la montagne.


Des chemins peinards...


                                                          aux plus corsés,

                 400 kms de chemins de randonnées balisés sur l'île ( de 0 à 1487 mètres).






                 





mercredi 13 septembre 2017

Cartes de croisières



Ci-dessous les différentes cartes de mes croisières qui seront mises à jour au fur et à mesure.





                                                           Schéma global au 09/2017.




Croisière Petites Antilles 2015 ( du 02 au 05/ 2015).





Croisière aux Açores.





                                                 Déambulation aux Canaries sur 2 séjours.

lundi 11 septembre 2017

La Gomera et Tenerife (suite)

San Miguel, Tenerife, le jeudi 7 septembre.

Je suis peinard au calme dans la marina de San Miguel, lieu sécurisant mais situé dans un environnement artificiel, dénaturant, de complexes touristiques pas très beaux accompagnés de 2 terrains de golf bien verts.
L’alizé est bien présent tous les jours avec toujours les phénomènes d’accélération sans oublier d’ajouter, dès le milieu de journée, les brises côtières vigoureuses ces temps-ci ( la température de de l’air est élevée depuis 1 mois). Le vaste taud de protection claque sur la bôme mais je suis bien à l’abri.

Je me suis fait une petite carte de l'archipel canarien et y ai tracé mes 2 parcours successifs, le premier en vert et le deuxième en rouge pour un total de 900 milles environ dont sans doute une bonne moitié au moteur! ( alors qu'en moyenne depuis 7 ans et environ 20 000 milles , j'en suis à une moyenne de 15% de navigation au moteur ).




Mais aujourd’hui, je suis bien triste et désabusé devant les images et commentaires catastrophiques dus au passage de l’ouragan Irma qui a violenté hier quelques îles de l’arc antillais, notamment, Antigua, Barbuda, Saint Barthélémy, Saint Martin et Anguilla. Et le salopard continue sa route destructrice. Je suis d’autant plus touché que j’avais séjourné quelques jours sur chacune de ces îles ( sauf Anguilla que j’avais longé). Elles m’avaient toutes régalées mais avec une mention particulière pour Saint Barth ( et oui!) et Barbuda.  Saint Barth, avant le boom touristique des années 1960, était avant tout une terre agricole exploitée par quelques centaines de paysans blancs ( leurs ancêtres arrivèrent sur l’île vers 1665). Ces paysans originaires de l’Ouest de la France n’eurent jamais d’esclave pour tirer partie de la terre aride. L’île, naturellement splendide,  de bois, de collines, de lagons, de côtes découpées … a su globalement conserver cette beauté. Les résidences de luxe s’y sont dissimulées, globalement sans agressivité. De façon étonnante, malgré la richesse des occupants, Saint Barth ( 10 000 habitants environ) m’avait séduit!  Barbuda, c’est l’histoire inverse avec une famille de colons anglais qui a profité du travail et du commerce de milliers d’esclaves africains. Actuellement la population ( moins de 2 000 habitants) , avant tout noire et modeste, se regroupe presqu’en totalité à Codrington,  seule ville de l’île.  Peu accidentée et pas vraiment très belle, Barbuda  m’avait cependant  séduit par son côté « population restée modestement dans son jus », « presqu’à peine sortie de son esclavage ». Mis à part quelques rares hôtels luxueux, le tourisme balbutiait à peine, et la population semblait s’en moquer. Beaucoup de souvenirs émergent de ma mémoire et je n’ose à peine imaginer la désolation d’aujourd’hui.  

L’histoire de l’humanité  est faite d’une succession de souffrances secondaires aux conflits humains et aux catastrophes naturelles mais je crois que les populations insulaires ont souvent été en premières lignes et trop souvent payé un lourd tribut. L’histoire des îles en général accumule des déboires répétitifs . Elles passent beaucoup de leur temps à se reconstruire, encore et encore! Que d’énergie, que de courage, que de persévérance. 




                 San Sebastian de La Gomera, côté plage,  vu du Parador.


Et côté terre.

Mon fils, Adrien, est venu me rejoindre à La Goméra pendant 2 semaines. Nous avons passé une journée à la marina de San Sebastian puis quelques jours au mouillage un peu rouleur, mais tellement beau, de Valley Gran Rey. 


      Le super mouillage est derrière ces barques colorées au pied des hautes falaises.



Nous avons loué une voiture pendant deux jours et j’ai eu plaisir de redécouvrir ( voire découvrir) les merveilles de cette île avec des paysages et des points de vue époustouflants. Les « barancos » de Valley Gran Rey, de Vallehermoso, de Hermingua sont sublimes.





                                                Valley Gran Rey au soleil couchant.



                                          Vallehermoso dominé par un gros roque.
Nous avons parcourus d’autres « barrancos » plus modestes, plus reculés mais toujours surprenants: La Laja, Alojera, Marcher… 



                                              Près de Chipude, dans les terres.

Nous avons « gravi » le point culminant de l’île, « l’alto de Garajonay » à 1480 m. Nous espérions y trouver un peu de fraicheur mais ce fut l’inverse. La chaleur était plus forte ( jusqu’à 37°) en altitude que sur les côtes. 




            Près du Alto de Garajonay: au premier plan, les traces de l'incendie.

Nous nous sommes régalés dans les restaurants ( notamment celui de la « cofradia des pescadores » ( coopératives des pêcheurs  de Valley Gran Rey et celui du Parador de San Sebastian ( super repas gastro pour  60 euros à deux avec les boissons dans un cadre magnifique). 





                  Ici, c'est la "Vieja Escuela" dans une ruelle du vieil Agulo  près d'Hermingua.

 La météo et les conditions de mer ne nous ont pas permis de faire le tour de l’île en bateau et nous avons profité de conditions favorables pour partir sur Tenerife à San Miguel. La navigation de 45 miles environ a été conforme à l’endroit, donc bizarre mais (im)prévisible: pas de vent pendant 2 heures puis 5 noeuds de vent sud-est dans le nez pendant une heure , puis vent de nord de 12-15  noeuds pendant 3 heures, puis pas de vent et pour finir petit vent dans le nez après Punta de Rasca ( au total 3-4 heures de voile pour 9 heures de navigation). 





Départ du mouillage de Valle Gran Rey, "réserve" de Hippies des années 70 mais il reste encore des traces.






Croisière Valley Gran Rey la Goméra à San Miguel Tenerife. Mis à part  les calmes et une surchauffe moteur pour cause de turbine de pompe à eau de refroidissement de moteur ( pâles aarrachées ! donc changée), nous n'avons pas été bousculé! C'est plutôt rare. Nous avons vu vite fait 2 ou 3 tortues et autant de grands dauphins mais pas de baleine même pas de globicéphales. 




                    Voici 15 jours, j'avais vu les globicéphales mais pas cette fois-ci.


 Je le répète, ne venez surtout pas aux Canaries pour naviguer à la voile. Et si vous y arrivez en voilier par le nord, commencez par La Graciosa afin d’enfiler  les îles dans le bon sens. De nouveau, nous avons loué une voiture pour une dizaine de jours. Nous sommes restés dans le classique avec d’abord les incontournables visites de Santa Cruz, de La Laguna, de Puerto de La Cruz, de Garachico et du parc National du Teide.  



La Laguna vue du mirador Del Cruz Del Carmen, nichée sur un plateau à  à 500 mètres de hauteur.




                                  Architecture de La Laguna. Heure de la sieste?

Nous avons visités les monts Anaga dans le nord-est puis les montagnes dans la corne nord-ouest autour de Masca, El Palma, Teno, Buenavista … Je ne connaissais pas cette dernière région. Elle est magnifique naturellement. S’y ajoute un travail humain fantastique pour utiliser  et fertiliser les sols ( multiples terrasses, réserves d’eau, amenées d’eau par de longues rigoles …).  Malheureusement la région est proche du pôle hypertouristique de Los Cristianos et les emplois dans le tourisme sont sans doute plus lucratifs et moins « ingrats » et j’ai l’impression que les terres étaient peu à peu délaissées. Quel dommage quand l’homme avait su embellir la nature. C’est une région de passage sans infrastructure touristique,  à part les « casas rurales » . C’est une région magnifique ( comme celle d'anaga)avec encore des petits établissements familiaux ou individuels conviviaux ( bars, restaurants, épiceries …) où on est presque chez soi. 




En face, accrochée à la colline, San Andres ( dans son jus derrière la rangée d'immeubles minables du front de mer), domine la superbe plage de sable ( malheureusement importée du Sahara) protégée derrière un enrochement recouvert à marée haute.





"Los Pinchitos", l'incontournable restaurant au centre de San Andres: superbe cuisine simple servie avec une gentillesse et délicatesse exceptionnelles.




Superbe vallée agricole de El Palmar avec les "cuevas " creusés par l'homme dans la première colline ( pour matériel de construction). En arrière plan, le Teide caché dans les nuages.







                  Ballade d'entrainements dans les champs de lave au pied du Teide.





Devant le Teide, en haut du téléphérique,  à 3500 mètres d'altitude, même que je me suis ramassé ce que j'ai cru être  un véritable mal de montagne!


         Ci-dessous, quelques photos de la superbe région montagneuse de Masca.



Tout d'abord, le minuscule village de Masca devant l'éperon rocheux et son "baranco" qui descend à la mer à des centaines de mètres plus bas.



A 500 mètres de Masca, la Casa Riquelme, hasard, dénichée par complètement insolite, para comer et beber , en dehors du temps,  peinard , tout près mais à distance  de la bousculade.


Un peu plus loin, superbe vallée agricole de El Palmar avec les "cuevas " creusés par l'homme dans la première colline ( pour matériel de construction). En arrière plan, le Teide caché dans les nuages.




 Le hameau "Los Carricales" égaré au bout de la route: que c'est beau mais que ça souffre avec les fermes abandonnées dans la montagne.



                                Toujours Los Carricales: Maison troglodyte: vestige ou habitation?


Toujours les montagnes de Masca. Regardez bien au fond: à gauche La Gomera sur petit nuage et idem à droite pour La Palma.





Engagé dans les casques blancs! Randonnée du superbe  "Baranco del Infierno" : haut, étroit et dangereux ( Il y a eu des morts par chute de pierre). Casque obligatoire !!! Quant à l'efficacité? A réserver et à faire tôt le matin, solitude assurée.


Et au bout du bout, la chute d'eau bien timide en cette fin d'été ( ça fait bien une cinquantaine de mètres tout de même): tout ça pour ça!


La belle ville de Candelaria, port de pêche et plages toniques. 



         Il y a même des pyramides à Güimar avec un musée super intéressant mais dense.



A 3 kms de la marina de San Miguel, par les chemins côtiers, "Los Abrigos " joli port de pêche devenu touristique mais ayant su conservé son activité de pêche, sa cofriada de pêcheurs et de quelques bons restaurants, ainsi que quelques coutumes comme celle de la Fiesta de Santa Carmen avec décorations des bateaux de pêche comme pas possible, feu d'artifice ....


                                               Bateaux décorés au retour de la fiesta.


Je retourne en France le 16 septembre et laisse Java à la marina San Miguel . Je dois préparer le bateau pour mes deux mois d’absence et pour anticiper mon retour: gros dessalage et nettoyage intérieur et extérieur. Préparation moteur: préfiltre et filtre gaz oil à changer, purge du circuit gaz oil ( sans en mettre partout: délicatesse, délicatesse …), anode moteur à changer, vidange inverseur à effectuer ( pas fait depuis des années : normalement toutes les 800 heures …), multiples vérifications, le tout effectué dans des « microespaces » avec des positions « à la con ».  Ne pas oublier de pulvériser du WD-40 partout où ça pourrait gripper, du nettoyant contact sur toute les prises et divers raccords électriques …. La vie en bateau est une lutte permanente contre les effets du soleil, du sel et de l’humidité et les préoccupations sont permanentes:  éviter au maximum les entrées d’eau de mer dans le bateau et rincer le sel à l’extérieur. Finalement ce sont des habitudes qui se mettent en place et le pire reste bien la non utilisation des bateaux. En attendant, c’est du taf. 


Depuis novembre 2013, j’ai séjourné aux Canaries sur Java une bonne année. L’archipel entier m’a beaucoup plus. Chaque île est très différente de sa voisine et possède un tempérament très fort et singulier. Il existe de multiples microclimats très nets. Elles sont toutes magnifiques avec des paysages époustouflants, rares et surprenants. Une fois de plus, je dirais que les voileux seront déçus de la navigation difficile, vigoureuse  et souvent agaçante et remuante. Les bons mouillages sont rares et souvent rouleurs. Ci-dessous un résumé à la Prévert, sans prétention, juste avec mes perceptions personnelles:

La graciosa: un charme fou, un paysage presque lunaire, un endroit magnifique au pied des hautes falaises de Famara, une marina venteuse mais abritée de la mer, un attachant et joli bourg Caleta del Sebo, le superbe mouillage de Playa Francesca …

Lanzarote: La belle ville d’Arecife avec sa marina bien protégée, les superbes « montanas » del Fuego  de Timanfaya avec des champs de lave magnifiques, les exceptionnels et uniques vignobles de la Geria avec un paysage incroyable d’harmonieux petits murs,  les très beaux paysages du nord de l’île , l’empreinte gigantesque constante de l’artiste Cesar Manrique…

Fuerteventura: le domaine des fous d’activités nautiques de surf, kitesurf,   windsurf , les paysages plus quelconques à mon avis, la superbe île de Lobos avec son Puertito ( mais accès naturellement difficile et rendu de plus en plus difficile par la législation),  les beaux mouillages de Las Playitas  ( avec les moustiques du golf si peu de vent) et de El Puertito de la Luz à la pointe sud-ouest ( encore un village improbable), la marina de Gran Tarajal,  bon marché proche de la ville restée locale , la marina Morro Jable sans âme, pas finie depuis  au moins 15 ans …

Gran Canaria: La ville de Las Palmas toujours aussi bruyante avec son immense port , sa marina peu chère mais surchargée, l’environnement artificiel de la marina de Puerto Morgan … mais île visitée trop rapidement voici plus de 2 ans pour vraiment donner un avis…

Tenerife: la plus grande de l’archipel, la belle ville de Santa Cruz un peu bruyante, la marina près du centre, beaucoup de jolies choses naturelles: les monts Anaga au nord, la montana de la région de Masca  au nord-ouest, le Teide avec ses champs de lave,  les forêts de pins, des belles villes: La Laguna, Candelaria, Puerto de La Cruz, Garachico … la marina de San Miguel dans son environnement artificiel et de terrains de golf…

La Gomera: tout est beau, attachant, varié, la marina bien protégé à proximité immédiate de la San Sebastian, belle petite ville historique avec un superbe mirador, la bonne cuisine originale et locale, les paysages époustouflants de Valle Gran Rey, de Vallehermoso, de la vallée de Hermingua, la Montana Garajonay ( malheureusement en partie abimée par des incendies gigantesques voici quelques années), Los organos, les superbes randonnées, sans oublier le silbo. Enormément de charmes sur une si petite île.

La Palma: agricole, peu touristique, bouffée par la culture de bananes, a du tempérament, l’impressionnant plus grand cratère du monde, la surprenante  pointe sud à activité volcanique assez récente, des randonnées et des randonnées magnifiques, la belle ville de Santa Cruz avec sa marina bruyante et intenable ( portes prévues à l’entrée cet automne  pour atténuer la houle),  la marina de Tazacorte bien protégée avec deux énormes brise-lames prévues pour l’accostage de gros navires ( mais sans aucune activité depuis plus de 10 ans), les quelques minuscules ports-abris accrochés aux falaises… Pas de véritables mouillages.

El Hierro: petite, agricole, toujours un peu dans son jus, peu touristique, peu habitée, indépendante avec énergie  renouvelable depuis quelques années, une activité volcanique récente  proche des côtes ( impact  sur la pêche et la plongée avec émigration importante), la Capitale Valverde à 600 mètres de hauteur dans la montagne, les superbes paysages, la mignonne petite marina de la Restinga et maintenant celle de La Estaca ( protection vent de sud pour les deux ?) … A mon retour mi-novembre, j’espère retourner à La Restinga et prendre quelques jours pour revisiter cette île qui m’avait bien plu. 

En résumé, toutes les îles, pas faciles à comparer tellement elles sont différentes, m’ont plu. Beaucoup  m’ont enchanté.  Mes yeux s’y seront régalés et  y auront passé beaucoup de moments sublimes de surprise et de beauté. Pour chacune des îles, Il me parait difficile de se passer d’une location de voiture pour quelques jours pour atteindre les petits endroits magnifiques et ensuite fignoler par quelques  randonnées pédestres incontournables si on veut pénétrer dans cette beauté sauvage encore préservée. 




                                                             


                                                Adrien et Gildas vous saluent bien.




mardi 15 août 2017

La Palma 1

Samedi  29 juillet  2017,  Tazacorte.

Naviguer aux Canaries est loin d’être évident et oblige à tenir compte des conditions météorologiques locales. Il faut jongler avec les alizés, les zones de survente  ( le relief accélère le vent de 10 - 20 noeuds)  et de « sous-vente » ( sous le vent des îles, Eole est faiblard voire absent). Ces zones de survente sont de plus irrégulières, plus faibles ou plus fortes selon. Il est difficile aux Canaries pour passer d’une île à l’autre ( étape de 30-40  à 60-70 milles) de ne pas rencontrer des vents de 20-25-30 noeuds voire plus ( avec souvent une mer  courte et cassante)  et des zones de calme ( les prise de ris et le moteur sont toujours au programme).  les belles navigations tranquilles sont rares. 

J’ai quitté le Puertito de la Cruz à 9 heures samedi matin dernier 22 juillet  Les alizés soufflaient , des 10° environ, à  25 noeuds d’abord avec une mer agitée à assez forte, parfois pénible, puis ils ont molli doucement jusqu’à 15 noeuds en arrivant sur Gran Canaria.  Au départ, Java naviguait travers, bon plein, sous trinquette avec 2 ris  et GV à 2 ris puis j’ai remis de la voilure et je suis arrivé à Las Palmas sous génois plein et GV avec 1 ris. 
J’ai accosté au ponton d’accueil vers 18h après environ 50 milles de navigation. Les bureaux étaient fermés ( comme tous les samedi et dimanche). J’y ai ai donc passé la nuit. Le lendemain, les marineros m’ont trouvé une place près du poste à carburant ( la dernière parait-il!).

La marina présente des avantages: elle  est grande, les pontons sont assez espacés, elle est bien protégée, elle n’est pas chère, elle est propre, bien tenue me semble t-il . Mais elle présente aussi de gros inconvénients: elle est  surtout bruyante et souvent pleine. Las Palmas est une grande ville de 400 000 habitants environ et a vraiment tout d’une grande ville avec un traffic automobile pénible. L’accès au centre ville s’effectue par une voie express qui la traverse à coeur jusqu’aux différents ports ( marchandise, pétrolier, passagers …). Elle longe la marina,  et les bruits de la circulation et des sirènes sont incessants.  Malgré le vent, la ville pue la pollution automobile.  Le mouillage en face de la plage à droite de l’entrée de la marina est devenu interdit accentuant encore les problèmes de place. Cependant, beaucoup de bateaux de passage y restent scotchés pendant des semaines, des mois, voire des années. Donc, malgré tout,  la marina plait , avec ses nombreux services pour les plaisanciers, son Décathlon, son Leroy Merlin, ses énormes espaces commerciaux , mais de là  à y trainer des lustres! Bon, les goûts et les couleurs …

Je profite de mes quelques jours ici pour effectuer mes emplettes, les pleins du bateau  ( eau, bouffe, bibine, gaz oil …).

Voici 3 ans, j’avais visité Gran Canaria, ses 2000 km2 avec ses 800 000 habitants ( autant que dans le Finistère qui est 4 fois plus grand). De plus, île est montagneuse, la population est donc dense ( 400 habitants/km2) et je le ressens au quotidien avec une société plus pressée, plus tendue …  Par contre, Gran Canaria est déjà plus « verte » que Lanzarote et Fuerteventura donc un peu moins sèche, moins aride. 

Après trois journées passées  à Las Palmas , à 5h30 du matin, j’étais heureux de quitter les pontons pour le sud de Tenerife ( mouillage de la Montana Roja,, Marina de San Miguel ou mouillage de Los Cristianos?). J’ai longé au moteur la côte nord montagneuse un peu brumeuse avec ses nombreuses grandes serres marron et ses quelques éoliennes. 




                                    Côte nord embrumée de Gran Canaria.

J’ai laissé la Punta Roque Negro et son petit phare coloré de cercles rouges et blancs sous GSE seul puis le vent,  au travers- bon plein , a forci 20-25 noeuds . J’ai mis 2 ris dans le GSE et ai passé mon temps bien aux abris des giclées d’eau de mer, sous la capote , assis sur mon siège spécial dans la descente. La visibilité n’est pas extraordinaire depuis quelques jours avec une petite brume qui perdure.
Je me présente à l’entrée de la baie de la Montana Roja, tout près de l’aéroport, avec en arrière plan le Teide ( point culminant de l’Espagne à 3600 mètres). La baie était bien abritée de la mer mais le vent, accéléré par les hauteurs de l’île soufflait à 35 noeuds.




                                            La remarquable Montana Roja.

J’ai donc poursuivi ma route. La marina de San Miguel  voisine construite dans un environnement sans âme ne m’attirait pas.  J’ai donc poursuivi. Au bout de 75-80  bons  milles de navigation, vers  19 heures, je rentrais dans le port de Los Cristianos sur la côte sud . C’est le point de départ des énormes bateaux de transports de passagers inter-îles ( compagnies Armas et Fred Olsen).  Je n’aperçus aucun voilier  au mouillage, là où habituellement  s’y agglutinaient 10-20 ou plus. Bizarre! J’en ai rapidement déduit que le mouillage était probablement devenu interdit pour faciliter les manoeuvres des bateaux de transport. 
Bon, San Sebastian de La Gomera est à 20 milles. Je connais bien et y arriver de nuit ne me gêne pas. Et c’est reparti pour 8 milles au moteur sans vent , et 12 milles au moteur avec grand voile à 3 ris , à 30° du vent qui soufflait à 25 -30 noeuds dans la zone d’accélération. Java s’est fait bien rincé  et j’ai peiné à rester au sec toujours sous ma capote en scrutant mon écran AIS et en essayant de deviner des feux de bateaux à travers les « carreaux » de la capote. Ces zones d’accélérations sont toujours aussi bluffantes et je n’en suis sorti qu’à 500 mètres du port, d’un seul coup. Je me suis amarré au ponton sous 0 noeud de vent, rien, pas un souffle… Et hop, au dodo. 
Et au petit jour, en allant chercher mon pain tout frais, j’ai retrouvé avec grand plaisir San Sebastian et son charme inusable dans un environnement vivant mais à taille humaine. Le pied. 




                     On voit bien la limite entre les eaux calmes et la zone d’accélération
                                              avec une mer moutonneuse. 

J’y serais bien resté quelques jours à La Gomera que j’adore mais je veux visiter La Palma, la dernière île des Canaries où je ne suis pas encore allé. Et les conditions météorologiques se présentent bien pour demain avec la grande zone d’accélération entre les deux îles un peu ramollie, juste pour une journée. 





Départ de la marina de La Gomera un brin mystérieuse dans les lumières du soleil levant.

Hier matin, à 7 heures, je suis sorti du port entre la ligne de mouillage de baignade et une nouvelle ligne d’une dizaine bouées jaunes avec ses trois feux clignotants oranges qui limitent un chenal obligatoire afin, une fois de plus, de laisser la majorité du port aux bateaux de transport de passagers.  Les espaces de liberté se ratatinent  ( entre des mouillages qui deviennent interdits, des passages qui se rétrécissent , des débarquements qui se limitent … la vie devient dure). 
Et puis j’ai longé la côte nord nord-est de La gommera , malheureusement au moteur ( vent faible pile poil dans le nez) , mais avec une mer belle qui m’a permis de bien m’y approcher. Le soleil s’est levé juste tout près du mamelon du Teide.  Pendant un quart d’heure, un ballet de centaines de puffins volant et planant de çi  de là entourait Java. Du grand spectacle. 
Après la Punra Llana jusqu’à La punta de Los Organos, la côte est extraordinaire, d’une beauté réellement rare mais uniquement visible de la mer. Aujourd’hui sous le soleil levant, les couleurs sont merveilleuses et ressortent.  Les falaises sont abruptes avec les « roques », quelques îlots de verdure, des conifères qui coiffent les hauteurs, quelques rares maisons isolées entourées de terrasses, exposées aux alizés. 
Entre la  Punta Del Fronton et celle de San Lorenzo, quelques barques colorées sont remontées sur la plage de galets gris.  Puis Hermingua dévoile la belle vallée de Catalina, le « barranco » de Monte Forte, les multiples cultures en terrasses , son village perché à mi-colline. La côte devient plus sauvage avec la mer qui écume au bas des falaises.
Et puis apparait la cerise sur le gâteau, les deux « roques » de la la Punta de Los organos qui surveillent la petite merveille …………….





                                                          De loin.



                                                       De plus proche.



                                                    Et encore plus près.

Seulement visibles de mer , los organos,  «  ces tuyaux d’orgue naturels » sont spectaculaires.

En quittant la proximité, comme souvent, le vent apparait à peine au travers à 10-12 noeuds pendant toute la remontée. Je n’ai pas souvent connu de navigations aussi pépères et agréables aux Canaries. Je la déguste d’autant plus.   Rapidement  apparaît la silhouette haute, imposante, puissante de La palma, toute en relief. En me rapprochant , un habitat dispersé habille les coteaux sud- est. La pointe sud, apparait bien sombre, presque noire. Peu à peu, le vent s’étiole et je mets le moteur, en fait jusqu’à la marina de Tazacorte, située à la moitié de la côte ouest. Puis, je longe les énormes bananeraies abritées derrière la grande chaine volcanique. L’ensemble est beau mais la côte proprement dite n’est pas extraordinaire avec ses quelques plages de sable noir, ses multiples grottes s’enfonçant falaises volcaniques basses, plus au nord, la zone touristique du port de Naos ( qui n’a de port que le nom). J’ai cherché en vain un mouillage correct pour y passer la nuit. Je n’ai d’autre solution de rentrer à la marina de Tazacorte qui se cache sous le vent de l’île derrière un ENORME brise lame ( complètement délirant et disproportionné) qui devait permettre la venue de plusieurs cars ferries. Il n’en a jamais accueilli un seul.
Le port comprend la marina accueillante, propre, bien tenue, très calme la nuit, plutôt calme le jour, et sert aussi de port de pêche actif. ainsi que d’activités de loisirs ,  sorties en mer notamment pour voir les baleines,  jet-skis ( souvent pénibles)…






Lundi 14 août 2017, Puerto Vueltas, La Gomera

Hier matin, je suis parti de Santa Cruz de La Palma pour rejoindre Puerto Vueltas à La Gomera qui n’est pas une marina mais constitue une vaste zone de mouillage dans un décor exceptionnel, à couper le souffle, au pied de hautes falaises de plusieurs centaines de mètres, aux couleurs et au visuel magnifiques,  tombant à pic ( un de mes mouillages préférés  de partout, partout). 



                                  Départ de Santa Cruz au soleil levant.

Comme « d’habitude »,  le moteur est de sortie (pendant une heure,)  pour aller chercher l’alizé, cap au 160°. Java a avançé au grand large à 3-4 noeuds  pendant 2 heures puis le vent a bien forçi pour atteindre 25 bons noeuds à l’arrivée ou brutalement, il a disparu brutalement à 1 mile du port .  Ces phénomènes d’accélérations du vent sont fous mais c’est la règle aux Canaries. Je sais, je radote, mais ils me surprennent encore! En fait, les alizés de nord-est déboulent normalement à 15-25 noeuds en moyenne sur les Canaries. Mais  « heurtant » les îles relativement  petites  et surtout aux reliefs élevés ( jusqu’à 3600 m), le vent est perturbé et sa trajectoire déviée créant des zones sans vent mais surtout des zones hyperventées avec des accélérations de 10-15 noeuds ( par exemple à un vent normal de 25 noeuds s’ajoutent 15 noeuds,  soit un total de 40 noeuds!). Souvent dans ces zones hyperventées, la mer devient courte et cassante.  Hier, la journée a été super avec une mer aux belles couleurs dans un air à 28°, avec la rencontre de quelques petits et gros dauphins ( je ne réussis pas à tomber sur les baleines), avec les vols des puffins cendrés et de quelques  poissons-volants dont un petit s’est lamentablement explosé sur le pont. 
Après 8 heures de navigation, j’ai mouillé à distance des 4 autres voiliers dans ce fameux décor de cinéma. Puis j’ai sorti mon masque et tuba pour vérifier l’ancre et me balader dans la rocaille du bord de côte pour admirer les poissons aux multiples couleurs. Au retour, j’ai rencontré 2 grosses raies impressionnantes à la nage toujours aussi voluptueuse. 




                              J’arrive devant Valle Gran Rey, magnifique.



Mouillage Valle Gran Rey



                                        Derrière Java, au mouillage: pfouffff!

Puis le coucher du soleil ( en Espagne, le soleil se pose ; d’ailleurs, il ne se lève  pas non plus, il sort) a illuminé  les falaises qui ont explosé de diverses teintes, de multiples couleurs, de jeux d’ombres et de lumières… Sublime. A la nuit bien tombée, mes pensées et élucubrations diverses s’évadaient  parmi les étoiles pétillantes de la voute céleste tandis que les puffins cendrés volaient le long des falaise en croassant et en émettant des cris forts et envahissants qu’on n’oublie jamais ( 3 sons  nasillards suivis d’un son différent ) dans le doux bruit de la mer qui s’épuisait sur la plage de galets. 

D’accord, mais La Palma, c’était comment?

Magnifique! Vraiment!  Mes petits pieds, mon petit vélo, la petite auto que j’ai louée et les petits bus ( Guaguas) m’ont permis de me balader un peu partout. 
La Palma était la dernière des sept îles des Canaries que je n’avais pas encore visitée. 
Ce fut encore une agréable découverte avec ses 517 km2, ses 87 000 habitants et son point culminant à 2426 mètres. 




       Arrivée sur la pointe sud de La Palma : phare de Fuencaliente et la fin de la chaine                                volcanique. Noirceur des récentes éruptions. 

La Palma est une île de terriens, de paysans, d’artisans, de commerçants …, mais  pas vraiment de marins. En dehors des 2 marinas ( celle bien protégée et dynamique de Tazacorte , et celle houleuse et triste de Santa Cruz), les mouillages sont quasiment inexistants ou impossibles. Le plaisir de navigation est donc limité. Java a cependant effectué un tour complet de l’île en passant par le nord, de l’ouest vers l’est. 




Remontée le long de la côte ouest. Petit village au sud de puerto Naos avec derrière la rangée de maisons, des bananeraies, puis une première falaise puis encore des bananeraies puis en arrière plan, les hauteurs du grand volcan.



                     Tazacorte en haut de la colline, belle petite ville colorée.

L’île se répand  autour d’une chaine de cratères volcaniques de plus de 1000 mètres ( dernière éruption en 1971) et le plus grand cratère du monde, la Caldera ( chaudière en espagnol) de Taburiente  ( hauteur du volcan 2426 mètres, profondeur du cratère: 2000 mètres, diamètre du cratère: 9 kms). Toutes les plaines côtières et plateaux sont en quasi totalité le domaine de la banane, un peu de la tomate … Tous les versants présentent un habitat coloré, dispersé et  sont occupés par les vignes et diverses fruitiers. Elle semble prospère et bien entretenue.

Deux  belles « grandes  villes »  , Los Llanos de  Aridane ( terrienne) et Santa Cruz (maritime) rassemblent presque la moitié de la population.




                                             Los Llanos :  simples maisons




                                     Los Llanos: ou maisons plus cossues.




                                            Super architecture: porte d’entrée




                                                            Fenêtre.




                                                    Rue de Santa Cruz




Marina ( propre et fonctionnelle) quasiment vide de Santa Cruz mais le ressac y est infernal et elle est bruyante ( musique des troquets-boites de nuit , cargos, …) .




Elle propose plus de 1000 kms de chemins de randonnée bien balisés qui culminent aux divers sommets et chemins de crêtes, qui s’enfoncent dans les profondeurs des cratères et des forêts de pins ou de feuillus, forêts vraiment immenses aux arbres très hauts ( jusqu’à 30-40 mètres), une forêt parfois presque « amazonienne » avec des grandes fougères et des lianes. Plusieurs ravins sont plus qu’impressionnants avec des précipices à couper le souffle. Ce sont surtout des randonnées physiques bien loin  de celles des chemins côtiers bretons. J’en ai effectué 4 superbes de 15-20 kms, toutes avec de bons dénivelés : 
celle de Don Pedro ( moitié sous-bois , moitié à découvert), 



                                                  celle de Los Tilos 



                                           

                                                         Sous-bois de Los Tilos.




                                                            Vue sur le « barranco ».

et celle de Cubo de La Galga ( en pleine forêt, le long des ravins avec des miradors étonnants). 

  


 Chemins de randonnée.





                                    L’Amazonie? Ben non, Cubo de La Galga.




                                                            Fougères et petit pont.

celle , tout au sud de l’île, de Fuencaliente qui longe les volcans de San Antonio et Teneguia ( le dernier qui s’est manifesté) jusqu’au phare et les seuls marais-salants de l’île, toujours en activité. 




Vue des pentes du volcan San Antonio: vignes sur les coteaux ( vin de Teneguia) et bananeraies sur les plateaux dans le bas.




Volcan de Teneguia responsable de la dernière éruption ( ligne blanche = petit aqueduc) .




                                    Contraste des couleurs sur les pentes du Teneguia.




              Contraste des couleurs en arrivant sur le phare de Fuencaliente et des marais salants.



                                           Contraste des couleurs aux marais-salants.




                                                   Encore plus près.


La Palma est réellement une très belle île, surprenante de variétés de paysages, de climats, de cultures, de côtes, à l’habitat coloré, aux terrains cultivés. Les paysages sont parfois exceptionnels: hameaux  accrochés aux flancs de montagne entre des précipices de centaines de mètres,  minuscules hameaux de pêcheurs agrippés à flanc de falaise avec quelques barcasses ballottées sur leurs bouées, le patchwork coloré du marais-salant vu du chemin qui mène au volcan de Teneguia , la vue de mer de Santa Cruz, au soleil levant, blottie au pied de multiples sommets dont celui de la Caldera de Taburiente, avec souvent d’assez hauts immeubles, colorés, presque jolis noyés dans le relief. Santa Cruz est une très belle ville aux nombreuse rues pavées et piétonnes,  bordées de superbes belles demeures coloniales avec des grands balcons en bois …






Le Grand Télécoscope de La Palma ( à côté duquel sont érigés plusieurs autres): haut lieu mondial de l’observation des étoiles.




A la Cumbrecita: vue du fond de la caldera de Taburiente avec de merveilleuses forêt de pins canariens ( L'écorce est tellement épaisse que l'arbre résiste aux incendies!).


La palma est imposante, puissante,  envoutante, surprenante : c’est vert,  c’est coloré, c’est contrasté. L’eau y est  présente avec des sources, des fontaines et tout un systéme de récupération des eaux tant de pluie que de celles récupérés dans la roche des montagnes elle-mêmes. Les « climats » sont multiples les variations de température conséquence d’un endroit à l’autre ( Le même jour, j’ai eu 31° au point culminant, 36° à 1500 mètres et 22° en bas en pleine après-midi!!!).  



                                           Rue de Villa de Garafia au nord-ouest de l’île.




                   Environs de Villa de Garafia ( encore un paysage particulier).

A la Gomera, je suis un peu en territoire connu. Adrien me rejoint en fin de semaine pour deux semaines de vacances. Tout va bien. 

Gildas. 



Quelques photos à la louche:




                                                       Faucon crécerelle pas farouche.




                                                        Gros lézard canarien.




                    Piscines naturelles de Charco Azul et pourtant la mer est « calme ».




                                          Idem 1 seconde plus tard: drapeau rouge.




                          Fleur de cactus de figuier de Barbarie plus sympa que les épines.