L’année passée , le covid 29 avait déjà bien compliqué les navigations… et bien d’autres choses aussi…
Cette année, je me disais que la situation serait meilleure! Mauvaise pioche…
Cette année encore, ma navigation pour le nord et notamment vers la Norvège tombe encore à l’eau ( pour la 3 ème fois). Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Je crois que je vais laisser tomber la Norvège, tant pis.
Comme l’an passé, je me retranche donc sur la Bretagne. C’est loin d’être une punition puisque je l’adore mais comme je pense comme beaucoup de monde que l’herbe est encore plus verte dans le terrain du voisin, mes projets lorgnent toujours vers un peu plus loin.
Et je retrouve une joie immense, presque surprenante à découvrir et redécouvrir la Bretagne. J’y suis né et y vécu heureux mais sans en avoir eu vraiment la conscience. Les véritables randonnées pédestres de 10-15-20 kilomètres m’ont de nouveau ouvert les yeux sur la beauté du pays. Non seulement je regarde mais j’ai appris à voir plus et mieux. Et je m’y concentre. Je marche sans m’en apercevoir tant mes sens sont en éveil pour espérer profiter au maximun de tous les éléments que je croise.
Je me régale sur les chemins côtiers ou campagnards, peu fréquentés hors saison touristique et aussi pour cause de restrictions dues au covid ( je réussis pas à dire à la covid).
J’ai remis Java à l’eau fin mars et depuis j’ai navigué environ 3 semaines par petites périodes de trois à 10 jours. J’ai découvert des petits mouillages sublimes à portée de la maison! J’ai revisité les Glénan avec un oeil nouveau. J’ai remonté l’Odet jusqu’au Corniguel. Je suis descendu quelques jours sur Belle-île puis suis remonté à Port La Forêt en m’arrêtant à Groix. Ce sont tous des endroits que j’avais fréquentés à de multiples reprises dès le début des années 1980 où l’accueil de la plaisance dans les ports s’organisaient à peine.
Naviguer, mouiller, s’abriter et visiter autour de chez soi, pour ou comme une première fois avec pour repères les souvenirs notamment de son enfance et son expérience de vie. Tout un programme qui en pratique se révèle enrichissant et plein d’encouragements pour les années qui viennent. Les années passent. La retraite ouvre un gros capital temps. L’état d’esprit évolue aussi. Empressement, précipitation, boulimie s’amoindrissent également. Bref avec un état de santé préservé, le plaisir est peut-être encore plus grand, plus conscient et plus apprécié.
Pour la première sortie, Claudie et moi avons remonté l’Odet. Nous mouillons juste à l'entrée dans l’anse du Trez devant la grande plage de Bénodet pour un déjeuner pépère, plaisir tout simple, basique. Puis agréable et tranquille remontée de l’Odet entre les berges verdoyantes du printemps naissant, bien loin du traffic estival.
Anse de Saint Cadou: rien à voir avec cette fade photo. Un véritable cocon en réalité.
Depuis quelques temps, je voulais découvrir un petit coin perdu au milieu de nulle part, l’anse de Saint-Cadou en Gouesnac’h. J’hésitais presque à pénétrer dans le chenal tant l’entrée est étroite et bordée de rochers. Puis après 400-600 mètres environ, une petite anse offre son décor bucolique, perdu de collines boisées ( on devine les hauts d’un manoir vers le sud sinon aucune habitation visible). Nous y avons mouillé sur des fonds vaseux dans un 1.50 mètre d’eau (échouage obligatoire si gros coefficient de marée). Comment pouvais-je ignorer un tel endroit improbable et insolite si proche ? Nous y avons passé une nuit très fraiche mais paisible, silencieuse sur une eau totalement plate en compagnie d’un autre voilier.
Un des nombreux châteaux bordant l'Odet.
Avant de regagner Port La Forêt, nous avons mouillé devant la plage de Bot Conan en Fouesnant, encore un endroit magnifique à portée de la main côté ouest de la baie de la Forêt.
Mouillage à Bot Conan.
Mercredi 14 avril 2021
Java est au mouillage, dans la baie de La Forêt, côté est cette fois, à l’abri du vent de nord-est, devant la petite plage de Lanadan. Je m’apprête à regagner Port La Forêt distant de 1 mile. Les abris et mouillages y sont multiples dans un très bel environnement. Dans cette grande baie, la place ne manque pas. Les fonds sont peu profonds et les ancres s’y accrochent bien.
Je viens de passer deux jours au mouillage devant Penfret, côté ouest , bien à l’abri d’un vent d’est assez fort et bien frisquet malgré le franc soleil. Hier, je suis descendu sur l’île avec mon youyou. J’ai parcouru le petit chemin , la plupart du temps sableux qui fait le tour de l’île. L’activité voile du centre des Glénan tourne au ralenti. Je redécouvrais cette île où je n’avais pas débarqué depuis … 15-20 ans. Les oiseaux étaient nombreux. Les linottes mélodieuses voletaient à peu de distance devant moi en lançant leur gazouillis nasillard. Les traquets motteux se montraient plus distants, silencieux et plutôt solitaires. Par ci par là, des étourneaux, des corneilles marchaient sur les pelouses rases. J’ai également vu, quelques verdiers, quelques pigeons ramiers, quelques hirondelles de cheminée, … Sur les plages et le littoral, les goélands argentés et marins, les huitriers pies, les tourne-pierres, étaient nombreux. S’y mêlaient, quelques bécasseaux sanderling et variables, quelques canards colvert. Quelques sternes pêchaient tout près de la côte. Et là-bas bien plus loin, des fous de Bassan plongeaient « bille en tête », sur les bancs de poissons. De temps en temps, un petit lézard gris détalait rapidement.
La pointe nord est le domaine protégé des oiseaux de mer et surtout des goélands qui s’apprêtaient à plonger sur mon crâne alors que je me tenais à distance. Ca piaillait sérieux au-dessus des champs d’ajoncs fleuris et odorants qui entourent le phare.
Phare de Penfret.
Les eaux sont toujours de couleur sublime , le paysage est sauvage . Quelques anciennes maisons et quelques murs de pierre témoignent d’un passé un peu habité . Le centre nautique des Glénan a pris le relais. Des cabines de douche et de toilettes sèches entourent les lieux d’hébergements. Je me suis régalé pendant quelques heures à fureter sur les chemins , seul …
Les deux nuits ont été très fraiches, à peine quelques degrés. Mon petit chauffage au pétrole lampant Wallas n’a jamais été sollicité de manière aussi intense, non stop pendant toute la nuit, maintenant une température de 17° dans le bateau. Le pied.
Coucher de soleil sur Saint Nicolas vu du mouillage de Penfret.
Les glénan sont un endroit un peu magique comme sorti de nulle part, quasi-désert ces deux jours. Ces petits séjours sont des moments privilégiés loin de tout et pourtant si proches de la côte. Le spectacle est permanent entre les levers et couchers de soleil toujours aussi captivants.
Samedi 17 avril,
Claudie et moi retournons aux Glénan.
Depuis l’autre jour , j’ai lu un bouquin sur l’histoire des îles des Glénan « le cercle de mer » de Michel Guéguen et Louis Pierre Le Maître « édité par les auteurs en 1981: super bouquin pour qui veut connaître le vécu de l’archipel. Et j’y reviens avec une vision différente et comprends mieux tous les vestiges, anciens bâtiments, feux, phares, amers, vieilles fermes , viviers … . Je comprends mieux la vie paysanne et les diverses activités maritimes ( légales ou pas) liées entre elles, sans oublier les divers aspects financiers, militaires… Que d’aventures, que d’espoirs, que de souffrances, que de rudesse, que de revers, que de déceptions, que d’amertume … que de joies… parfois.
Nous sommes arrivés hier soir après une traversée tranquille sous voile , venant de Port La Forêt. Peu de monde en mer. Beau temps frais.
En compagnie de deux autres voiliers sur bouée, nous avons mouillé sur ancre juste devant le sillon qui relie l’île Saint Nicolas à celle de Bananec.
Mouillage devant le sillon.
Mon calcul de marée était trop juste et les deux quilles de Java ont tapoté le fond de sable pendant une heure ( juste à mer basse évidemment!) au milieu de la nuit alors que le vent de nord-est soufflait fraichement. Heureusement, nous étions bien abrités.
Ce matin, nous sommes descendus sur la plage du sillon ( sable blanc merveilleux) puis avons parcouru les chemins balisés de St Nicolas et longé la réserve des narcisses de Glénan actuellement en pleine floraison.
Les blanches narcisses de glénan endémiques de l'archipel.
Nous n’avons rencontré personne. Le désert. Tout est fermé. restaurant, troquet, centre de voiles … A quai, un bateau de pêche débarquait une lessiveuse de Homards: 30 euros le kg avec le pêcheur du coin. Nous reviendrons demain. Nous avons observé de nombreux oiseaux: goélands argentés et marins, bécasseaux sanderling, gravelots à collier interrompu, sternes caugek, cormorans, huitriers pies…, hirondelles rustiques, linottes mélodieusses, accenteurs mouchets, pouillots… Nous avons vu un lézard vert et de nombreux gris. En rentrant au voilier, nous sommes passés par Bananec qui protège un centre des Glénan pour mineur, totalement vide.
Four à soude sur Saint Nicolas.
Ensuite nous sommes partis mouillés à l’abri, au sud du Fort Cigogne en compagnie de 3 bateaux à moteur sur une mer toute plate et sous un beau soleil. Déjeuner à l’aise dans le cockpit. Puis nous avons ramé en annexe autour du Fort Cigogne tout en nous autorisant une petite escapade pédestre sur l’îlot ( toujours désert) mais des travaux de rénovations semblent imminents . « Le cercle de mer » raconte bien l’histoire de ce fort .
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Fort Cigogne sur son rocher.
Dimanche 18 avril,
Belle période de beau temps depuis quelques jours mais ça caille sérieux la nuit donc chauffage obligatoire. Nuit passée pépère, clapot négligeable.
Ce matin, nous avons déménagé et sommes venus mouillés au nord de Drennec. Petite ballade apéritive à terre autour de l’île où le centre de voile des Glénan occupe les bâtiments de l’ancienne ferme. L’île est quasiment déserte. Sur la belle plage, deux belles sirènes à poil se baigne frileusement. Sur les rochers, les goélands marins crient devant leurs futures nidifications, quelques couples de tadornes nagent dans les criques, les huitriers pies s’égosillent, les tourne-pierres, peu farouches, restent discrets, les pipits maritimes « pipitent ». La végétation est drue et cache en partie des murets de pierre qui s’écroulent de ci de là.
C’est la première fois que je mets les pieds sur Drennec, sans sentier côtier, mais le tour de l’île reste aisé sur le rivage rocheux ou sableux.
Le mouillage est des plus calmes avec une vue vers l’ouest, impressionnante de profondeur, sans aucune présente humaine. Parfois un zodiaque passe calmement. Un air de dépaysement tout près de chez soi.
Lundi 19 avril,
Nous avons mouillé à l’anse Stervat au Loc’h, île appartenant à la famille Boloré depuis des décennies. Les bâtiments ont été entièrement rénovés. Une clôture de bois entoure toute l’île gardée en permanence par un vigile qui se ballade en voiture électrique … en surveillant le troupeau de moutons: drôle de paysan, ce gardien avec " SECURITE" écrit dans le dos! Je n'ose imaginer la même chose sur toutes les îles... Près de l’étang, de nombreux panneaux solaires (et une éolienne conséquente en attente d’être érigée) assurent la production électrique. Il reste possible de faire le tour de l’île mais certains passages sont délicats. Le visiteur ne semble pas le bienvenu.
Et puis pour finir, nous avons mouillé devant une plage à l’ouest de Penfret puis visité l’île avec beaucoup d’intérêt. Puis retour au bercail.
Pas tout à fait puisque nous avons mouillé en Concarneau devant la pointe de Grignallou entre Le Cabelou et l’anse de Pouldohan, y avons passé une nuit peinarde. Encore un endroit inconnu d'une grande beauté.
Le lendemain, nous avons randonné en remontant le Minaouet , rive droite. Quel enchantement! Bluffant.
En remontant le Minaouet.
Des zones hyperprotégées, des propriétés bourgeoises ou pas, des anciens hameaux, des vasières, du calme, des chaos de roches, un passage étonnant entre des enrochements naturels laissant juste un passage de quelques mètres pour gagner le chantier maritime du Minaouet en amont, un ancien moulin à marée … un environnement improbable à deux pas de la ville.
Moulin à marée de Pont Minaouet construit au début du XV ème siècle.
Mardi 27 avril,
Ce début de printemps est très sec en Bretagne, parfois chaud mais surtout froid comme depuis quelques jours. Le vent de nord-est s’est invité depuis 3 ou 4 semaines , fort en Manche.
Le covid 19 a bousculé les habitudes et les esprits. Le couvre feu à 19 heures perturbe la vie quotidienne. En retraite, la vie semble ouatée, suspendue, comme en apesanteur. Je suis reparti sur Java, tout seul, après un passage par Port La Forêt.
Java a passé une première nuit, à l’ancre, devant le petit phare de Port Manec’h, à l’entrée de l’Aven. A mon arrivée, le soir, la plage aux cabines de bain blanches était vide. Un autre voilier à la coque bleue est venu mouiller à bonne distance.
Mercredi 28 avril,
A mon réveil, la lune bien pleine se couchait discrètement à coté du petit phare, et le soleil pointait son nez au dessus des pins de Kerfany, embrasant le petit village de Port Manec'h. J’adore cette dualité.
Mouillage devant la pointe de Beg Ar Vechen à Port Manec'h.
Au petit matin, j’ai levé l’ancre pour Sauzon à une quarantaine de miles. Devant la plage , une chasse de sternes caugek enragée se déroulait bruyamment.
Vent faible de nord au départ puis passé ouest forcissant à 15-20 noeuds : mer belle , beau temps frais. Belle navigation à la voile.
J’ai retrouvé mon petit port adoré de Sauzon à la marée haute. Avec un coefficient de plus de 110, la mer atteignait presque le haut des quais. Pour moi, cette ria est une merveille avec son petit village blotti, aux maisons multicolores à l’ouest et sa colline à l’est toute jaune en ce moment avec les ajoncs en fleurs.
Sauzon toujours aussi mignon, même à marée basse, avec Java, voilier en 2ème position.
Ce soir, contrairement à son habitude, le village semble endormi, les quais sont déserts, les magasins sont fermés, le mouillage est quasi vide. Une certaine tristesse et pesanteur s’en dégagent.
Java est à l’échouage au fond du port en compagnie d’un autre biquille inhabité ( un Westerly Griffon, un petit frère à Java). Quelques goélands gueulent, quelques huitriers pies crient, parfois une voiture passe, quelques personnes parlent … Calme! Décalage!
Durant la traversée, j’ai trainé une ligne pour rien. Je n’ai croisé aucun dauphin. J’ai aperçu quelques vols de fous de bassan, de sternes, de goélands . J’ai rencontré quelques groupes de guillemots de troïl.
Jeudi 29 avril,
C’est la grande marée, je vais à la pêche à pied. J’escalade la colline aux ajoncs et genets odorants. Sur le chemin côtier, désert de promeneur , des petits lézards gris fuient devant mes pas. Je descends dans une crique pas très accessible avec quelques rochers en bordure de la plage: moules minuscules, bigorneaux coriaces, pas d’ormeaux, ni d’étrilles … Finalement, je me rabats sur les haricots de mer très abondants . Au retour, je les mets à sécher sur des petits fils dans le cockpit.
Séchage.
Samedi 1 er mai.
Ce jour, nouvelle randonnée vers la plage de Donnant, avec traversée de la « campagne » et longe-côte Aujourd’hui, je me concentre sur les plantes, les oiseaux, les insectes, les papillons ….
En cet après-midi frais mais ensoleillé , presque tiède à l’abri du vent, les papillons accompagnent mes pas et les lézards gris et verts sont de sortie mais un peu froussards. Les prairies naturelles sont encore nombreuses sur l’île et rassemblent une végétation de grande richesse ( qui me rappelle mon enfance campagnarde avant l’arrivée de l’agriculture intensive). Elles sont jaunes de renoncules ou blanches de grandes pâquerettes . Les orchis sont extrêmement présents . Je n’en ai jamais vu autant, nulle part ailleurs.
Tapis d'orchis.
Fleur bien délicate d'orchis.
Randonnées tranquilles.
Agaçants, ces élagages irrespectueux.
Hier j’avais entendu les cris stridents des craves à bec rouge vers les petites falaises de Stang An Dour par endroits recouvertes de « griffes du diable » d’où émergeaient quelques têtes de goélands nicheurs. Aujourd’hui, le croassement sonore et puissant d’un rare grand corbeau m’a accueilli en arrivant à la plage de Donnant, lieu magique d’une beauté inhabituelle avec un sable très fin, de couleur singulière d’un blond appuyé et chaud.
Plage de Donnant.
Ici au sud-ouest , la côte est escarpée. Ce ne sont que falaises, rochers avec quelques petites rias qui pénètrent dans le plateau recouvert d’ajoncs et de genets rabougris par le vent et tous en fleurs actuellement, avec quelques touffes roses d’armérie maritime. La mer est plutôt calme aujourd’hui. Les rouleaux animent gentiment le bord de mer. Quelques paquets de mer giclent sur des roches. Mais je devine aisément la puissance et la violence de la mer qui ne demandent qu'à s'exprimer rapidement.
Port Skeul, charmante petite ria toute colorée.
Puis je retourne sur Sauzon en traversant la campagne et les petits hameaux isolés. De beaux troupeaux de vaches ( race normande surtout) et de moutons paissent tranquillement dans leurs pâturages printaniers. Les traquets pâtres sont bien présents, perchés sur les hauteurs des ronciers et des piquets de clôture. Les gloussements des faisans sont nombreux et les lapins de garennes peu farouches sont omniprésents, avec leurs grandes oreilles bien relevées.
Figuiers de barbarie : un petit air de Canaries.
A mon retour vers 19 heures, Sauzon est bien vide, un peu triste de la fermeture d’une majorité de magasins et commerces. Java m’attend baigné par le soleil couchant et en arrière plan, les collines est de la ria, jaune d’or brillant.
Dernières lumières du soir.
Dimanche 2 mai,
Ce matin, j’ai levé l’ancre pour remonter sur l'île de Groix. Petit vent d’ouest, juste bien pour naviguer peinard sous voiles, avec une ligne à l’eau. Beau temps frisquet. Au milieu de l’après-midi, j’ai mouillé à l’est de l’île devant la plage des Sables Roux en compagnie d’une quinzaine de voiliers dont beaucoup de Lorientais venus passer la journée ou le week-end au grand air. Pêche nulle.
Nuit tranquille.
Lundi 3 mai,
La météo des jours à venir parait moins agréable avec du vent fort et de la pluie. J’ai donc rejoint Port-Tudy. Les pontons visiteurs sont quasiment-vides.
Port-Tudy bien planqué mais ouvert à l'est.
Encore un mégalithe au détour du chemin comme partout en Bretagne.
Une églantine, fleur du rosier sauvage, d'un parfum d'une rare délicatesse.
L’après-midi, je randonne sur les sentiers côtiers de la moitié est de l’île. Je découvre des endroits inconnus que je devinais de mer. Les chemins sont presque déserts.
Ca monte , ça descend.
Je marche silencieusement et surprends la vie animale: lézards gris, verts, … des papillons: piérides, tircis, aurores, amaryllis, mirtyls, cuivrés communs, azurés de la bugrane, téclas de la ronce, vulcains, vanesses de l’ortie,… les mêmes oiseaux qu’à Belle-île oiseaux avec de très nombreuses tadornes…
Je longe la plage des Grands Sables ( plus grande plage convexe d'Europe), bordée d’une eau turquoise, plage mobile ( se déplaçant vers le nord de 10 mètres par an environ , quelques centaines de mètres en 50 ans!).
Plage convexe des Grands sables au sable bien blanc, une migrante...
Puis en contre-bas d’une petite falaise, perché sur un rocher, un bâtiment sur pilotis en ruine pourrit le paysage ( il s’agirait de l’ancien poste de secours de la plage des Grands Sables située à présent à quelques centaines de mètres de là!!!).
Qui a pu autoriser de telles constructions? Devenir?
Puis je longe la plage au Sables Roux , couleur due à des grenats roux qui ressortent en relief.
A chaque plage, sa couleur.
J’arrive au phare de la pointe des chats , toujours en activité mais bien délaissé avec une peinture défraichie, des volets pourris, des ardoises qui se font la malle... La plupart des phares sont dans cet état ou pire.
Le phare se débrouille tout seul.
J’entre dans la réserve naturelle nationale François Le Bail, d’intérêt minéralogique majeur. Le bord de mer, de quelques mètres de hauteur s'effrite et recule inexorablement, rendant le sentier côtier dangereux par endroit . Le vent de sud-ouest souffle assez fort et je gagne le village de Locmaria qui fût un temps le principal port de l’île. Le lavoir encore entretenu et fonctionnel voici une vingtaine d'années est à l'abandon et a perdu sa position centrale dans le village.
Lavoir de Locmaria: il suffirait de pas grand chose.
Locmaria vue du sud-ouest.
Je continue jusqu’au trou de l’enfer avant de rejoindre le bourg par des multiples chemins ruraux qui traversent une petite zone agricole. Enfin, descente vers Port Tudy. Magnifique virée de 14 kms.
Mercredi 5 mai,
Aujourd’hui, je randonne vers la moitié ouest de l’île accompagné d’un vent d’ouest frais et soutenu. Les sentiers sont toujours agréables mais moins enchantés que dans la partie est, plus abritée.
Minuscule Port Lay et sur la droite les anciens bâtiments d'une conserverie et de la première école de pêche de France.
La polynésie ? Non, toujours à Port Lay, sculpture marquisienne, réalisée en 2001 lors de la première édition du festival international insulaire de Groix .
Je contourne Port-Lay, passe en bas du barrage de la réserve d’eau de Port-Melin, rencontre un beau lavoir et un mégalithe, puis deux forts près de la Pointe du Grognon, passe devant le sémaphore de Beg Melen ( Bouche jaune) , longe la réserve ornithologique avec ses nombreux oiseaux de mer nicheurs dans les falaises, passe devant le Phare de Pen Men et la corne de brume toute proche.
Phare de Pen Men ( tête de pierre) bien connu des navigateurs.
Landes rases de la partie ouest de Groix avec le phare de Pen Men pointant son nez.
Je reviens par le chemin côtier jusqu’à Port Saint Nicolas, véritable petite ria très belle où j’ai la surprise d’admirer pendant un long moment un gros phoque gris ( 3 mètres de long pour 300 kgs en moyenne).
Port Saint Nicolas dont la vallée s'enfonce "profondément" dans l'île.
Phoque gris à la trempette : quel plaisir!
Je reviens par le centre de l’île beaucoup plus protégé où les jardins et les vergers sont nombreux et blottis derrière haies, talus et murets. Groix présente beaucoup de petits villages disséminés aux petites maisons non dénaturées et souvent joliment fleuries.
Menhir de Kermario: 5, 5 mètres de haut ( encore 17 mégalithes sur l'île).
Seize kilomètres de marche dans fraîcheur ventée ou le calme tiède des chemins abrités. Les histoires des îles sont toujours riches. Groix n'est pas une exception: richesses naturelles, humaines, maritimes, culturelles ... Pas de quoi s'ennuyer pendant un sacré beau de temps.
Bref, trois semaines de navigation dans des espaces que l'on croit connaitre mais qui nous apprennent tant à chaque nouvelle rencontre. Ouai, la Bretagne, c'est du lourd.
Yec'hed mat ha kenavo ar wech all.
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