Corme, le vendredi 27 août 2021
Java est tranquillement au mouillage dans le port de Corme en Galice depuis hier après-midi.
Le dimanche 22 août, vers 10 heures, j’ai quitté les pontons de Port La Forêt pour une traversée du golfe de Gascogne, comme d’habitude en solitaire. Les prévisions météorologiques étaient correctes avec du vent portant faible au départ puis plutôt fort vers le cap Finistère . Normalement le temps est sec, pas d’orage ni de brume prévus. Je prévoyais La Coruna, à 330 miles environ, comme destination. Dès la sortie du port, j’ai déroulé les voiles et le moteur restera silencieux pendant toute la traversée. A petite allure, par vent d’ouest faible, je suis passé à l’Est des Moutons puis à l’Ouest des Glénan. Beaucoup de voiliers et d’embarcations à moteur animaient le plan d’eau entre la baie de La Forêt et les Glénan. Ensuite le trafic s’est rarifié et j’ai pu commencer mes petites siestes de 10 minutes.
Dès la tombée de la nuit, le trafic est devenu inexistant -Vraiment surprenant- et j’ai pu passer aux périodes de repos de 30 minutes avec mon AIS en alarme.
Pendant la nuit, le vent est passé nord puis nord-Est et j’étais vent arrière, voiles en ciseaux. La lune rousse était merveilleuse , la lumière chaude et rassurante, les étoiles faiblardes. Seul le bruit discret de l’écoulement de l’eau sur la coque et celui du fonctionnement du pilote électrique rompaient le silence.
A 10 heures le lundi matin soit en 24 heures, Java avait parcouru 90 miles dans un vent très mou.
C’est le désert. Même la VHF s’est tue. Je n’ai vu que 2 ou 3 bateaux, à bonne distance, ce jour. Je suis passé près d’un poisson lune qui m’a fait bien rigoler comme toujours quand je regarde leur mouvement de pendule déréglée. Je me croirais en plein océan à des milliers de kilomètres de la côte. C’était bluffant, ce vide et c’est la première fois que je le ressentais dans le golfe de Gascogne. La mer était agitée avec une petite houle d’ouest. J’avais plus de 4000 mètres d’eau en dessous le bateau. Au vent arrière, Java roulait surtout lorsque le vent a décidé de souffler un peu plus fort à une quinzaine de noeuds en soirée puis rapidement à une vingtaine de noeuds. J’ai enroulé la grand voile et continué avec le génois tangonné et un peu enroulé. J’ai perdu un noeud en vitesse ( 5 noeuds actuellement) mais j’ai gagné considérablement en confort et en sécurité.
J’ai changé la disposition de ma couchette de quart que j’avais prévue trop large et repris une disposition plus classique, étroite avec une planche anti-roulis. Je revis. Les mouvements des voiliers sont fatigants à la longue et il est primordial d’être bien calé en se reposant. Je suis en mode « grande traversée ».
La nuit a été calme . Aucun bateau à proximité. VHF silencieuse. Belle lune rousse …
Vers 7 heures, un vieux gréement de 40 mètres , le Frederick Chopin , est passé sur mon bâbord à 1/4 de mile, à 8-9 noeuds. J’étais sur sa route mais prioritaire puisqu’il était rattrapant, mais le capitaine m’a demandé de m’écarter pour le laisser passer! Mais pour qui il se prend ce mec ??? Et bien, que nenni. Il a eu plus de 5 miles pour se préparer à me dépasser, sur la grande mer, qu’il se démerde…Eux, ils ont plein de bras, moi, je n’en ai que deux. Pas content le gugusse!
A 10 heures du matin, j’ai parcouru 115 miles en 24 heures. Le vent doit forcir dans l’après-midi pour atteindre 30 noeuds réels hors rafales. Je prépare Georgette, mon régulateur d’allure, pour la mettre au boulot. J’ai 5000 mètres d’eau sous la coque. Le vent d’est nord-est forcit progressivement jusqu’à atteindre largement les 30 noeuds prévus. J’enroule le génois grandement , ôte le tangon et j’avance à plus de 6 noeuds. La mer devient forte et moutonne sérieusement. C’est beau.
La nuit va bientôt tomber. Je remplace le génois par la trinquette . J’avance encore à plus de 5 noeuds. Je vais bientôt gagner le plateau continental et passer de 5000 mètres de profondeur à moins de 200 mètres en une dizaine de miles. Ca va sans doute remuer sec et effectivement la mer est mauvaise avec des jolis creux et quelques déferlantes qui claquent sur la coque ou s’abattent sur le pont. Java fait quelques beaux départs au lof. Je ferme tout "à double tour", y compris avec mes panneaux de descente et surveille mon écran AIS. Ca soufflait vraiment fort. Bien sûr, ce n’est pas la tempête mais il faut avoir confiance dans le voilier qui encaisse. Dans ces conditions, la cabine parait bien douillette et je touche du bois pour que rien ne cloche à l’extérieur: une voile qui déchire, une fixation qui lâche, le pilote qui saute ou fait la gueule … Bon, j’avais "tout" vérifié avant le départ ...
A 22 heures, je suis de nouveau sur le plateau continental. La mer s’est un peu calmée mais le vent reste toujours aussi fort.
Ce n’est que vers 5 heures que le vent mollit énormément. J’aperçois les feux des phares et quelques lumières à la côte, "la Costa de la Muerte". Le trafic reprend avec des bateaux de pêche et des cargos: vigilance constante obligatoire. Le vent finit presque par disparaitre et je mets le moteur pendant une demi-heure pour gagner l’Ensenada de Mera, jolie baie juste devant La Curuna … heureux mais fatigué de cette dernière nuit agitée et sans beaucoup de repos. C’est le mercredi 25 juillet, il est 9 heures, l’ancre touche le fond.
125 miles ont été parcourus ces dernières 23 heures soit un total de 330 miles en 3 jours, satisfaisant pour moi et Java.
Un dodo le matin, une sieste l’après-midi et un gros sommeil de bébé la nuit suivante furent indispensables pour me remettre les idées en place
Au total:
* Belle traversée du golfe de Gascogne de Port La Forêt à La Coruna, 330 miles en 3 jours, uniquement à la voile, au portant, vent faible au départ et fort à la fin.
* Intérêt de passer en dehors du plateau continental pour éviter le maximum de trafic maritime, notamment les bateaux de pêche?
* Tous les bateaux ( sauf un voilier) que j’ai rencontrés à plus de 10 miles des côtes avaient un AIS-Transpondeur en fonctionnement: quel bonheur, quelle sécurité surtout en solitaire.
* Mais traversée fatigante avec des possibilités de repos restreintes.
Du jeudi 26 août au samedi 28 août
Le 26 août, après une nuit tranquille passée en compagnie de 5 ou 6 voiliers, j’ai quitté l’ensenada de Mera vers 11 heures pour Corme distant de 35 miles. Après une navigation les 2/3 moteur ( et ça ne va pas être fini) … sur une mer peu agitée et dans une brume plus ou moins épaisse, j’ai mouillé devant le bourg de Corme en compagnie d’une dizaine de bateaux.
Le beau site de Corme, encore un peu embrumé.
Beaucoup de brume et de brouillard vont m'accompagner en Galice.
j’y ai retrouvé un pote avec qui je me suis baladé le long du Rio Anllons jusqu’à Ponteceso. Très belle randonnée d’une douzaine de kilomètres dans un paysage vallonné, boisé puis le long de grandes étendues de dunes et enfin le long de la rivière.
Belle ballade vers Ponteceso avec de grands espaces dunaires.
Le 28 août, je décide de passer le Cap Finistère malgré le peu de vent et la brume mais sans destination précise. Finalement, après une croisière mi voile-mi moteur, j’ancre au fond de la spacieuse enseada de Sardineiro en compagnie d’un autre voilier, près d’une cale , pratique pour descendre avec l’annexe. Le 29 août, je me suis dégourdi les jambes sur 17 kms dans les bois monotones de conifères et d’eucalyptus avec beaucoup de pistes forestières, tout en passant par l’immense plage de Praia Rostro quasiment déserte … Au total, une randonnée assez quelconque.
Java au mouillage à l'ensenada de Sardineiro.
Le 29 août, vers 17 heures, je hisse les voiles pour Ezano distant de 5 miles: superbes paysages presque montagneux avec un très beau coucher de soleil. J’ancre à proximité de la cale du village. Mouillage assez rouleur et certainement rapidement intenable.
Mouillage un peu rouleur devant Ezano.
Le horreo galego , grenier galicien ( y en a partout), de toutes tailles ( ici un grand)
.
Pour stockage de céréales( maïs ici). A noter les coupelles en haut des poteaux pour contrer les rats.
Le 30 août , vers 9 heures, je pars pour Muros pour une vingtaine de miles et j’y suis arrivé vers 18 heures après une navigation sous voiles , dans un vent maigrichon , au grand largue , à une vitesse moyenne de 2-3 noeuds. Quelle patience! Mais les paysages sont beaux...
Jeudi 2 septembre,
Je viens de passer 3 nuits au mouillage à 100 mètres de la grande cale , près de l’entrée du port, devant la belle promenade maritime et l’alignement des belles anciennes demeures toutes vitrées.
Muros: originalité et harmonie architecturale.
Il y a cinq ans, j’avais adoré Muros et cette fois-ci, j’ai encore adoré cette petite ville bien abritée et animée, restée dans son jus, avec ces multiples ruelles pavées, sans voiture, serpentant sur le flanc de la colline, avec son dynamisme, son port de pêche actif, ses commerces, ses bars, ses restaurants, ses arcades, ses terrasses, ses marchés, ses poissonneries, sa plage … sans complexe touristique.
Muros, c'est beau, c'est coloré, c'est gai ...
Des dizaines et des dizaines de ruelles toujours aussi belles.
Des escaliers dans tous les sens.
Même les levers de soleil sont beaux, à Muros.
Combi, le grand dauphin solitaire de Muros qui prenait mon annexe pour sa poupée gonflable.
Le 1er septembre, j’ai randonné sur une bonne quinzaine de kms le long de l’avenue maritime jusqu’au Monte Louro ( petite presqu’île culminant à 200 mètres de hauteur d’où la vue est magnifique et donne notamment sur la lagune de Xadas, classée en réserve naturelle. Près de la lagune, j’ai traversé un ancien village de quelques dizaines de maisonnettes en ruine alignées le long d’une route charretière. Je ne peux jamais m’empêcher d’imaginer l’existence des sociétés qui vivaient dans de tels lieux. Puis traversée du joli village de Louro avec ses multiples greniers à grains et retour par la "montagne » en passant par les pétroglyphes. Très, très belle randonnée.
Depuis que je suis arrivé en Galice, la météo est déconcertante, sans vent, brouillardeuse et brumeuse ne laissant vraiment l’air limpide que durant les heures chaudes de la journée et les prévisions annoncées pour les 10 jours qui viennent ne sont pas beaucoup mieux avec des vents faiblards et 2 jours de vent dans le nez. Il me faut pourtant descendre vers le sud si je veux retrouver Claudie à Faro pour le 19 septembre. C’est donc parti pour 4 ou 5 jours de navigation non stop dans des conditions mollassonnes.
J’ai quitté Muros à 9h30 pour Baiona pour 45 miles de mer, au moteur jusqu’à 15 heures puis enfin à la voile. Je fais le plein d’eau et de fuel en arrivant à 20 heures à Baiona et vais mouiller dans la baie.
Vendredi 3 septembre,
J’ai quitté Baiona à 8 heures par temps plus ou moins brumeux, en compagnie de 5 ou 6 autres voiliers . Nous nous sommes retrouvés à la file indienne suivant le même trajet, cap au sud , au moteur !!! Vers 13 heures, j’ai enfin pu hisser les voiles dans un vent faible de 7-8 noeuds et éteindre le moteur. Je « filais 3 noeuds » et j’étais content. Que bueno! La moitié des voiliers ont continué au moteur, voiles hissées ou pas… En voilier, j’ai horreur du moteur et je me passe de son aide dès que possible, quitte à me trainer mais cette année que c’est difficile!
Jusqu’à Viana do Castelo, la côte est belle, plutôt rocheuse , surmontée de collines escarpées presque montagneuses , recouvertes de forêts de résineux surtout.
Ensuite la côte devient monotone avec des longueurs de plages et de plages avec parfois des gros bourgs aux immeubles bien voyants et la montagne tout au loin en deuxième rideau.
Ce sont des journées de navigation mi figue mi raisin, mi voiles mi moteur … et je suis heureux de rentrer dans le port de Leixoes avant la nuit, après avoir parcouru 65 miles environ .
Samedi 4 septembre ,
J’ai passé une nuit peinarde dans ce grand port sans charme de Leixoes , port de pêche, de raffinerie , de commerce et de négoces en tout genre. Mais il possède des atouts majeurs: sur la route, bien protégé, accessible par tous temps , mouillage gratuit et sûr près de la marina, ville de Porto à portée de bus ou de métro, proche de l’aéroport … Port pas beau mais très pratique.
Départ du port à 7 heures pour Figueira da Foz à 65 miles. 3 heures de voile puis 3 heures de moteur puis 6 heures de voile et enfin 1h30 de moteur pour terminer, le tout sur une mer plate agrémentée par le vol de quelques puffins et goélands , par le passage d’une bande de petits dauphins, par le calme de la navigation , hors marche au moteur bien entendu.
Je passe devant la grande plage de la ville bordée de gros immeubles avec une grande roue éclairée de blanc, de bleu qui se dessine dans la nuit bien tombante.
Je décide de rester passer la nuit au mouillage en dehors du port.
Une chanson de Moustaki me revient souvent en tête quand je vois les gros immeubles qui viennent gâcher des endroits magnifiques. Non seulement, ce texte n’a pas vieilli mais il n’a jamais été autant d’actualité:
C’est une chanson pour les enfants qui naissent et qui vivent
entre l'acier et le bitume, entre le béton et l'asphalte,
Et qui ne sauront peut-être jamais
Que la terre était un jardin.
Il y avait un jardin qu'on appelait la terre.
Il brillait au soleil comme un fruit défendu.
Non, ce n'était pas le paradis ou l'enfer
Ni rien de déjà vu ou déjà entendu.
Lalala, lalala, lalala
Il y avait un jardin, une maison des arbres,
Avec un lit de mousse pour y faire l'amour
Et un petit ruisseau roulant sans une vague
Venait le rafraîchir et poursuivait son cours.
Lalala, lalala, lalala.
Il y avait un jardin grand comme une vallée.
On pouvait s'y nourrir à toutes les saisons,
Sur la terre brûlante ou sur l'herbe gelée
Et découvrir des fleurs qui n'avaient pas nom.
Lalala, lalala, lalala.
Il y avait un jardin qu'on appelait la terre.
Il était assez grand pour des milliers d'enfants.
Il était habité jadis par nos grands-pères
Qui le tenaient eux-mêmes de leurs grands-parents.
Lalala, lalala, lalala.
Où est-il ce jardin où nous aurions pu naître,
Où nous aurions pu vivre insouciants et nus?
Où est-il ce jardin toutes portes ouvertes,
Que je cherche encore mais que je ne trouve plus?
Lalala, lalala, lalala.
Dimanche 5 septembre 10 heures , en navigation au sud de Figueira da Foz,
J’ai passé une bonne nuit calme au mouillage extérieur de Figueira Da Foz et je navigue sur une mer belle par un vent minuscule ( encore et encore), au prés. J’avance à 1.5- 2 noeuds !!! avec des voiles bien remplies qui ne claquent même pas tellement. L’océan est immobile. Finalement, j’accepte cette quiétude bienfaisante et silencieuse en-dehors de tout trafic. La voile, c’est aussi une école de patience. La destination du jour dépendra avant tout du vent. Normalement c’était Peniche . Probablement, ça sera Nazaré, bien plus proche.
Demain et après-demain, un vent de sud de 20 noeuds est annoncé, pile poil dans le nez. Je resterai peinard aux abris. J’ai le temps et je vais là où le vent me mène.
11 heures, le vent a tourné à l’ ouest sud-ouest à 8 noeuds , suffisant pour avancer dans la bonne direction à 4- 4,5 noeuds sur une mer toujours plate comme sur un lac sans vent et comme on le voit peu souvent : confort maximal à bord avec une gite modérée. Le ciel est bleu clair, la mer bleue foncée, à peine ridée et presque déserte.
Mercredi 8 septembre,
J’ai passé 3 nuits à Nazaré dans le seule marina restante, accueillante, bien tenue et proche de la ville. La dernière fois, j’avais eu un peu de mal avec cette ville , anciennement de pêcheurs, mais devenue très touristique. Je me suis appliqué à éviter le front de mer pour me balader dans toutes les petites ruelles pleines de charme mais boudées par les touristes. Ainsi, j’ai aimé Nazaré dont le cadre est magnifique. Vraiment, une très belle escale.
Nazaré vu du Sitio en haut du funiculaire avec le port dans le fond.
Multiples ruelles de Nazaré menant à la mer.
Le vent est toujours sud sud-ouest, pile poil dans le nez, juste suffisant pour avancer, en tirant des bords. Je quitte la marina vers 10 heures, pour Peniche à 25 miles avec comme objectif de laisser le moteur éteint. Objectif atteint en entrant dans le port de Peniche à la nuit bien tombante vers 20h30 ( 25 miles parcourus en 11 heures environ …).
Peniche est je crois le plus grand port de pêche du Portugal. La marina est minable et les bateaux visiteurs n’ont accès qu’à un appontement brise-lame où ils s’agglutinent et se font remuer par le passage des bateaux de pêche. Le port est grand et il possible de mouiller sur sa propre ancre à droite en entrant dans le port et finalement j’y ai passé une nuit peinarde.
Jeudi 9 septembre,
Les prévisions sont toujours aussi démoralisantes: pas de vent du tout … pendant la semaine qui vient .
Je quitte Peniche à 7 heures pour Cascais ou Sesimbra. Dès la sortie du port, les bateaux de pêche sont nombreux et la mer minée par de multiples bouées de casiers ou de filets: attention, attention … Aujourd’hui, c’est du moteur et encore du moteur non stop et finalement je décide de continuer jusqu’à Sines à 90 miles et 16 heures de navigation. En cours de route, je croise une petite "famille" d’une bonne dizaine de poissons lunes qui déambulaient à la surface de l’eau ainsi que de nombreux puffins.
Je suis arrivé dans ce grand port pétrolier à 23 heures pour un mouillage près du port de pêche dans une bonne odeur de raffinerie.
Vendredi 10 septembre,
Je lève l’ancre à 9 heures et cette fois pour l’Algarve. Toujours pas de vent. La descente se fera encore à 90% au moteur … à une distance de 2-3 miles de la belle côte avec ses falaises presque continues et ses rares petites plages quasiment désertes , des montagnes basses en second plan surmontées de nuages bourgeonnants. Hier malgré l’absence de vent, la mer était clapoteuse et parfois pénible . Aujourd’hui, elle est toute en rondeur, elle caresse la coque. Hier, elle la frappait.
Peu à peu le Cabo Sao Vincente apparaît , progressivement de plus en plus majestueux , un vrai cap comme je les aime, imposant et puissant qui sépare deux mondes différents , celui de l’ouest et du sud du Portugal.
Cap Saint Vincent.
Ce changement est brutal , les falaises toujours très hautes ont des couleurs chaudes, la mer s’assagit …
Vers 18 heures, je contourne le cap et vais me réfugier pour la nuit dans un amphithéâtre extraordinaire au pied des falaises et du forte de Belize dans un environnement quasiment vierge, pour un repos bien mérité après 60 miles de navigation.
Mouillage pour moi tout seul, au bas du forte de Belize.
Ca y est, je suis en Algarve.
Samedi 11 septembre,
Je savoure cet endroit vide de voilier. Seuls 2 petits bateaux de pêche s’activent tout là-bas à la pointe et d’en haut et du bord d’une falaise , un pêcheur lance sa ligne à 50 mètres plus bas ( ça fait partie des habitudes locales ). En début d’après-midi, un vent très faible me pousse jusqu’à l’enseada de Sagres au pied d’une autre forteresse puis en fin d’après-midi, je mouille derrière les « Ilhotes do Martinhal » dans l’enseada de Baleeira.
Falaises classiques de la côte sud-ouest de l'Algarve avec de nombreuses grottes.
Dimanche12 septembre,
Je gagne péniblement à la voile derrière la Ponta da Torre, au pied des falaises, près de la praia das Furnas (j’ai fait assez de moteur cette année et j’ai décidé d’essayer de lui fiche la paix en Algarve et de naviguer avec le seul vent, complètement anémique ces temps-ci). J’enfile ma combinaison pour une petite partie de snorkeling le long de la falaise ( peu de roches et peu de poissons) et en profite pour nettoyer la ligne de flottaison de Java. Tous ces mouillages ne sont praticables que par beau temps. Par manque de vent, je décide d'y passer la nuit mais vers minuit, la mer s’agite sérieusement malgré le peu de vent. A trois heures du matin, je lève l’ancre pour gagner Portimao à 20 miles d’ici, que j’ai gagné à la voile avec un vent capricieux, variable, chiant.
Une vaste dépression orageuse s’est rapprochée de la côte ouest du Portugal et j’ai assisté à un spectacle pyrotechnique naturel et intense jusqu’au lever du soleil. Ca fout presque les jetons tout ces éclairages subits et violents, ces flashs, ces éclairs complètement désordonnés... A 9 heures, je suis entré dans le vaste port de Portimao et j’ai mouillé le plus haut possible au dessus du charmant village de Ferrugado.
Demain, il pleut beaucoup et j’attendrai vendredi pour gagner, avec un vent favorable prévu, Faro où Claudie vient me rejoindre.
Je navigue en solitaire enfin presque et j’aimerais souligner l’importance:
* de mes fidèles barreurs presqu’infatigables à savoir mon excellent pilote automatique ( Raymarine SPX5) et mon régulation d’allure de « compétition" ( Windpilot) sans qui je resterais à la maison;
* de mon infatigable guindeau ( Lofrans Tigre) sans qui je ne m’aventurerais pas dans d’incessants mouillages ( 3 nuits aux pontons en 3 semaines);
* de mon GPS cartographe toujours à disposition;
* de mon AIS- transporteur qui me permet au large, de voir clair même dans le bateau, même la nuit et dans le brouillard;
* une petite pensée aussi pour mes enrouleurs de génois de trinquette et de grand voile.
Que la pratique de la voile a changé en 40 ans. Comment faisait-on avant??? Je ne sais plus.
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