lundi 29 novembre 2021

Algarve ( suite)

Lundi 18 octobre,


Vers 9 heures, j’ai quitté la marina de Olhao en travaux,  pour rénovation avec  création d'une zone commerciale  et amélioration de l’accueil des bateaux visiteurs ( notamment pas de sanitaires en service actuellement).

Le temps est beau et presque chaud . Un  vent  d’est souffle à 12-15 noeuds, idéal  pour aller vers l’ouest , vers Portimao ou Alvor à 35 miles environ.  Dès la sortie de Ria Formosa, les voiles seront en ciseaux sur une mer agitée.

Les oiseaux rencontrés seront nombreux et notamment puffins cendrés, grands labbes, océanites tempêtes, fous de bassan. J’ai croisé quelques grands dauphins complètement désintéressés par notre présence.

Enfin, une belle journée de navigation à la voile! Je me suis arrêté à Portimao  et j'ai  mouillé vers 15 heures dans la grande zone de mouillage juste avant Ferragudo. L'entrée dans la lagune d'Alvor est délicate et j’attendrai demain pour y entrer dans des bonnes conditions de marée.


Mardi 19 octobre,


Et voilà, après une petite croisière à la voile de 5 miles, je suis entré dans la lagune d’Alvor entre les deux grandes digues puis  me suis faufilé entre les bancs de sable  en suivant un balisage bizarre et pas très précis. Malgré l’époque, les divers mouillages étaient assez remplis et j’ai mouillé assez tôt juste devant une vaste et  magnifique propriété bien arborée mais en voie d’abandon: ponton privé rompu, manque d’entretien assez récent, non habitée ! Seul un chien semblait être le gardien et aboyait et hurlait à la mort des heures durant à n’importe quel moment du jour ou de la nuit. 




                                                Beau mouillage à Alvor.



De plus,  le traffic maritime est assez dense et les lames d’étrave des petits bateaux  sont pénibles. Bel endroit, certes mais devenant vite désagréable. 

J’y suis resté trois jours pour trois randonnées sympathiques autour de la lagune et une bonne partie de pêche aux pieds de couteaux. Je me suis régalé au niveau ornithologique:  groupes de 100 à 200   flamants roses et de cigognes blanches, un couple de gobe-mouches noirs, un magnifique gorgebleue et bien entendu des limicoles en veux-tu, en voilà. Alvor était un village de pêcheurs mais a perdu toute authenticité. Le vieux village est toujours là mais la plus grande partie est devenue hypertouristique avec des bars , des restaurants , du rabattage et des menus en « 36  « langues. L’autre partie où vivent toujours les locaux est devenue triste et vide de commerces.  


Samedi 23 octobre,


En début d’après-midi, je quitte Alvor pour Lagos pour 3-4 miles de navigation à la voile: petit soupçon de vent de travers , vitesse 2 noeuds, beau temps, mer belle. J’ai remonté la rivière jusqu’au bureau de la marina  où l’accueil fut bon et efficace.

Il faut passer un pont levant pour rejoindre les pontons où les places vides sont assez nombreuses. Mon emplacement est bien: pas de voisin à tribord et voilier en hivernage à bâbord et globalement peu de voiliers habités, à 50 mètres des nombreux troquets et restaurants ouverts tard avec souvent de la music live bien sonorisée jusqu’à pas d’heure. Sinon, la marina est calme, bien tenue avec de bons sanitaires.  

J’y suis resté 9 jours, en ai profité pour effectuer quelques randonnées et sorties ornithologiques. 


La Ponta Da Piedade toute proche, à 3 kms de la ville, est réellement somptueuse avec ses falaises colorées, ses criques et ses nombreuses grottes mais aussi hypertouristique. Par contre, malgré un aménagement partiel, le lieu est assez dangereux avec de nombreux éboulements possibles. Pour profiter des belles couleurs, j’y ai randonné en fin de journée  sur un circuit d’une douzaine de kilomètres et suis revenu en longeant un terrain de golf puis par le haut de la ville en traversant des quartiers résidentiels très luxueux avec des énormes et récentes habitations.  



                                                        Ponta da Piedade.



J’ai effectué une autre belle randonnée en partant de Monchique à 25 kilomètres au nord de Portimao, à 450 mètres d’altitude. L’ambiance change de la côte. C’est calme mais triste. J’en ai profité pour grimper au Monte Foia, point culminant de l’algarve à 900 mètres environ.  Le temps était beau et légèrement brumeux mais la vue magnifique sur presque toute l’Algarve avec juste en contre-bas le superbe circuit auto et moto «  Autodrome International do Algarve" où aura lieu l’épreuve de motos GP en début de mois prochain  . Ici, l’exode rurale a été massive et de nombreuses fermes avec des anciennes terres en terrasse sont en ruines et commencent à faire le bonheur des agences immobilières. Le tourisme rapporte probablement plus que l’agriculture surtout lorsque le magnifique climat Algarve permet une saison touristique à rallonge tant au printemps qu’à l’automne. 




                                                     Sur les pentes du Monte Foia.


En cours de séjour, l’automne est arrivé brutalement avec trois de pluies et un net rafraîchissement  de plusieurs degrés. Les gens se ramassent, les rues pavées deviennent glissantes, la music live s’essouffle rapidement, les terrasses sont désertes, la vie de soirée et nocturne patine. 


Le 1er novembre au matin, je quitte Lagos. Il pleut mais le vent est juste bien pour naviguer vers la Ria Formosa à 40 miles ( et les jours suivants, les conditions de vents sont nulles, pour changer). Le vent est d’ouest de 15-18 noeuds, la mer est agitée. Sur la côte jusqu’à plus de 5 miles par endroits, les fermes marines sont nombreuses ( parfois 1 km de large sur plusieurs kilomètres de long). Parfois elles ont disparues mais parfois aussi les cartes ne sont plus à jour et d’autres ont été installées . Par endroits, les côtes sont recouvertes d’algues vertes et les fermes  aquacoles ont été déplacées vers le large pour essayer d’en limiter les inconvénients . 

En chemin, je croise un grand voilier de 40 mètres nommé ELIDA V sous pavillon suédois, avec écrit en grand le long de la  la coque «  Sailing for Jesus »! Il s’agit en fait d’un bateau-église!!! qui embarquent scouts et diverses personnes pour des offices religieux. Et ça  dure depuis 1963 quand le  ELIDA I fut construit à la demande d’un pasteur qui s’inquiétait de constater son église se vider. Les descendants du pasteur gèrent l'association. 


En fin de journée, la nuit est tombée rapidement, la pluie a redoublé avec de la brumasse. La visibilité était exécrable. Heureusement le GPS est là pour sécuriser la trajectoire et aborder l’entrée lugubre et chahutée de la Ria avec précision. Malgré tout , ce sont des moments stressants d’où on en sort soulagé. La nuit est sombre et je mouille devant l'entrée,  le plus loin possible du traffic,  pour la nuit,  sur la mer plate de la lagune. 


Le 2 novembre, j’ai regagné  Culatra devant le village de pêcheurs où le nombre de bateaux au mouillage avait bien diminué depuis mon passage précédent. Il en restait une trentaine dont une bonne dizaine étaient à l’hivernage, sur ancre, livrés à eux-mêmes. Les avions qui passent juste au-dessus à basses altitude sont nettement moins nombreux mais beaucoup de  petits bateaux,  de pêche notamment passent  toujours aussi vite, aussi près,  à toutes heures du jour et la nuit. Personnellement, ça me les gonflent un peu.

Aujourd’hui 4 novembre, j’ai décidé d’aller échouer sur la plage à l’est du village en compagnie de  4 catamarans et d’un autre biquille. Au moins, je suis à 2 pas du bourg, de la gréve et des oiseaux. 





Java à l'échouage à Culatra : pas de passage de bateaux mais juste sous la ligne d'approche bruyante des avions atterrissant à Faro.


Samedi 6 novembre.


Hier après-midi, j’ai quitté Culatra pour me rendre à Praia de Faro ( ou Ilha de Faro) à l’ouest de la lagune, à 7 miles environ.

J’ai mouillé près de l’embarcadère des navettes. Java était le seul visiteur et le mouillage génial par 2 mètres d'eau à basse mer ( grande marée de 109 ces temps-ci). 

Ce matin, j’ai randonné jusqu’à l’extrémité Est de l’île d’abord puis Ouest ensuite. Il s’agit d’une langue de dunes de 5-7 kms de long sur quelques dizaines de mètres de large, qui se fait grignoter par la mer chaque année surtout à l’est où la plupart des maisons de pêcheurs ont disparu. 



                     Il reste quelques maisons en sursis. Pour combien de temps? 



A cette extrémité, à marée basse, le paysage est grandiose comme le bout de quelque chose: du sable et encore du sable, des plages,  des dunes , un estran sableux ou vaseux cabossé, plissé presque désertique, quelques buissons rabougris et rares avec quelques oiseaux (vu:  bergeronnettes grises , moineaux, cochevis, fauvettes mélanocéphales, pouillots). 






                    Vastes étendues plissées de sable avec Faro en arrière plan.



 Cette extrémité Est est en sursis. L’érosion est implacable. Les quelques maisons restantes sont modestes, isolées ou  recroquevillées, tristounettes. Elles semblent accepter  leur sort malgré  la présence fréquente de protections  sommaires constituées par des petits  barrages de fortune qui tentent de contenir l’avancée sableuse inexorable. 


Le milieu de l’île est la partie touristique avec beaucoup de maisons secondaires ou de locations qui paraissent pour l’instant bien entretenues et valorisées. Ca sent l’argent. Cependant, aux grandes marées, l’eau de la lagune vient tutoyer les rez de chaussée. Puis vers l’ouest, le scénario change, la route goudronnée a disparu. Une simple passerelle en bois se tortille et donne accès à quelques dizaines de petites maisons  bien modestes, plus ou moins incrustées dans le sable, et habitées par les pêcheurs et les " véritables " îliens. Ce passage qui  rase les habitations sert aussi aux touristes ( nombreux à la belle saison) qui se rendent sur certaines plages et bouffe le peu d’intimité restante. Je me sentais un peu intrusif sur ce chemin et sur la grève en contre-bas , un peu comme si j’entrais dans leurs jardins.  





                                 Village de pêcheurs à l'ouest de praia de Faro.



Deux mondes si proches physiquement  et si lointains dans leurs modes de vie semblent (?) s’ignorer. L’un survit, l’autre flambe,  avant leur disparition conjointe,  évidente sous les assauts de la mer. 

Cette superbe randonnée d’une douzaine de kms a été pleine de contrastes : sauvagerie du paysage à l’Est, quiétude de la lagune, bourg animé , richesse des «  intrus" et pauvreté de la véritable population , mer agitée côté océan et calme côté lagune … Cette promenade émeut et bouscule sentiments et sensations, interroge sur la société…  Inexorablement, cette langue de sable avec toutes ses habitations disparaitra (dans 20 ans, dans 50 ans, 100 ans?). Et la vie semble s’y poursuivre de façon naïvement tranquille.


Dimanche 7 novembre,


Aujourd’hui, j’ai traversé le pont et me retrouve côté continent vers l’ouest où un chemin pédestre et cycliste a été aménagé au bord de la lagune, juste sous le passage des avions qui atterrissent ou décollent bruyamment à proximité. Les oiseaux se sont habitués et sont bien présents et les espèces habituelles sont bien là. Aujourd’hui encore, c’est une belle randonnée avec la nature.  Je n’ai pas encore vu de caméléon  mais j’ai repéré, sur un plan d’eau, trois petites tortues qui se reposaient, camouflées sur des touffes de roseaux. 

Hier soir, j’ai quitté Praia de Faro pour me rapprocher de la ville de Faro où Java sera sorti de l’eau demain. Et là, avec le soleil couchant dans le dos, une bonne cinquantaine de flamants roses  en vol étiré ont défilé juste devant le bateau: spectacle magnifique aux couleurs étincelantes avec un rose d’une brillance extrême. 


Lundi 8 novembre,


Ca y est, Java est à sec, juste devant la lagune, sur un  terre-plein propre et cimenté en compagnie d’environ 150 autres voiliers et bateaux de toutes nationalités. La saison de navigation est terminée pour cette année. Elle a du s’adapter au covid. Deux années de rang, j’ai dû annuler ma grimpette vers le nord, l’Ecosse puis la Norvège. Je me suis rabattu sur la Bretagne puis sur la Galice et enfin sur l’Algarve. En Algarve, le climat est magnifique mais la navigation n’est pas évidente,  surtout par faute de vent. En deux mois, les journées favorables à la voile ont été rares. L’Algarve est hypertouristique. Ca navigue beaucoup ... surtout au moteur,  dans  les lagunes, les ports, les rivières, les chenaux … Il n’est pas facile de dénicher des  mouillages calmes. La grande Ria Formosa est perturbée en plus par l’aéroport de Faro.  Maintenant, je connais quelques endroits acceptables.

Etant arrivé après la pleine saison, je me suis tout de même régalé de belles randonnées . Mais ces ballades ne sont pas non plus forcément évidentes.  Le tracé des randonnées est , ou bien trop artificiel ou bien trop aléatoire avec beaucoup de pistes campagnardes ou forestières pas vraiment jolies, sans oublier les nombreux chiens en liberté plus ou moins agressifs qui errent sur les chemins . 



 

" Cuidado con o cao" , attention au chien en Portugais. Les chiens en liberté sont nombreux et pas forcément sympathiques. 





Jeudi 18 novembre, La Forêt Fouesnant.


Voilà, je suis de retour au bercail.

Ces derniers jours, mon ami Bernard, faute de pouvoir se rendre à Madagascar,  est venu me rejoindre. Nous en avons profité pour visiter les bons coins que je connaissais et notamment Praia de Faro, Culatra et Olhao. Le beau temps nous a permis  d’optimiser nos randonnées ornithologiques qui nous ont comblé avec notamment l’observation d’un blongios nain, d’une poule sultane, d’un gorgebleu, de nombreuses fauvettes mélanocéphales, d’ibis, de flamants roses, de cigognes …





                                        Sardines grillées au menu avec bébert. 



Le temps s’est tout de même bien rafraichi en l’espace d’une dizaine de jours avec des températures diurnes ne dépassant plus les 20° et nocturnes frisant parfois les 10°. Chaque matin, mon chauffage Wallas était au boulot pour une petite demi-heure, permettant ainsi de profiter d’un petit déjeuner bien au chaud dans la cabine de Java, avant que le soleil ne réchauffe l’atmosphère. 


J’ai laissé ma fidèle monture maritime à priori bien à l’abri des diverses intempéries  sauf peut-être des diverses grosses catastrophes naturelles: tremblement de terre, tsunami … 

J’ai retrouvé la verte Bretagne toujours aussi belle et vivifiante. Je toujours content de partir mais toujours aussi content de revenir. 






Au printemps prochain . Kenavo.


Gildas.


PS: Liste des oiseaux vus et identifiés, en Algarve cet automne.


Aigrette garzette

Avocette élégante

Barge à queue noire

Bécasseau sanderling

Bécasseau variable

Bergeronnette grise

Bergeronnette printanière

Blongios nain

Canard chipeau

Canard colvert


Canard pilet

Canard souchet

Chardonneret élégant

Chevalier gambette 

Chevalier guignette

Chevalier aboyeur

Cigogne blanche 

Cochevis huppé

Courlis cendré

Courlis corlieu


Echasse blanche

Etourneau sansonnet

Faucon Crécerelle

Faucon crécerellette

Fauvette à tête noire

Fauvette mélanocéphale

Flamant rose

Fou de bassan

Foulque macroule

Fuligule Milouin.


Gallinule poule d’eau

Geai des chênes

Goéland argenté

Goéland d’Audouin

Goéland brun

Gorge bleu

Grand cormoran

Grand gravelot

Grand labbe

Gravelot à collier interrompu


Grèbe castagneux

Grèbe huppé

Gros bec casse noyaux

Héron cendré

Héron garde boeuf

Hirondelle rustique

Hirondelle des rivages

Huitrier pie

Huppe fasciée

Ibis falcinelle


Martin-pêcheur d’Europe

Merle noir

Mésange charbonnière

Milan royal

Moineau domestique

Mouette mélanocéphale

Mouette rieuse

Océanite tempête

Perdrix rouge

Pic vert


Pic épeichette

Pie bavarde

Pie bleue

Pigeon ramier

Pinson des arbres

Pipit farlouse

Pouillot fitis

Pluvier argenté

Roselin githagine

Rouge gorge


Rouge-queue noir.

Sarcelle d’hiver.

Spatule blanche

Sterne caspienne

Sterne naine

Tadorne de belon

Tournepierre à collier

Tourterelle turque

Traquet motteux

Traquet patre


Vanneau huppé

Verdier d’Europe















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