dimanche 27 janvier 2019

Navigation de Tenerife à Gran Canaria


Vendredi 25 janvier 2019.

Je l’ai déjà répété, naviguer à la voile aux Canaries n’est pas évident. Descendre l’archipel d’Est en Ouest  ( donc de Lanzarote vers El Hierro) est plutôt sympathique avec les alizés  de Nord-Est,  malgré les surventes entre les îles. Le remonter d’Ouest en Est , le vent dans le nez, est bien plus difficile. Tirer des bords dans 30-35 noeuds de vent établi n’est pas aisé pour des bateaux de croisière qui veulent souvent conserver un minimum de confort à bord et souvent trop chargés et lourds pour effectuer un près correct. 
Cette remontée demande donc de la patience, soit attendre des conditions de vents  modérés, soit attendre des vents portants pour remonter et ils sont rares et parfois trop forts. 
J’aime naviguer à la voile et pas trop , voire pas du tout, au moteur, sinon, j’aurais un bateau à moteur! Mais, aujourd’hui,  je vais naviguer… au moteur et probablement qu’au moteur.  Les prévisions météorologiques sont bonnes et le vent sera quasi nul. 

Donc je vais naviguer … au moteur. Je le sais déjà et je pars quand même. Peu d’intérêt pour un voilier, j’en conviens mais je dois remonter de San Miguel au sud de Tenerife sur Gran Canaria. Claudie m’y attendra dans une semaine. Alors comment se déroule une telle journée à priori pas très attirante avec le bruit permanent de la motorisation? Pourquoi la décrire? Quel intérêt? Une telle navigation se fera par beau temps, belle mer, belle visibilité, avec beaucoup de temps pour  regarder, photographier, écrire , se reposer aussi par petites brides , le tout dans d’excellentes conditions. Il suffit de se libérer du bruit du moteur pour pouvoir apprécier. 
Je vais vous retracer cette journée de manière chronologique et peut-être rébarbative.

7h30: au réveil, je mets le nez dehors. Vent nul effectivement, température intérieure-extérieure à 18°. Toilette puis petit déjeuner: pain huilée avec salade et  tomate, orange pelée, thé rooïbos; en fait comme à la maison. 



                 Je quitte San Miguel avec plaisir: environnement vraiment trop artificiel.


8h: rien ne bouge sur le bateau à couple, Osheeexploration.  Devant moi, l’imposante proue de Ragnarok Viking me cache la sortie du port.  Je démarre le moteur et m’en vais discrètement . Je suis content de  sortir de cette marina sans charme, mal conçue, mais au personnel plutôt sympathique et à l’écoute. Je love et range les amarres, enlève les défenses, les suspens sur le balcon arrière.



                   Mon impressionnant voisin Ragnarok Viking va faire un tour.

Le soleil se lève dans un ciel un peu tourmenté avec une ligne de grains qui s’effiloche devant moi.  La mer est plate. Un voilier noir est au mouillage au dehors du port, au milieu de nulle part. Original! Quelques bateaux pêchent près de la côte devant, derrière, sur le côté.  
Cap au 80° environ après avoir mis un way point  sur la pointe de la Sardina au nord-ouest de Gran Canaria, à 50 miles. Le pilote automatique est en goto. je suis peinard. Il m’emmène tout seul au bon endroit. 
J’hésite encore un peu, soit passer par le sud de Gran Canaria avec un arrêt possible à Puerto Mogan ou plus haut sur la côte Est, ou bien passer entre Tenerife et Gran Canaria , longer la côte Nord puis redescendre sur Las Palmas. « Vamos » pour Las Palmas à 75 miles  pour 15 heures de navigation environ. 

9h:  il me reste 45 miles jusqu’au way point. 
J’ai déjà un petit creux, comme souvent en mer. Je me tape un demi-petit pain avec un carré de chocolat. 
Deux voiliers,  au moteur bien sûr,  prennent la route pour le sud de Gran Canaria. J’ai décidé, je passe par le nord.  Un bon grain passe tribord à quelques miles. J’ai passé la punta Roja avec son mouillage possible derrière la haute colline rouge. Le Teide s’illumine au dessus des nuages. Plusieurs champs d’éoliennes au repos s’échelonnent sur une vingtaine de kilomètres, après le terminal et port pétrolier de El Medano.  Ici, avec beaucoup d’immeubles sans charme, les petites villes côtières sont moches vue de mer.  Sur le versant uniforme qui va du sud de Tenerife à la capitale Santa Cruz, les habitations sont nombreuses et plus intégrées dans le paysage. 


                     Difficile de ne pas voir le Teide au dessus de sa couronne de nuages.



Les fonds s’approfondissent rapidement, déjà 500 mètres à 1 mile de la côte jusqu’à presque 3000 mètres à 20 miles. 

9h30:  je vois toute la côte sud-est de Tenerife. Je devine les côtes de Gran Canaria. Aux Canaries, en navigation, au moins une île est toujours visible, sauf par temps bouché évidemment.  Il est même possible d’apercevoir 4 îles en même temps: La Palma, Tenerife, La Gomera et El Hierro. Je vais devoir traverser la  ligne de grains qui s’étend devant moi.  Je me prends un petit café, tout seul. Quelques petits bateaux de pêche sont éparpillés. Il commence à pleuvoir,  sans modification de vent. Je suis à l’abri sous la capote, assis sur mon petit banc spécial « fesses à Gildas ». Des gouttes de pluies crépitent et dégoulinent sur les plexis, en dessinant des petites trainées tortueuses. 
Je surveille un tanker sur tribord. Il remonte probablement sur Santa Cruz de Tenerife. L’AIS m’indique qu’il passera nettement à côté. 


                                                             C'est pour moi.

10h: il reste 40 miles jusqu’au way point. Le vent est faible et la mer peu agitée. 
Et voilà le tanker qui modifie sa route d’une dizaine de degrés , à 2.5 miles de Java et vient en route collision!  Bon, j’abats un peu, ralentit ma vitesse . A 16h16, il passe devant moi à 150-200 mètres. La pluie a cessé. Devant, le ciel s’éclaircit. Derrière, c’est toujours très sombre. Les sommets des 2 îles sont dans les nuages sauf le Teide qui en émerge. Ah, ce Teide, quel acteur!  Toujours présent. 

11h: il reste 34 miles. Le vent souffle 7-9 noeuds dans le nez, comme prévu. Les champs d’éoliennes sont très visibles sur Tenerife ( 150 à 200 éoliennes environ). Pas de bateaux en vue. J’attaque la partie descendante du rail qui fait au total fait 6-7 miles de large et dont l’importance du trafic est ridicule comparée avec celui d’Ouessant. 

12 h: il reste 28 miles. le vent est à 10 noeuds, la houle à 1-2 mètres. Java tape un peu  et mouille un peu sur le pont.
Je suis dans la zone de séparation du rail, toujours pas de bateau en vue et  l’écran de l’AIS est désert. 
J’ai commencé mes petits repos, allongé sur une banquette du carré,  environ 2 fois 10 minutes toutes les heures. Ce rythme me convient à merveille, permet de préparer la nuit qui vient  et de se retrouver en forme le matin qui suit.  

13h: il reste 23 miles. Santa Cruz est dans le travers à 22 miles. Je suis au milieu du rail ascendant. Toujours pas de navire en vue. 
Je prends l’apéro avec quelques olives puis un petit sandwich salade- tomate-concombre-oignon rouge. 

14h: il reste 18 miles. Gran Canaria se détache de plus en plus avec ses montagnes sombres noyées dans les nuages. 28° dans la cabine. La chaleur du moteur et celle du soleil s’accumulent.


                     Puerto de Las Nieves se devine à gauche sur la photo. Les hauts sommets                                                           sont dans les nuages.


15h: Il reste 13 miles.  Près de de la punta de la Sardina, La Montana del Galdar se rapproche. Je repère facilement le puerto de Las Nieves et Agaete puis le Puerto de la Sardina.  
J’ai encore un petit creux et je m’enfile une platée de pâtes -ketchup avec un coup de rouge. 
Je consulte ma carte et les quelques documents que je possède. J’ai envie de voir le  puerto de la Sardina qui offre une possibilité de mouillage de beau temps. Alors, pourquoi pas? 

16h: il reste 7 miles pour le puerto de la Sardina. Il fait beau, la visibilité est excellente. Le Teide domine toujours son sujet en sortant la tête des nuages. La profondeur est repassée à 300 mètres. 




                        Le nord de Gran Canaria apparait beaucoup plus clair.

17h: il reste à peine 2 miles .  Au sud, les hautes montagnes sont  sombres ( 1949 mètres au Pico de Las Nieves)  et les sommets planqués dans les nuages mais au nord, entre le puerto de Las Nieves et la punta de la Sardina , le relief est bien plus bas, les versants sont verdâtres de végétation et le temps ensoleillé. Je m’approche du puerto de la Sardina blotti tout au fond de la baie, essayant de se protéger de la mer et de la houle. 


                                              Approche du Puerto de La Sardina.


De nombreuses bouées libres, parfois flottantes entre deux eaux  minent le terrain. Il faut être vigilant pour éviter de se coller un bout dans l’hélice. Un autre bateau est déjà mouillé. Je jette mon ancre un peu à distance juste devant la plage peu fréquentée mais où quelques personnes se baignent. Le village s’accroche harmonieusement à la colline: vraiment un très bel endroit qui vaut le détour. 


       Franchement un très beau mouillage, devant le village en compagnie d'un autre voilier.


18h30- 19h : Au coucher du soleil, tout le port s’embrase avec des couleurs extraordinaires. 


                       


                                                  Embrasement à la puesta del sol.


                                                          Des lumières vraiment bluffantes.


Par contre, le ressac est important sur les quelques quais et escaliers de débarquements. Il s’agit  plus d’un abri que d’un port. Je resterai à bord mais le décor est magnifique.

Cette journée de navigation même au moteur s’est avérée intéressante. C’est vrai, je n’ai pas vu de cétacé aujourd’hui, les oiseaux étaient rares. Mais, j’adore cet archipel géographiquement esthétique et envoutant. Je contemple, mon regard se régale.  




Samedi 26 janvier 2019.

La nuit aura été assez peinarde malgré la petite houle qui agitait Java par période. 

7h: lever, déjeuner.

8h15: je lève l’ancre. Le temps est beau, la visibilité est excellente comme souvent aux Canaries.  A la punta de la Sardina avec son beau petit phare rouge et blanc, apparait une houle de 2 mètres  assez courte qui s’éclate sur les rochers. 


 Complexe touristique  avant la pointe de la Sardina: intégré ou pas? L'intention existe.



                           Alors, vous en dites, quoi? Moi, je ne sais pas.



8h30: je contourne la pointe , des petits villages s’accrochent aux falaises basses au pied desquelles la mer écume et les embruns, bien visibles dans les contre-jours du soleil,  s’envolent de manière surprenante, très haut et très loin vers les terres.


                 Petite phare de la punta de la Sardina, posé sur de la roche volcanique..

8h45: ça sent la ferme!
Aucun rapport , à terre, avec une dizaine d'éoliennes qui attendent le vent.

9h: la montana de Galdar, ne culmine qu’à 430 mètres mais  visible de loin, s’entoure de bananeraies sous plastiques. Des habitations colorées s’y entremêlent.  En deuxième rideau,  les vraies montagnes sont belles aujourd’hui , sans nuage. 
J’adore contempler les paysages et j’essaie toujours de longer la côte d’assez près ( 1/2 mile environ), en prenant garde évidemment aux diverses bouées, barques de pêche, filets, bouts trainants   



          La montana de Galdar sur la droite avec les bananeraies sous plastique. 



            Dans la lumière rasante du soleil, les embruns sont pris en flagrant délit d'escalade de falaises. Et pourtant la mer est plutôt calme.


10h : ici les falaises sont plus hautes, verdoyantes. Les versants de l’arrière pays sont mamelonnés et verts.  Les habitations y sont partout nombreuses et  grimpent sur les versants, j’évalue à  jusqu’à plus de 500 mètres de hauteur. 
Devant , Las Palmas approche. Sur le sillon situé au sud de l’Isleta, les silhouettes des grues et immeubles se détachent dans le faux jour. Huit miles me séparent de l’Isleta, petite presqu’île montagneuse, dominée par un phare et qui représente la pointe Nord-Est de Gran Canaria.


     A gauche, l'Isleta,  et à droite les silhouettes des immeubles, grues ... se détachent.


11h25, je passe l’Isleta aux falaises bien sombres. D’ici, à 65 miles de distance , je vois encore le Teide bien en hauteur au-dessus des nuages et j’aperçois même ldéjà, les hauteurs de Fuerte Ventura à plus de 50 miles! La visibilité est fabuleuse. 


       L'Isleta aux falaises sombres. Le petit phare se devine sur le sommet du milieu.


                                                Ca pêche dans la houle.



                   Non, non, ils n'ont pas coulé, on devine les chapeaux qui dépassent.


12h: je me rapproche de Las Palmas et de ses ports ( 7 ème plus grand complexe portuaire d’Espagne juste derrière Bilbao).  


                                                         Il y a du monde!

Je change d’échelle, plusieurs gros cargos et quelques énormes plates-formes sont au mouillage. Des navires de toutes dimensions entrent et sortent. Il faut être attentif.



                                                 J'approche, j'approche.


                                        Certains avancent, d'autres mouillent. 



                                                            Je passe où?


Les grandes villes ne m’ont jamais attiré et Las Palmas en fait partie avec près de 400 000 habitants. J’y reviens un peu en marche arrière mais je vais essayer de regarder le verre à moitié plein. Et puis côté, terre,  je crois que je vais aimer toute la partie centrale et Nord de l’île. 

12h45, j’entre dans la marina, passe un coup de VHF à la capitainerie: a priori, plus de place disponible, certains pontons sont en réparation.  Après un passage par la case ponton d’accueil, rinçage de  Java à l’eau douce, douche du capitaine et rapide approvisionnement dans une supérette toute proche, je dois aller mouiller  juste à l’extérieur de la marina dans un endroit qui était  devenu interdit.  Alors mouillons. A tribord, le port de commerce avec les entassements gigantesques des containers, les énormes grues,  les cargos , les bateaux pilotes…, devant, le port passager avec quelques énormes bateaux de croisière … à bâbord, la ville avec des dizaines et des dizaines de hauts immeubles souvent colorés d’où s’échappent un bruit de circulation sourd et continue parfois recouvert par les sirènes hurlantes… Le passage des bruyants  hélicoptères est fréquent.  Soyons positifs: ça vit.



                    Panoramique de la ville vue de Java au mouillage.

Une vraie grande ville portuaire et « moderne ».  Et Java est ancré, en compagnie d’une quinzaine d’autres voiliers,   dans cet abri au fond de sable dans ce décor surprenant, un peu déconcertant avec une petite touche de magie. Sur ce grand plan d’eau plusieurs groupes de petits dériveurs déambulent avec leurs petites voiles, genre « optimist », laser et autres ...


       Navigation en dériveur devant le dépôt des centaines et des centaines de containers. 



                                          Las Palmas au lever du soleil.

Il faut garder à l’esprit que malgré ce côté éloigné,  montagneux et volcanique, l’archipel des Canaries est globalement très habité mais avec de gros écarts de densité entre les îles:
Tenerife:            891 000 habitants    sur 2034 km2,    438 hab/km2
Gran Canaria:    845 000 habitants    sur 1560 km2,    548 hab/km2.
Lanzarote:         145 000 habitants    sur 862 km2,      168 hab/km2.
Fuerte Ventura:  107 000 habitants    sur 1660 km2,      63 hab/ km2.
La Palma:            81 000  habitants   sur 706 km2,      114 hab/km2
La Gomera:         20 900 habitants    sur 363 km2,        57 hab/km2
EL Hierro:          10 500 habitants     sur 268 km2         39 hab/km2

Au total, environ 2 102 000 habitants sur 7447 km2 avec une densité moyenne de 282 hab/km2, deux fois plus que dans le Finistére  (  135 hab/km2 pour 6733 km2) les deux îles principales rassemblant déjà 1 736 000, soit plus de 82% de la population. 

Gran Canaria est très habitée et dès l’arrivée, je le ressens. La tranquillité de El Hierro et de La Gomera est toute autre. 


                                 
                                                      Bons baisers de Las palmas.


Gildas.

mardi 22 janvier 2019

Navigation de Tazacorte ( La Palma) à celle de San-Miguel ( Tenerife).




Marina de San Miguel , le mardi 22 janvier 2019.

Huit heures du matin, le jour se lève sur la marina de San Miguel. Le vent s’est bien calmé. Là-bas, vers le nord, vers les montagnes, le Teide , quasiment totalement dégagé de tout nuage , domine la situation du haut de ses 3600 mètres. La marina appartient à une grosse entreprise qui possède aussi un golf tout proche. Le rivage est bordé par une accumulation d’immeubles touristiques hideux. 



Le mamelon du Teide juste en arrière et en dessous d'un avion en voie d’atterrissage pour l’aéroport sud de Tenerife. Puis  les « magnifiques » immeubles des résidences du golf à gauche et derrière les bateaux.. 


Dans le coin, l’ambiance est très particulière, les anglo-saxons occupent en masse et se sont constitués leur monde à eux avec leurs pubs, leurs supermarchés, leurs personnels, leur domination… L’endroit est faux, avec du fric mais sans âme, sans authenticité, sans chaleur. Du port de  Los Abrigos à  celui de Las Galletas, sur 5 ou 6 kilomètres environ, les plages sont quasiment absentes , les Alizés souvent fort, les habitations hautes, touristiques et moches . Pourtant, les gens sont là. Beaucoup !!! Même la marina est encore pleine (alors que normalement, comme la majorité des navigateurs qui traversent l'Atlantique sont partis, de nombreuses places auraient dû être disponibles). 

Je suis arrivé dans cette marina hier matin, vers 10h30. Le vent d’est soufflait fort. J’ai demandé à la capitainerie de faire le plein de fuel et une place pour 2-3-4 nuits. Pour le fuel, il fallait aller à couple d’un énorme voilier en acier d’une trentaine de mètres qui squattait le ponton du carburant! Le vent soufflant fort, j’ai préféré attendre et puis  peut-être le ponton se dégagerait-il. Inconcevable.
Comme, les pontons étaient remplis, j’ai dû me mettre à couple d’un voilier en acier d’exploration, d’une quinzaine de mètres. Personne à bord du voilier mais plein de petits linges séchaient aux fils, le pont était jonché de multiples combinaisons de plongée, de bouteilles d’oxygène, la cabine était semi-ouverte. En fait, un truc bizarre, comme si les occupants s’en étaient allés brusquement. La seule question qui vaille: départ volontaire ou forcé? Vraiment bizarre.




Le poste carburant caché derrière le gros voilier noir avec un autre voilier blanc à couple…  et devant, le sous-marin jaune. 

Je me suis rendu à la capitainerie du port situé tout au fond du magasin « submarine  safaris » qui exploite un petit sous marin d’exploration ( appartenant aussi à l’entreprise du golf et de la marina avec  sans doute d’autres choses encore). Chacun assis sur une chaise minuscule derrière un bureau-tablette minable et encombré,  les deux employés étaient coincés dans le bureau du capitaine, véritable  cagibi exigu de 6 ou 7 m2 , avec une petite fenêtre opacifiée  et une petite porte condamnée et également opacifiée, sans aucune place pour accueillir une chaise pour les visiteurs . Je n’ai jamais vu des conditions de travail aussi déplorables et quasiment inhumaines pour travailler comme des brutes. Adjacents, les  sanitaires ouverts en permanence et servant donc à tout le monde sont vétustes et les deux bacs à douche devenus peu engageants ( heureusement ceux situés à l’autre extrémité de la marina et réservés aux navigateurs sont plus rassurants). 
Je connais déjà la marina de San Miguel pour y être  passé  quatre ou cinq fois, par commodité puisque bien placée, mais cette fois-ci, je suis devenu beaucoup plus sensible à toutes les invraisemblances. J’adore Les Canaries mais il existe quelques endroits à fuir, à négliger. A mon avis, une grande partie de la côte  sud-ouest de Tenerife en fait partie.
Maintenant, j’ai quelques courses à faire puis je dois attendre de bonnes conditions météorologiques pour traverser vers Gran Canaria ( normalement dans 2 ou 3 jours). 


J’avais rejoint Java à la marina de Tazacorte le samedi 19 janvier. Il m’attendait peinardement. Je retrouve les Canaries avec toujours autant de plaisir. J’aime beaucoup: cette tranquillité, une certaine nonchalance, cette vie un peu au ralenti, au chaud, au sec, ces bonnes attentions globales des gens , les prix modérés … 



Atterrissage sur La Palma avec les nuages sur la montagne,  côté Est , comme d’habitude alors que côté Ouest, le soleil brille …

Claudie me rejoignant  à Gran Canaria le samedi 2 février, je dois y emmener Java. Même s’il fait encore plutôt beau et  assez chaud, à cette époque, les vents peuvent rester très forts pendant de longues périodes et la navigation aux Canaries n’est jamais simple.
Les prévisions étant correctes, j’ai quitté la marina de Tazacorte dimanche soir à 18 heures pour rejoindre La Gomera ou Tenerife. La navigation fut classique pour la région. J’ai d’abord effectué quatre heures de moteur pour atteindre le vent. La nuit était tombée à 19 heures et la lune toute pleine se leva. L’éclairage de pleine lune en mer est magique. J’ai navigué au près , bâbord amure,  toutes voiles dehors pendant une petite heure puis le vent a forci assez rapidement pour atteindre plus de 20 noeuds. J’ai rentré le génois, sorti et enroulé la trinquette au premier point d'enroulement . J’ai enroulé la grand-voile d’une bonne moitié. La mer était moins forte que le vent. 



Merveilleux spectacle de clair de lune un peu contrarié par les nuages, sur La Gomera avec les lumières de San Sebastian 

Sur un seul bord, je suis arrivé au passage entre la Punta de la Laja del teno sur Tenerife ( phare avec un feu à éclats blanc toutes les 20 secondes) et  La Gomera , plus près de cette dernière. La lune a disparu derrière un ciel noir et il a plu pendant une demi-heure. La lune restait toujours cachée derrière les masses sombres nuageuses, la nuit était noire. Devant moi, le ciel se dégageait et les étoiles brillaient en nombre toujours aussi incommensurable. Merveilleux spectacles, merveilleuses sensations. Le vent a faibli progressivement et remonté un peu en direction, j’ai abattu de 30 degrés ,  je me suis retrouvé vent de  travers de 15 noeuds puis 10 noeuds puis 0 noeud sur une mer presque plate. Il était 7 heures, tout s’éclaircissait, le sommet Teidé s’éclairait.  La côte sud-ouest de Tenerife très construite  expose une multitude d’immeubles hideux et variés qui entassent de nombreux touristes venus d’Europe ou d’Amérique du Nord ou d’ailleurs.  A fuir, je l’ai déjà écrit. 




Le Fred Olsen entre La Gomera et Tenerife  ( à fond?) à 35 noeuds au GPS!




      Lever soleil dans le nez aux couleurs dures sur la pointe sud-ouest de Tenerife.




Et au même moment, dans le dos, avec des  couleurs plus douces, sur La Gomera devinée ( que de bons souvenirs). Malheureusement, je n’ai pas trop le temps de m’y arrêter. 



     Le Teide et son sublime paysage domine Los Cristianos ( beeeuh!).



    Pointe Sud -ouest de Tenerife avec le phare de Piedra Mena, restée sans immeubles,          jusqu'à quand?.


Puis j’ai mis le moteur pendant 3 heures pour gagner la marina de San Miguel que j’ai atteins à 10h30 ( 16h30 pour 80 bons milles) avec un vent de face qui forcissait sérieusement.  Devant Los Cristianos, sur la ligne des 1000 mètres de profondeur environ, plusieurs groupes de petits dauphins sont venus me saluer et j’ai admiré à deux reprises, un globicéphale , impressionnant de calme et de puissance J’étais content d’arriver, somme toute, pas trop fatigué après une navigation intéressante et efficace. Pendant toute la nuit, je me suis allongé et reposé par périodes de 10-15 minutes., bien calé  sur la couchette tribord du carré.