mercredi 25 février 2015

Santa Antao "Fontainhas", un rêve 24 février 2015



Porto Novo est la ville principale de l’île de Santo Antao ( la plus agricole de tout l’archipel et peuplée de 50 000 habitants) distante d’une quinzaine de miles de Sao Vicente. Elle est située sur la côte sud-est en bas de la montagne aride.

Ce matin, à 8 heures, j’ai pris le petit ferry qui va de Mindelo à Porto Novo. Environ 1/4 des passagers étaient des touristes. Accoudé au bastingage, je regardai la mer. Mais quel est donc cet oiseau qui vole bizarrement au ras de l’eau? Drôle d’oiseau, ce premier poisson volant que je vois!

Sur le ferry, j’ai rencontré des jeunes qui naviguaient aussi sur d’autres voiliers en escale à Mindelo ( comme skiper pour l’un, comme équipiers pour d’autres…). Nous échangions plus ou moins facilement en français, anglais, espagnol … Nous avons débarqué dans une gare maritime récente qui me paraissait immensément disproportionnée. A la sortie, en haut des escaliers, une quinzaine  de chauffeurs d’aluguers ( taxis collectifs locaux)  s’égosillaient pour attirer  l’attention des arrivants. Des femmes vendaient notamment des fromages de chèvre, des confitures, du poisson séché et des petites pommes. Finalement, nous sommes montés tous dans un Nissan en bon état et aux places toutes occupées. Le  chauffeur sympathique  parlait un peu le français. Il s’arrêta  à de multiples reprises pour nous permettre  d’admirer des vues magnifiques et prendre des photos. 

Il était décidé de nous emmener à Ponta Do Sol sur la côte nord, en passant par la montagne. La route  entièrement pavée ( comme la plupart sur l’île: quel boulot!) , tournait et virait continuellement . Nous avons atteint 1200 mètres ( point culminant de l’île volcanique 1979 mètres). Dans la montée, surtout des acacias rabougris colonisaient ce versant sud-est, pas très réjouissant où quelques troupeaux de chèvres semblaient égarés. 

Puis nous avons atteint les sommets noyés dans les forêts de pins, d’eucalyptus et de cyprès. A partir de là, le paysage est devenu magique et vivant. Dans les montagnes très escarpées, la route pavée se tortillait, longeant par-ci un plateau agricole ( cultures de divers types de pommes de terre et de tubercules,  de maïs, de diverses légumineuses…) ou par là de profonds ravins. Nous traversâmes des villages aux apparences de vie autarcique avec basse-cours, chiens, chèvres, ânes en liberté, et fruits et légumes à portée de la main. La population métissée entre Africains et Portugais, pauvre sans doute mais pas misérable, entretient efficacement  les minuscules et superbes terrasses qui s’étendent sur de grandes surfaces. Comme bien souvent ici au Cap Vert ( et un peu aux Canaries), beaucoup de maisons construites en parpaings restent inachevées. Dommage!

Après Ribeira Grande sur la côte, nous avons longé la mer jusqu’à Ponta Do Sol, gros bourg local et port de pêche minuscule où les bateaux sont systématiquement mis au sec après chaque sortie. Victorino , le chauffeur de taxi, nous conseilla une petite randonnée de 7 kms le long d’un chemin surplombant l’océan jusqu’au village de Fontainhas  ( 100 habitants) situé environ à 300 mètres d’altitude  et à 500 mètres d’une crique sableuse  où s’éclatait la mer bousculée  par les alizés puissants. 


Fontainhas 


Ce fut l’une de toutes mes meilleures ballades de mon existence , presque intimiste, hors du temps, dans un paysage spectaculairement  beau et pourtant remanié par la main de l’homme qui, ici, avait su s’adapter à la nature ( et non l’inverse).  Fonteinha est lové sur un piton en bas de la montagne et entouré de vastes étendues de cultures en terrasses ( fruits et légumes multiples).  Des petites amenées d’eau cimentées et nonchalantes  y serpentent en suivant les courbes de niveau et viennent irriguer l’ensemble des terres cultivées. Quelques chants de coqs, quelques  bêlements et aboiements donnent encore plus d’équilibre à cette harmonie visuelle. 


                                           Et la plage cachée dans l'anfractuosité.

Les petites maisons colorées , proprettes et modestes s’accrochent sur la pente,  se blottissent les unes contre les autres. De minuscules ruelles étroites, toutes tordues, escarpées, inattendues  les desservent souvent par un escalier extérieur. Nous y avons même déniché un bar et un hôtel ( restaurant?) minuscules.


Elle n'est pas belle la vie?


Aujourd’hui, j’ai touché des yeux du superlatif de la beauté restée, pour l’instant,  plus fonctionnelle, plus vivrière que touristique. Toutes ces images revenaient en boucle sur le chemin du retour prouvant bien que j’avais  bien vécu une réalité et non un rêve.







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