lundi 23 février 2015

Départ blog Février 2015

Mindelo, le 23 février 2015,

Bonjour à tous,


Le sujet de ce blog "Javadrouille" tournera autour de mes croisières sur JAVA, voilier biquille de 9.70 mètres de long, 3.33 de large, 1.20 de tirant d’eau et environ 7 tonnes de déplacement à pleine charge.
Bien entendu vous pouvez commenter!


Je suis bien gardé par Jean Marc et Jean Pierre, mes voisins de ponton ( sur le voiler Lamourgate2) devant Java.



Le début sera sans doute laborieux et vous devrez m’excuser  pour les maladresses et mes fotes.

Je rédige ce premier article du carré de JAVA amarré aux pontons de la marina de Mindelo ( ville de Evora Cesaria) dans l’île de Sao Vicente au Cap Vert. J’y suis arrivé mercredi après midi dernier ( comme je vous l’avais indiqué dans mon précédent mail). 



A la demande de Vincent ( éternel insatisfait) , je vous résume ma traversée de El Hierro aux Canaries à Sao Vicente au Cap Vert , petit pays de 400 000 habitants ( ancienne colonie portugaise ) devenu indépendant en1975.

Naviguer à la voile nécessite, pour être serein, d’avoir du temps devant soi pour ne pas se fixer un programme trop précis et se retrouver dans un endroit et à un moment où il ne faudrait pas. 
A la voile, on ne part le mercredi de la semaine prochaine à 8 heures 03. Non, on s’y prépare pour être prêt. Puis la météo s’affine et se précise. Pourquoi lever les voiles par prévisions de vent nul ou vent trop fort? Attendre le bon moment évite les déconvenues. J’ai donc attendu quelques jours avant de partir de la Restinga. 
Après une semaine de calme, le vent revenait à compter du jeudi  12 février.  J’ai donc quitté la Restinga ce même jour vers midi pour Mindelo situé à environ 760 miles au sud-ouest, pour environ 6 ou 8 jours de mer selon les conditions météorologiques. J’éprouve toujours de l’appréhension avant de quitter un port. Elle disparait instantanément dès la dernière amarre lâchée.Le vent soufflait de nord-est à 10-12 noeuds et j’ai hissé les voiles dès la sortie du port et stoppé le moteur ( qui ne sera sollicité de nouveau qu’une 1/2 heure en arrivant à Mindelo). Puis une heure plus tard,  le vent est passé nord-ouest en forcissant à 25 noeuds. J’ai enroulé ma grand voile à 3 ris, tout comme  le génois. Jusqu’à 4 ou 5 heures du matin du vendredi 13 février,  le vent est resté volage tant en force qu’en direction m’obligeant à de fréquents changements de cap et de voilure. En plus, un paquebot a décidé de m’accompagner pendant quelques heures ( à petite vitesse sans doute en attendant de rejoindre un port au petit matin). 

Je suis seul à bord et doit donc gérer au mieux mon sommeil pour naviguer le plus reposé possible.  Cette première nuit ( comme toutes les premières nuits en général puisque la proximité  de la côte oblige à une bonne surveillance) a été fatigante. 
Le lendemain matin,  vendredi 13 février, le vent s’est établi nord-est pour ne plus changer en direction. JAVA le recevait à 170° bâbord donc presque vent arrière. J’ai tangonné  le génois,  et  sorti 3 m2 de grand-voile pour adoucir le roulis tout en limitant le risque de déventer le génois.  J’ai conservé ce schéma jusqu’à l’arrivée En dehors des manoeuvres de tangon, je ne sors que rarement de mon profond cockpit  protecteur  et je suis harnaché. J’étais déjà à 100 miles des Canaries et  à plus de 200 miles des côtes africaines au large du Maroc, puis du Sahara puis  de la Mauritanie. Je n’ai pas été bousculé par le nombre de navires ( j’en ai  vu deux au total à distance respectable) et j’ai globalement bien dormi et les jours et les nuits qui ont suivi. 
Le temps était nuageux mais sec avec une température diurne à 20° environ et nocturne à 16°. Le vent soufflait régulièrement entre 20-25 noeuds. La mer était agitée sans plus mais vide d’oiseaux et de mammifères marins. 



Puis le vendredi soir, le vent est monté vraiment fort vers les 21 heures et pendant environ 6 heures aux alentours de 35-40 noeuds bien tassés. Avec 2 m2 de grand voile et 1 m2 de génois , JAVA avançait encore à 6 noeuds.  Dehors, le régulateur d’allure accomplissait merveilleusement bien son boulot et j’étais bien au chaud, calé confortablement sur ma bannette malgré une mer devenue forte. Puis le vent est redescendu à 20-25 noeuds établis et je n’ai quasiment plus touché aux voiles jusqu’à 5 miles de l’arrivée ( sauf comme tous les jours,  une fois le soir pour réduire la voilure et une autre fois le matin pour remettre les gaz). Je me suis contenté de régler le régulateur d’allure de temps en temps, c’est tout: la vraie croisière quoi! J’ai lu,  rêvé, dormi. J’ai admiré la mer animée, les vagues, les embruns … J’ai  vu quelques oiseaux et quelques dauphins. Les couchers de soleil ont été quelconques mais le ciel parfois bien étoilé dans les nuits sans lune était bluffant de profondeur et d’infini.

J’étais reposé, dormais à ma guise tant le jour que la nuit avec  toujours les oreilles hypertrophiées  et les antennes déployées. Tout s’est bien déroulé. Se retrouver seul au milieu de nulle part apporte toujours des états particuliers de perception de l’environnement, de l’existence, du temporel. Ce sont des moments privilégiés de déambulation de l’intellect. 
Je limitais volontairement ma vitesse à 6 noeuds maximum le jour et 5 noeuds maximum la nuit. Le bateau ne souffrait pas, ne tapait pas. Le confort était maximum et la sécurité assurée. Sans raison évidente, pendant quelques heures, le mardi 17 février, la mer est devenue saccadée, anarchique, désagréable voire même pénible. La bannette était le seul endroit où j’étais bien. Je ne m’en suis pas privé. Au fil des années,  le mal de mer a déserté. Quel bonheur!
Tous les soirs vers 20 heures, je sortais le téléphone satellite de son étui pour donner quelques nouvelles : «  ben non, je n’ai pas encore coulé… , tout va bien ».

J’avançais sans forcer et régulièrement de 125-130 miles par jour et suis arrivé à Mindelo vers 16 heures, le mercredi 18 février ( pas de bol, le carnaval finissait tôt ce même matin !!!). Par contre, le vent a de nouveau forci à 30 noeuds à quelques miles de l’arrivée ( toujours l’effet venturi à l’approche des côtes montagneuses) et même dans le port, le vent était toujours aussi fort, voire plus avec des rafales subites. Plus encore, dans ces situations ventées , la préparation du bateau est importante avant de venir s’amarrer au ponton dans les meilleures conditions possibles. Cette préparation me prend un bon  1/4 heure quand je suis seul: pose de 4 défenses de  chaque côté de la coque  , pose de la défense d’étrave puis mise en place de deux amarres devant , deux autres au milieu du bateau et deux autres derrière,  toutes bien lovées et enfin mise en ordre de tous les bouts qui trainent sur le pont pour éviter de s’y prendre les pieds. L’accostage  s’est bien déroulé avec l’aide d’un « marinero » qui a saisi l’amarre que je lui ai tendue. J’étais heureux d’arriver à bon port après 6 jours de mer.

Ca te va, Vincent?



                                                        La marina de Mindelo.

Mindelo , ville de 40 000 habitants  est considérée comme la capitale culturelle du Cap Vert ( tandis que Praia en est la vraie capitale sur l’île de Santiago à 150 miles plus au sud). Dans le port, le vent de 20-25 noeuds est habituel et atteint même parfois 40-45 noeuds . Mieux vaut être bien amarré.  La population du Cap Vert, plutôt jeune,  est un métissage d’Africains et d’Européens surtout portugais . 
Les marchés aux poissons et des fruits et légumes sont animés, originaux avec une consonance déjà nettement africaine.


Le marché couvert.

 La propreté est acceptable et l’eau est normalement potable « presque » partout. 
La musique est bien présente un peu partout avec beaucoup de music live dans les bars et restaurants. Hier le carnaval de Mindelo a été enterré et les effigies ont été noyées dans  le port au rythme des percussions, des chants et des cris, par une foule de quelques milliers de personnes.


Evora Cesaria était de Mindelo.


Je m’apprête de nouveau à reprendre la mer dès jeudi prochain pour les Antilles.

Bises à tous.

Gildas.

PS: c'est un premier article essai. A vos remarques.







2 commentaires:

  1. Salut mon p´etit camarade,

    Parfait, tu vois bien que des fois je suis content... Ça m'ouvre les papilles de l'imagination et stimule pleinement les envies!
    Alors cette fois tu es prêt à traverser, seul?
    On te salut
    Vincent

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    1. Ben oui, oui, ma caille, je pars seul jeudi matin pour la Martinique. Demain je visite Santo Antao, l'île voisine, mercredi, je prépare Java.

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