mardi 22 janvier 2019

Navigation de Tazacorte ( La Palma) à celle de San-Miguel ( Tenerife).




Marina de San Miguel , le mardi 22 janvier 2019.

Huit heures du matin, le jour se lève sur la marina de San Miguel. Le vent s’est bien calmé. Là-bas, vers le nord, vers les montagnes, le Teide , quasiment totalement dégagé de tout nuage , domine la situation du haut de ses 3600 mètres. La marina appartient à une grosse entreprise qui possède aussi un golf tout proche. Le rivage est bordé par une accumulation d’immeubles touristiques hideux. 



Le mamelon du Teide juste en arrière et en dessous d'un avion en voie d’atterrissage pour l’aéroport sud de Tenerife. Puis  les « magnifiques » immeubles des résidences du golf à gauche et derrière les bateaux.. 


Dans le coin, l’ambiance est très particulière, les anglo-saxons occupent en masse et se sont constitués leur monde à eux avec leurs pubs, leurs supermarchés, leurs personnels, leur domination… L’endroit est faux, avec du fric mais sans âme, sans authenticité, sans chaleur. Du port de  Los Abrigos à  celui de Las Galletas, sur 5 ou 6 kilomètres environ, les plages sont quasiment absentes , les Alizés souvent fort, les habitations hautes, touristiques et moches . Pourtant, les gens sont là. Beaucoup !!! Même la marina est encore pleine (alors que normalement, comme la majorité des navigateurs qui traversent l'Atlantique sont partis, de nombreuses places auraient dû être disponibles). 

Je suis arrivé dans cette marina hier matin, vers 10h30. Le vent d’est soufflait fort. J’ai demandé à la capitainerie de faire le plein de fuel et une place pour 2-3-4 nuits. Pour le fuel, il fallait aller à couple d’un énorme voilier en acier d’une trentaine de mètres qui squattait le ponton du carburant! Le vent soufflant fort, j’ai préféré attendre et puis  peut-être le ponton se dégagerait-il. Inconcevable.
Comme, les pontons étaient remplis, j’ai dû me mettre à couple d’un voilier en acier d’exploration, d’une quinzaine de mètres. Personne à bord du voilier mais plein de petits linges séchaient aux fils, le pont était jonché de multiples combinaisons de plongée, de bouteilles d’oxygène, la cabine était semi-ouverte. En fait, un truc bizarre, comme si les occupants s’en étaient allés brusquement. La seule question qui vaille: départ volontaire ou forcé? Vraiment bizarre.




Le poste carburant caché derrière le gros voilier noir avec un autre voilier blanc à couple…  et devant, le sous-marin jaune. 

Je me suis rendu à la capitainerie du port situé tout au fond du magasin « submarine  safaris » qui exploite un petit sous marin d’exploration ( appartenant aussi à l’entreprise du golf et de la marina avec  sans doute d’autres choses encore). Chacun assis sur une chaise minuscule derrière un bureau-tablette minable et encombré,  les deux employés étaient coincés dans le bureau du capitaine, véritable  cagibi exigu de 6 ou 7 m2 , avec une petite fenêtre opacifiée  et une petite porte condamnée et également opacifiée, sans aucune place pour accueillir une chaise pour les visiteurs . Je n’ai jamais vu des conditions de travail aussi déplorables et quasiment inhumaines pour travailler comme des brutes. Adjacents, les  sanitaires ouverts en permanence et servant donc à tout le monde sont vétustes et les deux bacs à douche devenus peu engageants ( heureusement ceux situés à l’autre extrémité de la marina et réservés aux navigateurs sont plus rassurants). 
Je connais déjà la marina de San Miguel pour y être  passé  quatre ou cinq fois, par commodité puisque bien placée, mais cette fois-ci, je suis devenu beaucoup plus sensible à toutes les invraisemblances. J’adore Les Canaries mais il existe quelques endroits à fuir, à négliger. A mon avis, une grande partie de la côte  sud-ouest de Tenerife en fait partie.
Maintenant, j’ai quelques courses à faire puis je dois attendre de bonnes conditions météorologiques pour traverser vers Gran Canaria ( normalement dans 2 ou 3 jours). 


J’avais rejoint Java à la marina de Tazacorte le samedi 19 janvier. Il m’attendait peinardement. Je retrouve les Canaries avec toujours autant de plaisir. J’aime beaucoup: cette tranquillité, une certaine nonchalance, cette vie un peu au ralenti, au chaud, au sec, ces bonnes attentions globales des gens , les prix modérés … 



Atterrissage sur La Palma avec les nuages sur la montagne,  côté Est , comme d’habitude alors que côté Ouest, le soleil brille …

Claudie me rejoignant  à Gran Canaria le samedi 2 février, je dois y emmener Java. Même s’il fait encore plutôt beau et  assez chaud, à cette époque, les vents peuvent rester très forts pendant de longues périodes et la navigation aux Canaries n’est jamais simple.
Les prévisions étant correctes, j’ai quitté la marina de Tazacorte dimanche soir à 18 heures pour rejoindre La Gomera ou Tenerife. La navigation fut classique pour la région. J’ai d’abord effectué quatre heures de moteur pour atteindre le vent. La nuit était tombée à 19 heures et la lune toute pleine se leva. L’éclairage de pleine lune en mer est magique. J’ai navigué au près , bâbord amure,  toutes voiles dehors pendant une petite heure puis le vent a forci assez rapidement pour atteindre plus de 20 noeuds. J’ai rentré le génois, sorti et enroulé la trinquette au premier point d'enroulement . J’ai enroulé la grand-voile d’une bonne moitié. La mer était moins forte que le vent. 



Merveilleux spectacle de clair de lune un peu contrarié par les nuages, sur La Gomera avec les lumières de San Sebastian 

Sur un seul bord, je suis arrivé au passage entre la Punta de la Laja del teno sur Tenerife ( phare avec un feu à éclats blanc toutes les 20 secondes) et  La Gomera , plus près de cette dernière. La lune a disparu derrière un ciel noir et il a plu pendant une demi-heure. La lune restait toujours cachée derrière les masses sombres nuageuses, la nuit était noire. Devant moi, le ciel se dégageait et les étoiles brillaient en nombre toujours aussi incommensurable. Merveilleux spectacles, merveilleuses sensations. Le vent a faibli progressivement et remonté un peu en direction, j’ai abattu de 30 degrés ,  je me suis retrouvé vent de  travers de 15 noeuds puis 10 noeuds puis 0 noeud sur une mer presque plate. Il était 7 heures, tout s’éclaircissait, le sommet Teidé s’éclairait.  La côte sud-ouest de Tenerife très construite  expose une multitude d’immeubles hideux et variés qui entassent de nombreux touristes venus d’Europe ou d’Amérique du Nord ou d’ailleurs.  A fuir, je l’ai déjà écrit. 




Le Fred Olsen entre La Gomera et Tenerife  ( à fond?) à 35 noeuds au GPS!




      Lever soleil dans le nez aux couleurs dures sur la pointe sud-ouest de Tenerife.




Et au même moment, dans le dos, avec des  couleurs plus douces, sur La Gomera devinée ( que de bons souvenirs). Malheureusement, je n’ai pas trop le temps de m’y arrêter. 



     Le Teide et son sublime paysage domine Los Cristianos ( beeeuh!).



    Pointe Sud -ouest de Tenerife avec le phare de Piedra Mena, restée sans immeubles,          jusqu'à quand?.


Puis j’ai mis le moteur pendant 3 heures pour gagner la marina de San Miguel que j’ai atteins à 10h30 ( 16h30 pour 80 bons milles) avec un vent de face qui forcissait sérieusement.  Devant Los Cristianos, sur la ligne des 1000 mètres de profondeur environ, plusieurs groupes de petits dauphins sont venus me saluer et j’ai admiré à deux reprises, un globicéphale , impressionnant de calme et de puissance J’étais content d’arriver, somme toute, pas trop fatigué après une navigation intéressante et efficace. Pendant toute la nuit, je me suis allongé et reposé par périodes de 10-15 minutes., bien calé  sur la couchette tribord du carré.  



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