samedi 15 août 2020

Les îles Scilly ( suite)



Jeudi 6 août , mouillage de West Porth sur Bean puis à l'échouage dans le port de Old Grimsby Harbour.


Pendant deux jours humides et assez venté, j’étais aux abris à Green Bay puis j’ai passé une nuit à l’échouage seul sur la plage de West Porth au sud de l’île de Tean parmi les cris des goélands, des huitriers-pies , des courlis … 


Le lendemain matin, le beau temps est bien revenu et je me suis mis à l’échouage sur la plage de Old Grimsby Harbour. J’ai rejoint mon frère et sa petite famille, montés eux aussi sur leur voilier pour quelques jours. Nous en avons profité pour visiter le grand et magnifique "Tresco Abbey  Garden", 186 ans d'existence,  avec des plantes exotiques qui proviennent du monde entier.

Je l’avais déjà  visité et revisité  toujours avec plaisir. Cette fois-ci , c’est encore l’enchantement: de l’espace, peu de monde, des couleurs, des arbres, des fleurs, des cultures, un agencement pensé et réfléchi, de la réflexion, de l’art, … toujours un même moment délicat et délicieux dans cet environnement improbable. 



        Les trois capitaines,  aux allures d'ornithologue, de joueur de foot et de bourlingueur.



Le temps était correct avec des trouées de ciel bleu. Les allées étaient presque vides!?  Nous en avons profité un maximun en déambulant dans toutes les allées et sur les pelouses pendant quelques heures.   



                                          Le jardin est véritablement un feu d'artifice.



                                                            C'est beau partout.






                                              Avec des associations de couleurs.



                            Gaia , la "déesse mère" de la mythologie grecque. 


Cette grande sculpture a été taillée dans une pièce de marbre multicolore provenant de Sud Afrique, donnée par Georges Harrison des Beatles, et réalisée par David Wynne ( comme bien d'autres dans le jardin).




                          Comme celle-ci " Tresco Children" toujours réalisée David Wynne.




A la sortie, passage par  le "Vahalla Figurehead" (musée de figures de proue de divers navires ).


En soirée, j’ai rejoint le mouillage de Higher Town Bay sur l’île St Martin, toujours à l’échouage. Hier, j’ai fait le tour de l’île ( 237 hectares, 110 habitants) en empruntant le sentier côtier tortueux. Il monte et descend à travers une lande rase, de bruyères  ou de hautes fougères  Le  nord, rocheux, déchiqueté, à la végétation rase, pelé par le vent contraste avec le Sud au paysage plus agricole protégé derrière haies et talus. Une même île, deux facettes opposées. 



                         Java ( sur la gauche) seul voilier au mouillage à Higher Town Bay. au sud de l'île. 




                    D'autres superbes mouillages possibles au nord de l'île.





           Amer caractéristique et visible de loin ( 56 mètres à la ponte ) au nord-est de l'île . 




Samedi 8 août, mouillage de Great Ganilly.


J’y ai mouillé hier soir, dans une brume épaisse, après avoir pêché , en quelques minutes, 2 beaux lieux à l’est des Eastern Isles par 15 mètres de fond. Puis j’ai été poser mon casier sous l’oeil intéressé d’un phoque gris,  en essayant de ne pas perdre Java de vue ( presque pire que sur les bancs de Terre Neuve). 



                                            Voilà du beau lieu de petite profondeur.


Ce matin, le temps s’est mis au beau et de nombreux phoques et cormorans évoluent à proximité . J’ai recueilli quelques étrilles dans le casier et l’ai replacé un peu plus près du bateau.




Beaucoup de phoques aux Scilly, un peu partout , probablement de plus en plus. Plein de cormorans, plein de phoques ... et plein de poissons !!!  mais surtout peu de pêcheurs à 2 pattes.



Dans ce golfe presque fermé des Eastern Isles, six voiliers sont mouillés bien à distance les uns  des autres,  donnant une impression de plus grand espace, chacun sur son petit domaine ( en France , les 6 voiliers se seraient retrouvés dans un mouchoir de poche ...). Nous sommes tous bien à l’abri du vent de nord qui va souffler modérément pendant quelques jours.  



Nous sommes en pleine saison touristique mais les scilly restent un endroit calme, protégé, lointain,  onéreux  et donc bien loin de la foule. Tout paraît dispersé, dilué. Le Codvirus 19 calme même les ardeurs de la clientèle des pubs et les promenades en bateau imposent le masque. Ambiance bizarre, un peu surréaliste d’une épidémie qui ne s’essouffle pas vraiment. 

Les scilly sont comme un grand lagon avec de multiples entrées sur l’océan. Selon la direction et la force du vent, il faut s’adapter et se déplacer pour rechercher le meilleur abri. Ici il n’y a pas de marina. Une quarantaine de bouées accueillent les visiteurs à Hugh Town , solides mais très exposées, une horreur par mauvais temps. Une trentaine  d’autres bouées à New Grimsby Harbour  et Old Grimsby Harbour et quelques autres à l’Ouest de St Martin sont mieux protégées. Par gros mauvais temps, les quillards ne sont pas à la fête , les bateaux échouables peuvent espérer mieux se planquer. Mais quand la mer est vraiment méchante, trouver un véritable bon abri devient illusoire.  Par contre,  par temps  correct, les possibilités de mouillage sont innombrables. C’est selon l’humeur, selon les habitudes, selon ses projets.  En saison, environ une centaine de voiliers ( beaucoup d’Anglais bien sûr mais les Bretons sont également très nombreux) croisent dans l’archipel et au bout de quelques jours, on finit par en connaître beaucoup. Généralement, les séjours sont longs. Beaucoup d’habitués reviennent d’année en année depuis 10, 20, 30 ans … et ne s’en lassent pas. Les points d’eau sont rares: à quai à Hugh Town ou avec jerricans à Bryher et Tresco, un autre dans les toilettes de St Agnés. C’est tout à ma connaissance. 

Venir aux Scilly, c’est une plongée au milieu de l’Océan, dans un mélange "populo-aristocratique » particulier, presque figé, au sein d’une nature préservée et protégée, le tout exposé aux caprices météorologiques. Venir aux Scilly est un privilège. Les capacités d’accueil sont réduites et les locations très, très chères ( sauf dans les rares petits campings). Les transports sont également très onéreux.  Mais attention, c’est un peu comme l’île de Sein, ou on aime beaucoup  ou on aime pas du tout. Moi, j’adore. 



Dimanche 9 août Mouillage The Cove St Agnès.


Ce matin, en quittant le mouillage de Great Ganilly, je suis passé dire salut aux phoques. Un peu curieuses mais méfiantes les bestioles tout de même, dès qu’on approche, elles plongent.

Puis c’est parti pour 4 milles de voile peinarde jusqu’à St Agnès ( 148 hectares, 70 habitants). Le temps est superbe. J’y arrive vers midi: déjà une trentaine de voiliers dans l’anse "The Cove « , que des Anglais à part  4 Français. Cette année, les Anglais ne sont pas descendus en France et les Français sont peu montés en Angleterre ( codvirus 19 oblige). Ca fait presque mouillage de la Bretagne Sud en pleine saison . Pas vraiment très calme. Mais je suis là pour faire le tour de l’île en randonnant sur les chemins côtiers : 5 kms effectués peinard. Ils sont tous à la plage. 



               Java en tête au mouillage de The Cove sur des eaux magnifiques.





Camping de St Agnés "très ordinaire" mais peu "onéreux" comme ceux de Saint Martin's, Bryher et St Mary's


18 heures, je dégage vers un endroit plus tranquille pour passer la nuit. Allons-y pour Tresco avec tour de l’île pour demain. 


Lundi 10 août Mouillage Old Grimsby Harbour à Tresco.


Peinard au mouillage, 5 ou 6 voiliers sur un bel espace. 

Très belle randonnée de 10 kms autour de l’île par temps ensoleillé à 18°.  Toujours ce contraste entre le sud et le nord.  En récompense, une pinte de ale sur les tables extérieures au New Inn, beau pub très sympa. 



                  Java à Old Grimsby Harbour, toujours des magnifiques mouillages.




                                Beaucoup d'agapanthes sauvages sur les dunes.





                        Beaucoup d'érosions par endroit. Chaque année le sentier recule.




                     Petits sentiers de randonnée bien agréables au coeur de cette petite île. 




                     Maisons typiques à Tresco  avec de beaux jardins soignés.





                  Sur les hauteurs du nord , seule la lande rase résiste aux vents. 



                 
Le " Cromwell Castle" domine New Grimsby Harbour.




                                                Vue sur  Old Grimsby Harbour.



Mardi 11 août Mouillage à Porth Cressa à St Mary’s.


Mouillage encombré et distanciation entre les bateaux pas vraiment respectés et pourtant, la place ne manque pas pour les 35 bateaux!

Belle randonnée intéressante  de 12 kms sur la "grande" île des Scilly: 600 hectares et 1500 habitants. Temps plus ou moins brumeux. L’île est très vallonnée et pendant au moins une heure de marche, je n’ai même vu la mer. L’agriculture occupe une bonne moitié de l’île avec des pâturages, des pommes de terre, du maraichage , des cultures de fleurs … 





Queue de gens masqués devant le supermarché de l'île!




                                Le port principal des Scilly: Hugh Town à St Mary's


                                    Environnement étonnant au coeur de l'île, presque tropical.


                                                          Ils ont plantés de la vigne!


                                                                  Et aussi des pommiers.



                     Ballade à cheval au fond d'un port à l'entrée "pourrie": Porth Hellick.


                   Head Light House vous salue bien en arrivant et en sortant de l'archipel. 


                                             Maisons typiques de St Mary's.



Mercredi 12 août.


Le moment est venu de redescendre en Bretagne. Les prévisions météorologiques ne sont pas folichonnes  les jours qui viennent : pas de vent ou dans le nez, passages d’orages, visibilité médiocre, pluies possibles … Rien de mirobolant. Je décide quand même de quitter les Scilly aujourd’hui et quitte Porth Cressa vers les 17 heures, direction la Bretagne, de l’Abber Wrac’h à Port La Forêt en fonction des circonstances.


Je fixe un cap sur Ouessant, côté baie de Lampaul à environ 100 milles. Le vent du nord est faible et j’avance à 2,5-3 noeuds , voiles en ciseaux, génois tangonné et grand voile retenue. Le traffic est calme , même pas vu un bateau dans le rail sud Scilly.  Pendant les premières heures, la visibilité est bonne. La mer est belle. La nuit est noire. J’aperçois des éclairs au loin dans le nord pendant quelques heures. Je me repose par période de 10 minutes. 


A 2h30 du matin, le vent devient inexistant. J’ai parcouru 31 milles en 9 heures ! J'enroule les voiles et mets le moteur. La visibilité est médiocre, le brouillard est tombé. 

3 heures du matin, un voilier navigue à moins d’un mille de moi, avec un cap et une vitesse changeants. Je ne sais pas à ce qu’il joue mais en attendant, je ne peux plus me reposer et dois le surveiller en permanence sur mon écran AIS. Le petit jeu dure 2 heures. Je finis par ralentir au maximum pour le laisser s’éloigner. Le brouillard est très épais, la visibilité est nulle. Ce brouillard restera présent jusqu’à mon arrivée .

9 heures, j’attaque la partie descendante du rail d’Ouessant sur 5 milles : je ne croise qu’un seul bateau ! 

A 12 heures, j’attaque la partie remontante du rail et je ne verrai qu’un seul bateau  qui est déjà passé devant moi. En réalité, je n’ai rien vu puisque le brouillard est toujours aussi épais. Même à l’AIS, c’est le désert. Normalement, j’aurais du croiser au moins  15-20 bateaux! Ce traffic maritime si clairsemé ne peut être que la conséquence du Codvirus 19. Je ne vois pas d’autre motif mais ce vide est ahurissant.

A 15 heures, j’attaque le rail côtier et ne croiserai qu’un seul bateau. Le vent revient ouest sud-ouest faible. J’arrête enfin le moteur après 12 heures de fonctionnement! Je déroule les voiles. Le brouillard est toujours là mais au moins le silence revient. Le bulletin météo parlait d'une visibilté de 50 mètres à Ouessant et plusieurs bulletins d'appel à la  prudence seront diffusés à la VHF. 

Je croise deux bateaux de pêche. Quelques fulmars viennent voler autour de Java. Quelques bandes de dauphins passent près de Java sans s'arrêter. 

A 18h30, je passe la pointe ouest d’Ouessant mais décide de continuer sur Camaret pour faire le plein d’eau et de gaz oil. Sur bâbord, je laisse le phare du Nividic puis celui de la Jument que je devine à travers la brume. Le vent est faible, le coefficient de marée très bas, il n’y a pas eu de coups de vent récent. Et Pourtant la mer est pénible, désordonnée, clapoteuse, pseudo-déferlante et "malmène" Java. Elle montre les gros bras et me laisse imaginer ce dont elle est capable les mauvais jours de tempête. Cette partie de la mer d’Iroise est un coin « pourri » , à éviter à tout prix quand le vent commence à être fort. Ca refroidit de s’imaginer ici dans de sales conditions. Puis le vent forcit à 15-20 noeuds et je termine les derniers milles au portant. 

A 23h30, il fait nuit noire, il pleuviote, je mouille dans l’anse de Camaret devant la plage du Corréjou.  J'ai parcouru 130 milles  en 30 heures , moitié voile, moitié moteur, la grande majorité du temps dans de la purée de pois. 

La nuit sera calme et le sommeil lourd. 


Pendant ces deux semaines, j’aurai visité toutes les îles habitées des Scilly.  Le point culminant est de 56 mètres mais toutes les îles sont très vallonnées et paraissent bien plus grandes qu’elles ne le sont en réalité. 

Le cod virus 19 a bien compliqué le séjour. Je me suis quasiment abstenu de  fréquenter les lieux publics et ai réduit  les relations au minimun avec les gens … La météo a été plutôt agréable mais normalement fraiche ( 18° max),  juste idéale pour randonner. Je me suis régalé de la beauté de cet archipel, petite perle encore méconnue au large de la Cornouaille anglaise, sauf des voileux et de quelques privilégiés possédant ou louant des cottages ou séjournant dans des structures luxueuses. Seuls  4 ou 5 camping  restent abordables ( mais les places souvent réservées d'une année sur l'autre). 





                                                    Dans le Jardin de l'Abbey de Tresco. 



Gildas. 


mardi 4 août 2020

Paimpol- les Scilly

Je quitte Paimpol  le mercredi 29 juillet vers 14 heures, direction Port Blanc pour l’attente du départ sur les îles des Scilly. Beau temps, belle mer, navigation lente dans un petit vent de nord ouest. 
J'ancre dans la vaste zone de mouillage à Port Blanc. A 4 heures du matin, je sors  du port dans la nuit noire , à la marée haute pour bénéficier du courant, direction les Scilly à 135 milles.  

     

                         Je laisse les sept îles derrière moi quand l'aube pointe le nez.


Le ciel est merveilleusement étoilé, le vent nul. Je navigue au moteur pendant 3 heures. Puis je déroule les voiles . Le vent est un peu changeant de nord-est à sud-est, faible. J’avance à 3-4 noeuds. 
Jusqu’à midi, je vais croiser de nombreux pêcheurs,  et un dauphin complètement délirant dans des sauts fantastiques. 
Puis c’est le désert pendant 3 heures, pas un bateau en vue. Vers 15 heures, j’attaque les voies maritimes, d’abord la montante puis la descendante que je traverse à angle droit. Ce sont toujours des dizaines de navires, cargos, pétroliers, tankers, chimiquiers, porte-conteners, … que l’on voit et entre lesquels on doit se faufiler le mieux possible. Pour accélérer ce passage, j’ai mis le moteur à 2 ou 3 reprises pendant un petit quart d’heure. Vers 19 heures, je suis sorti du « rail ». Et de nouveau,  le calme revient mais relatif tout de même: toujours surveiller,  les pêcheurs surtout. La canicule sévit en France, ici en Manche, je supporte ma polaire et mon jean, juste bien. 


Java en noir , bien entouré, sur la route des cargos et autres ...


23 heures, la nuit est tombée mais une presque pleine lune maintient une luminosité propice à la rêverie. Toujours le même vent ,  voiles en ciseaux , et pilote électrique à la barre. Vers 2 heures du matin, je devine les lumières de la côte,  vers le cap Lizard.  Vers 4 heures la lune se couche. La nuit est totale et sans pollution lumineuse,  le ciel est merveilleusement étoilé, la voie lactée fantastique. Ce sont des corps célestes en nombre inimaginable qui scintillent et me remettent à ma place, celle d'un humain ridiculement petit, perdu dans un cosmos  infini … L’éternité se vit ici à chaque moment avec cette sensation de petitesse dans un univers tellement démesuré. L’éternité se déroule là sous mes yeux à chaque seconde comme une incompréhensible sérénité écrasante et résignée de choses qui nous échappent.  Je vis des moments forts sur cette mer toute sage accompagné par le bruissement et le glouglou de l’eau le long de  la coque de Java qui avance calmement à quelques 3 ou 4 noeuds. 

6 heures, le jour se lève, le soleil peu après, pimpant,  et je me vois arriver peinardement  aux Scilly, à petite allure mais sûrement, pour les 20 milles qui restent. Ben, non. Devant moi, une masse brumeuse s’apprête à m’absorber, à m’engloutir et je m’attends à une absence totale de vent. Que nenni, brutalement le vent passe d’Est à Ouest Sud-Ouest en forcissant à plus de 20 noeuds! J’enroule mon génois, déroule ma trinquette et réduit ma grand-voile, au prés. La visibilité est quasiment nulle et je suis dans une bruime collante, sombre qui ne me quittera plus jusqu’à l’arrivée.  Le vent s’amuse en force et en direction. La fin de la  croisière est donc un peu animée mais dans cette purée de pois, j’ai l’impression que je vais aboutir nulle part. Dans ces conditions, la surveillance est constante, dedans devant l'écran  de cartographie et  d’AIS et dehors en écarquillant les yeux. A 10h30, je pénètre prudemment à  vitesse lente dans le « St Mary’s Sound » et me dirige vers Porth Conger entre les îles  de St Agnes et de Guth où je mouille face au sillon sableux tout au fond de l’anse, tranquille , en compagnie d’une dizaine d'autres voiliers. Il est 11 heures le vendredi 31 juillet. 135 miles parcourus en 31 heures ( à peine plus de 4 noeuds de moyenne) dont 4 heures au moteur. 

Ce fut une traversée agréable, plutôt tranquille avec une bonne visibilité sur une mer belle ou peu agitée ( sauf dans  les 20 derniers milles), Mais , en solitaire, ce genre de parcours est très  fatigant  et absorbant. La veille est constante et il faut gérer le repos et le sommeil. Dés le départ et dès que possible, je me repose ou dort par petite période de 10 -12 minutes maxi, jour et nuit, mon ancien i-phone jouant le rôle de minuteur.  

A 12 heures, tout est rangé. Je me fais une bonne salade et je n’ai même pas envie de me reposer.  Le temps s’éclaircit.  J’attends la marée haute pour rejoindre un autre mouillage plus tranquille et abrité sur Bryher. L’archipel des Scilly est un peu , en disposition, comme celui-ci des Glénan mais en beucoup plus grand ( environ 15 kms par 10), mais à part cela, aucune ressemblance.  A 16 heures, Java se faufile dans les chenaux qui mènent à Green Bay où je vais échouer sur fond de sable en compagnie d’une quinzaine d’autres voiliers     ( un quillard sur béquilles, 2 dériveurs intégraux,  2 catamarans et... 10 biquilles).  L’endroit est de rêve, migronet , paisible , silencieux en dehors des quelques beuglements de vaches,  des cris de mes « amis » les goélands , de quelques huitriers-pies et courlis…




Les scilly sont une terre de contraste: brouillard épais ce matin puis  temps dégagé et lumineux l'après-midi ( ici en route pour Bryher). Et de ces couleurs ...


            Grenn Bay, "mon" mouillage sur Bryher avec Tresco au fond. 

Vendredi 1 er août. 

Je visite la moitié sud de l’île , vallonnée , tantôt exposée au vent, tantôt abritée, tantôt sauvage, tantôt agricole, campagnarde. La bonne cinquantaine d’habitants à l’année ont su conserver une vraie vie à leur île: agriculture, maraichage, tourisme respectueux tout en douceur, quelques maisons secondaires, quelques artistes, deux  petits chantiers navals, deux ou trois troquets, autant de restaurants, des cottages dans leur jus  … 



                      Voilà le sud de Bryher: verdoyant, fleuri, abrité et habité.


Un charme fou. Une activité humaine paisible, calme sans cri, presque sans bruit. De superbes jardins potagers et fleuris blottis derrière des haies ou murets avec des agapanthes partout. Un pur bonheur. 



La route est à moi: une voiture toutes les demi-heures en période de pointe, unquad toutes les deux, quelques piétons ...

J’ai longé la côte sur les sentiers à l’ancienne, non balisés à même le rivage ou noyés dans la fougère et la lande des collines avec des points de vue étonnamment beaux.  Ce sont les endroits que j'adore ces endroits où je me sens presque chez moi aussi. Je fais  partie du décor comme si j’étais là depuis des années. Je retrouve une certaine ambiance de mon enfance. 
Ci dessous des photos de d'étalages de divers produits avec les prix affichés et une petite boite pour y mettre l'argent.


Ici produits de la ferme.



Ici vente de petites plantes locales.




                                                     A chacun sa présentation.


Mardi 4 août .

Ce week-end, j’ai continué à me balader sur Bryher et plutôt vers le nord de l’île, toujours sous le soleil. Il fait beau depuis mon arrivée ( sauf la matinée de bruime en arrivant). Toute cette partie de l’île est déserte, sauvage, escarpée, collineuse . C’est le royaume de la lande rase avec des ajoncs, des genêts, des bruyères tous rabougris par la puissance des vents. La mer est tout autour, vivante, bruissante. Les roches sur terre et sur mer sont foison. 


          Nord de Tresco avec  le vieux " Cromwell's Castle" à gauche, vue de Bryher. 


Hier , je suis parti à Port Cressa sur la grande île « St Mary » pour y retirer un peu d’argent ( seul endroit possible sur l’archipel). Vite fait, bien fait, j’ai parcouru les rues de Hugh Town où des gens masqués faisaient la queue devant les magasins. Même si à priori, aucun cas de codvirus 19 n’a été déclaré sur l’archipel, les mesures sont draconiennes. Certains bars vous demandent votre identité et un numéro de téléphone … Compliqué.
Ensuite je suis parti en face sur St Agnès et j’ai mouillé sur fond de sable tout au fond de la baie «  The Cove ». 



             Beau mouillage coloré sur fond de sable dans la baie de Cove ( Java au milieu).

En m’y rendant, j’ai rapidement pris 4 beaux lieux que je partage avec mes voisins et c’est souvent du troc. Je te donne un lieu et tu me files des crevettes ou l’inverse.



                                                         Voilà le premier.

 J’en ai profité, en une heure, pour faire le tour de la petite île «  Gugh quasiment désertique ( Seulement deux maisons le plus souvent inhabités), Haute d’une vingtaine de mètres, elle est le royaume de roches et de landes … et de mes copains les goélands qui y nichent en grand nombre. Les adultes  braillent et attaquent par derrière, les petits couinent connement... Quelques troglodytes se planquent dans le fougères, quelques linottes mélodieuses volent en gazouillant, quelques pipits maritimes répètent inlassablement leur même note lors de leur vol si caractéristique, les huitriers-pies émettent leurs cris stridents ...



                  Gugh, univers de landes à l'ouest et de fougères à l'est et royaume des goélands.




                                   Nord de Gugh séparé de St Agnés par Porth Conger

En fin de journée, je suis revenu à Grenn Bay, le temps s’annonçant venteux les deux jours qui viennent. 

Ci-dessous un spectacle du soir même,pour les confinés. Les deux photos sont prise au même moment , au même endroit.


                                                                Crépuscule à l'ouest.


                                                            Lever de lune à l'est.


Le séjour aux Scilly continue.

A plus.

Gildas.