vendredi 22 juillet 2022

Retour en Galice

Dimanche 3 juillet 2022.


Sur Java, je viens de passer le Cap Saint Vincent et  commence à remonter , au moteur … , la côte ouest du Portugal.


Mardi dernier , j’avais retrouvé Java bien sage,  au sec au chantier Nave Pegos de Faro. La mise à l’eau a eu lieu vendredi après midi et j’ai passé la nuit juste devant l’entrée de la Lagune Formosa, prêt à sortir.




                                                         Java retourne à l'eau. 


Hier,  j’ai levé l'ancre  à 6 heures.  Ca fait toujours tout bizarre de renaviguer. Je me sens tout gauche. Retrouver ses marques, se réadapter à la vie en bateau sont toujours nécessaires et s’accompagnent d’une certaine appréhension indéfinie. Hier par exemple, je me suis énervé sur ma grand voile qui ne se déroulait pas bien.  … mais bon si tu essaies d’ouvrir une porte fermée à clé sans l’avoir déverrouillée, tu risques aussi de t’énerver . Toujours des évidences, des habitudes à recaler… Répéter, répéter, répéter ….


Bon, tout s’est quand même bien déroulé et le vent a soufflé comme prévu ( tranquille quand même)  et m’a permis de naviguer uniquement  à la voile une bonne partie du temps: vent arrière , beau temps nuageux mais assez chaud ( 27°) , belle mer. Mes amis les petits dauphins, étaient de sortie et en pleine forme. Quelques grands dauphins nageaient tranquillement, plus à distance . J’ai traversé une pêche de fous de Bassan. Tout le monde y participait  : les fous évidemment , plongeant de hauteurs très diverses mais aussi les puffins, les sternes, les dauphins … La surface de l’eau frétillait et les chasseurs s’activaient nerveusement. Une véritable frénésie.  Les pauvres poissons étaient attaqués par dessous ,  par dessus. La panique. Certains essayaient de fuir en rebondissant à la surface de la mer … J’étais au spectacle mais certains ne s'amusaient pas . 

Je suis passé au large de Portimao puis de Lagos. Puis rapidement le temps a changé, la température a baissé de quelques 6 ou 7 degrés, le vent est tombé puis est venu de face.  La mer s’est agitée, une houle est apparue. Je quittais la douceur pour une certaine rudesse. Le pantalon a remplacé le bermuda. J’ai enfilé pull over et veste.  J’avais le cap Saint Vincent bien en vue. Après 13 heures de mer et 55 miles parcourus, il me fallait trouver un mouillage pour la nuit , le plus proche possible du cap. Je suis passé dans l’Enseada de Sagres devant la plage de  Mareta   où 6 voiliers s’agitaient  rudement au mouillage. Pas Bon. J’ai poursuivi ma route jusque devant  la plage de Belixe, bien abritée du vent et de la houle.  J’y ai jeté l’ancre dans un très beau décor en compagnie de 2 autres bateaux. Java était juste bercé délicatement. Bonne nuit au programme.  Courte mais je l’espère,  reposante.




                                      Très beau mouillage devant la plage de Belixe.



Mardi 5 juillet,


Dimanche dernier,  j’hésitais entre entrer au port de  Sines accessible par tous temps ou celui de Vila Nova de Milfontes à l’entrée aléatoire et délicate. Les bonnes conditions étant réunies, fin de marée haute, pas de houle, temps clair, j’ai opté pour Vila Nova. Les 3 dernières heures, j’étais sous voiles, vent arrière pour 2 noeuds . L’entrée est étroite, sans balisage. Pas de bateau pour me montrer le chemin entre des roches au nord et des bancs de sable au sud, pas de carte marine fiable, que google earth et mes petits yeux pour me diriger à la couleur de l’eau. A toute petite vitesse , j’ai passé la barre ( 2 mètres d’eau sous les quilles, faut pas venir à basse mer). De part et d’autres, les belles plages sont bien garnies de touristes mais je ne vois toujours pas de bateaux ! J’ai vu que les bancs de sables étaient vastes et nombreux et encombraient une bonne partie du port-rivière. Plus tard un kayakiste est venu à ma rencontre pour me montrer le chemin … pas très évident. J’ai aperçu quelques canots et 3 voiliers sur bouées devant l’extrémité est du beau  village. Le site est remarquable,  vallonné, et   montagneux dans le fond , vert, forestier, sablonneux … Ce fut une véritable  très belle surprise justifiant de faire un effort pour y accéder. Le village de 5000 habitants, assez touristique est un cul des sac. Il est resté dans son jus avec ses jolies maisons fleuries et coquettes, ses ruelles pavées, ses touristes déambulants tranquillement … 





                                Beau mouillage abrité devant la belle ville.



La première impression de cet endroit est son calme, malgré un peu de monde: pas de bruit  de voitures, ni de train, ni d’avion, ni de bateau, ni même de jet ski … ( ça change de l’Algarve). Ici c’est le domaine de la plage, des canoës, des kayaks, des paddles, des minuscules ferry-boats tout peinards. Bref, à part un chien et un coq forts en gueule, c’est un calme surprenant qui donne envie d’y rester un peu. Parmi les 3 autres voiliers, je suis le seul  visiteur! Le port est comme un lac et les nuits sont reposantes. 


Jeudi 7 juillet, 


Hier, j’ai randonné sur une quinzaine de kms vers le nord le long de la côte. Ce n’était que hautes dunes avec un chemin de randonnée montant et descendant,  au sable souple, souple, très pénible et   fatiguant à la marche. J’ai longé le pittoresque minuscule port des pêcheurs blotti derrière une zone rocheuse (construit il y a une vingtaine d’années pour juguler les sorties aléatoires et dangereuses de la" rivière- port"). 




                                                Port de pêche petit mais actif. 





                                Encore plus petit, pour la belle saison, j'imagine.


La végétation dunaire est intéressante. J’ai vu quelques mouettes rieuses, des goélands , des rouges-queues , un couple de verdier, quelques chardonnerets, des pigeons, des tourterelles turques, plein de moineaux, des chardonnerets, des hirondelles de rivage et rustiques, (des alouettes ?), de rares papillons et quelques carabes et autres  coléoptères noirs à moitié ensablés, des petites grenouilles sur une minuscule  mare…





                Dans le sable des dunes, la " cebola das gaivotas" ou "Pacratium maritimum Paestrum",
                                               toutes mignonnes et bien courageuses.



Vendredi 8 juillet,


Je me suis bien plu dans la belle petite ville de 5000 habitants de Vila Nova de Milfontes,  à déambuler dans ses jolies ruelles tortueuses et pavées, pour certaines piétonnes, et à randonner dans les environs. Les maisons et même les immeubles sont harmonieux et coquets avec leurs entourages de fenêtres colorés, leurs toits de tuiles orangés. Le tourisme est bien présent mais bien maitrisé: pas d’immeubles calamiteux, peu d’activités bruyantes. Malgré les touristes assez nombreux, l’endroit  est calme: trafic automobile discret, pas de train, pas d’avion, peu de bateaux, ni même de jet ski … ( ça change de l’Algarve). Ici c’est le domaine de la plage, des canoës, des kayaks, des paddles, des minuscules ferry-boats tout peinards. Bref, à part un chien et un coq forts en gueule,  à bord de Java, la tranquillité  surprenante m’a donné envie d’y rester un peu. Parmi les 3 autres voiliers, je suis le seul  visiteur! Le port est comme un lac et les nuits sont reposantes. J'étais peinard, sur la rivière avec un petit ponton à disposition pour l’annexe. La zone côtière du sud du Portugal bénéficie d’un micro-climat avec des températures relativement fraîches, bien agréables ces temps-ci. Même les moustiques m’ont foutu la paix. 


 Au matin, vers 9h30, à la fin de la marée montante, j’ai quitté Vila Nova . Même en connaissant maintenant les lieux, il n’est pas évident de bien suivre le chenal capricieux. Au plus bas, le sondeur m’a indiqué 0.9 mètres en dessous des quilles. Ce n’est pas beaucoup quand on passe une barre. 

Je suis monté à Sines à 13 miles au nord,  pour faire le plein de fuel, moitié moteur , moitié voile.  Evidemment la station carburant était fermée, un petit détour pour rien. 

J’ai continué sur le rio de Setubal à 26 miles plus nord. Le vent s’est bien levé ouest nord-ouest  et j’ai navigué au bon plein par 12 noeuds de vent , des conditions idéales que je n’avais pas connues souvent dans le sud du Portugal. Un plaisir par mer belle, beau temps « presque «  pas trop chaud. Plusieurs bandes de petits dauphins sont venues me saluer. 




                                                        Un de mes petits copains.



Le rio de Setubal est de la taille  d’une rade de Brest avec beaucoup de bancs de sable et surtout de vasières. L’accès en empruntant un chenal assez étroit mais profond,  bien balisé avec un courant de flux ou de reflux d’environ 3 noeuds. Setubal est le troisième port de commerce du Portugal. Le trafic dans le chenal est assez dense et  tous types de bateaux peuvent l’emprunter.

J’ai mouillé juste à l’entrée,  proche de la marina de Troia afin d’y faire le plein de  fuel  le lendemain matin ( peu ou pas de station carburant à carte dans les marinas au Portugal et avec des horaires d’ouverture un peu bizarre, c’est chiant).

Vers 23 heures, j’ai eu la visite de la gendarmerie maritime , pour me demander si tout allait bien! Ben ouais, todo va bem. Boa noite.




                           Drôle de Ferry, passagers et voitures) dans la "rade" de Setubal.


Je voulais visiter un peu cette rade en bateau et surtout voir le « Cais » de Carrasqueira  et la petite ville de Comporta,  planqués  au fond de deux  petits estuaires différents mais tous deux asséchant  en grande partie. J’ai pu naviguer la moitié du temps à la voile dans cette rade ( environ 35-40 miles).  Je suis remonté vers Comporta mais il était difficile d’échouer dans ces vasières et de continuer avec l’annexe. Donc demi-tour pour tenter une approche par le fond de la rade. J’ai mouillé en fin de journée à l’endroit le plus proche de la côte pour y débarquer demain matin et pouvoir aller visiter mes deux endroits.

A la nuit tombante , dans le cockpit, je me suis fait attaqué brutalement par les moustiques: repli à bord vite fait et mise en place des moustiquaires et chasse aux moustiques. J’en ai écrasé 15 avant de pouvoir m’endormir. Saloperies. Le lendemain, un ancien du coin me précisa que le Rio est infesté de moustiques à cause des nombreuses rizières. 

Toute cette zone est vasouillarde , d’une vase très profonde où tu t’enfonces jusqu’à y laisser tes bottes. Tant pis, je décide de remonter au maximum, le petit estuaire pour le «cais de Carrasqueira » …. à marée montante et je mouille à environ 2 kms du petit port . Puis je continue avec mon annexe et réussis à débarquer à marée haute sur un semblant de gréve merdique faite de cailloux, de vase et sable bizarre, tout proche du port . Je n’ai que 3 heures devant moi.

Ce petit port sur pieux enfoncés dans la vase est réellement typique ( soi-disant unique en Europe selon le Guide du routard). J’ai randonné dans les rizières toutes proches: c’est étonnant toute cette culture qui trempe dans de vastes étendues d’eau. Le long des canaux de nombreux hérons garde-boeuf, cigognes sont posées et quelques fauvettes mélanocéphales volent de buissons en buissons.  Puis je retourne sur Java. Il fait chaud ( 30 ° à Setubal, 40° à Alcaser do Sal au fond du Rio donc environ 35° ici). 




                                              Cais Carrasqueira, un peu en perdition....

Il est hors de question que je repasse une nuit ici avec mes moustiques. Je décide de sortir du Rio pour me rendre dans un beau mouillage à l’extérieur, Portinho da Arrabida. Je jette l’ancre dans 3-4 mètres  d’une eau transparente d’un magnifique bleu-émeraude. En fin d’après-midi, un zodiac de la gendarmerie maritime ( décidément)  vient me signaler qu’il est interdit de mouiller ici mais qu’il me faut aller là-bas plus  loin à un petit km, sans d’autres explications!!! Bon, je déménage donc . Toutes les diverses vedettes de loisirs sont reparties et ouais , le week-end est fini. Heureusement,  je possède mon fidèle et costaud guindeau électrique. J’en suis à mon 7 ème mouillage depuis hier. 

La nuit tombe tranquillement et je m’aperçois que la zone dans laquelle j’étais mouillé tout à l’heure est balayée par un fort vent continuel. Je comprends mieux les flics. Mais je suis trop "limite-limite"  et  l’effet venturi  me balance de fortes rafales surprenantes de 35-40 noeuds jusqu’à une ou deux heures du matin! Incroyable , c’est la montagne de 500 mètres toute proche qui est responsable de ce phénomène . Mieux vaut d’être bien ancré. 


Ce matin , j’ai quitté le Portinho pour Sesimbra pour 6 miles de navigation au moteur. J’ai mouillé dans la grande baie devant la ville dominée par un vaste château fort. La ville est belle, accrochée à la colline avec ses vieilles rues pavées,  ses commerces à l’ancienne , ses restaurants, ses troquets … souvent de petite taille. Les vacances sont bien là. C’est lundi. Les plages sont bondées, les groupes d’enfants sont très nombreux. Mais les abords sont horribles avec des immeubles énormes et hideux… 






                                                            Rue de Sesimbre.


Ici, en rade, nous sommes 4 bateaux visiteurs au mouillage, bien à distance. Le vent nous envoie sans cesse les odeurs de grillades de poissons. Il est 18 heures, la journée a été un peu nuageuse mais il fait encore 30° dans le carré bien ventilé. Dans les terres, tout proche d’ici, les températures dépassent 40°. Heureusement que je ne suis pas entré en Méditerranée. 




               Restaurant de grillage de poissons avec terrasse extérieure , rassurez-vous. 



Mardi 12 juillet


Le Portugal est entré dans une période de canicule. Jusqu’à 30°, je supporte. Au-delà non. J’ai donc décidé de remonter en Galice le « plus vite possible » pour vivre à des températures qui me vont bien. Aujourd’hui les conditions météorologiques sont assez bonnes : peu de vent, normalement pas dans le nez avec peut-être une possibilité de naviguer un peu à la voile.

Après une excellente nuit de sommeil, sans moustique avec  Java tout aéré, je suis en pleine forme. Je quitte Sesimbra à 6h30, pour au moins Cascais, plus probablement Peniche, avec un peu d’insistance Nazaré et en naviguant la nuit prochaine Figueira da Foz. Tout est ouvert. 

Je longe la côte au moteur en zigzaguant entre les bouées de casiers et autres. Les falaises sont hautes, ocres, magnifiquement plissées et parfois habillées de taches vertes de végétation rabougrie. Les éboulis sont assez nombreux . La mer est plate, le vent est nul. Je croise quelques bateaux de pêche de toutes tailles, bien colorés. 





                                                          Au  Cabo Espichel.


Le salut des marins portugais est la plupart du temps dynamique, véritable. Passé le Cabo Espichel, l’aspect de la mer change, elle est plus sombre et animée d’une petite houle de 1 à 2 mètres et surtout un petit vent de nord-est se lève pour une douzaine de noeuds. Je hisse les voiles en grand, je suis à 6 noeuds environ. Le pied, pourvu que ça dure mais ça, ce n’est pas gagné …

En mer, avec ce petit vent, j’ai même une sensation de fraicheur et j’ai mis ma veste de ciré légère … alors que dans les terres, la canicule sévit… Entre la côte et 10-20 kms dans les terres, il peut avoir 15 à 20 degrés de différence… C’est sec, c’est chaud-chaud et les incendies sont de retour … Je n’ai plus envie de m’arrêter dans des villes comme Lisbonne même Porto : 35-40° , trop trop chaud pour moi. Les gens vivent quelques heures dès le lever du jour. Ensuite c’est galère ...



Mercredi 13 juillet


Hier, la journée s’est bien déroulée mais avec de multiples manoeuvres de voile avec un vent très capricieux, irréguliers, parfois à 15 noeuds , parfois avec plus rien ! Et que je te règle, et que je te déroule ou que je t’enroule… J’ai bien navigué à la voile sur 25 miles du Cabo Espichel au Cabo Da Roca au nord de Cascais. En approchant de Cascais, une masse d’air s’est abattu sur Java . La température a pris plus 10-15° en 1 seconde. L’air est resté très chaud pendant 2 heures environ puis le vent est venu de l’océan et là, c’est une bouffée d’air froid qui s’est abattue. Incroyable ce contraste.  

Au nord du Cabo da Roca jusqu’à Peniche, les bouées de casiers et autres sont très nombreux et la veille doit être constante. 

A 18 heures, j’entre dans le port de Peniche , premier port de pêche portugais que j’ai déjà fréquenté deux fois. Le traffic des bateaux de pêche de toute taille est donc incessant jour et nuit. La petite marina est toujours pleine et les visiteurs s’agglomèrent au ponton d’accueil exposé aux vagues d’étrave des bateaux de pêche qui passent tout proche à grande vitesse (même si normalement la limite est à 3 noeuds). C’est là que je m’étais rendu la première fois. En plus les horaires d’ouverture des bureaux sont aléatoires … Bon, donc une fois mais pas deux. J’avais juste passé la nuit sans me rendre en ville ( portillon fermé et pas de carte magnétique …). La deuxième fois, j’avais mouillé dans une partie un peu écartée du traffic,  en compagnie de quelques bateaux sur bouées, plutôt peinard mais plus ou moins en zone interdite mais plus ou moins en zone plus ou moins autorisée!!! Je n’avais pas débarqué non plus. Cette fois-ci, je mouille au même endroit avec l’intention de visiter la ville aujourd’hui. 

Ce matin, je me réveille à 6 heures , mes voisins anglais lève l’ancre . Je mets le nez dehors, ça sent le fuel à plein nez et tout le port est irisé d’une pellicule toute grasse. Tremper mon annexe là dedans pour qu’elle pue pendant un certain temps, non! Je décide aussitôt de lever l’ancre . Tant pis pour la belle et intéressante ville de Peniche que je ne visiterai pas. C’est comme cela et pourtant, j’étais tellement impatient de la découvrir.  


Dès la sortie du port, les nombreux de bateaux pêche sont éparpillés de tous côtés et je dois onduler entre les bouées de casier. Deux miles plus loin, après la Cabo Carvoeiro, c’est presque le désert: pas de bateau, pas de bouée. Et puis devant Nazaré à 20 miles plus haut, je retrouverai des bateaux en pêche et des bouées en abondance. Ceci étant, aucune zone, aucun endroit ne sont  totalement exclus de dangers.

Ce matin, en coupant mon gros pain portugais bien trop tassé, mon couteau a dérapé et je me suis coupé l’index, sans gravité mais avec une belle coupure. J’ai tout ce qu’il faut à bord même de quoi recoudre . 


Les prévisions météorologiques ne sont pas trop mauvaises pour les 5 à 6 jours à venir,  sans beaucoup vent dans le pif et ici sur la côte ouest portugaise, ce n’est pas trop fréquent en été. J'essaie donc de profiter pour remonter un maximum sur la Galice respirer le bon air celte. 

Il est 10 heures, j’ai navigué à la voile sur 2 miles avec un vent d'est … Puis plus de vent. Puis là depuis 5 minutes, il est passé nord ouest … Pas facile. Et pourtant, je fais des efforts , encore plus facilement quand je pense aux Ukrainiens  et au pétrole et gaz russes que nous consommons. Au final , sur les 55 miles de l’étape, j’aurai effectué 6 ou 7 miles à la voile! Comme par hasard, juste en entrant dans le chenal pour Figueira da Foz, le vent a débarqué sud-ouest en rafales à 20-25 noeuds. J’entre dans la marina , accoste au ponton d’accueil, en profite pour refaire le plein de gaz-oil avant de gagner une place au ponton, pour la première fois depuis que j’ai quitté Faro. Evidemment, j’en profite pour le plein d’eau et nettoyer le bateau dedans, dehors … 

Je ne connais pas Figueira. Je profite du mercado municipal  tout proche et bien achalandé. Ensuite je visite la petite ville dans tous les sens…  Elle est plutôt sale, mal entretenue avec une architecture dysharmonieuse et beaucoup d’habitations plus ou moins délaissées. La ville parait vraiment en grosse difficulté malgré des espaces verts intéressants. En plus vers l’est , là-bas vers les collines, le ciel est plombé avec les fumées des incendies. Selon le vent, les cendres atteignent  la ville et tapissent les ponts des bateaux. 


Vendredi 15 juillet,


Je quitte Figueira dès 6h30 dans une grosses purée de pois avec une visibilité réduite à quelques dizaines de mètres. La vigilance extrême est de mise et l’AIS est d’un grand secours. Ce brouillard épais ne s’éclaircira vraiment que 3 heures plus  tard pour revenir épais à mon arrivée à Lexoes après 62 miles  de navigation dont 5 ou 6 à la voile.

J’ai préféré rester mouillé à l’extérieur du grand port pour éviter le bruit  de dragage en cours. 





                        Pas mal de brouillard au-dessus de Figueira da Foz.


Lundi 18 juillet,


Java a passé 2 jours et 3 nuits  au calme dans ce mouillage étendu  un peu rouleur mais sécurisant parfois en compagnie de 1 ou 2 autres voiliers. Je n’ai même pas eu envie de descendre à terre et j’ai attendu aujourd’hui pour  profiter d’une bascule de vent au sud et entamer ma dernière étape pour la Galice.

 J’ai eu le temps d’observer le trafic maritime. J’ai admiré le travail de 2 gros bateaux-pilotes de 25 mètres de long prendre en charge les gros cargos ou autres porte-conteneurs et les aider à entrer  et à accoster dans le port. Par temps calme, c’est déjà un sacré boulot mais par temps musclé, c’est certainement acrobatique. 



              Même dans un grand port de commerce, un coucher de soleil est sympa.


J’ai décollé à 7h  ce matin. J’ai dû effectuer 2 heures de moteur pour enfin trouver le vent prévu. Et là, le plaisir de la navigation à la voile avec un bon vent portant a commencé ( mollasson d’abord puis forcissant progressivement jusqu’à atteindre une vingtaine de noeuds en fin d’après-midi) , agrémenté par de nombreux petits dauphins, et de quelques … bancs de brume jusqu’à midi. Au nord de Porto, entre autre, les bouées de casiers sont très nombreuses. La côte est belle avec ses collines escarpées et boisées qui  se hérissent jusqu’à la mer. De nombreux puffins au vol planant au ras des vagues et  fous de Bassan au vol puissant accompagnent la remontée de Java. Le spectacle est constant et je m’ennuie jamais. 

Après 62 miles de mer, cette belle journée de voile m’a permis de gagner la baie de Baiona où j’ai mouillé en compagnie d’une vingtaine de voiliers, bien abrités des vents du sud. L’environnement est magnifique, la ville à portée d’annexe et le château bien protégé par des longues murailles qui occupent toute une presqu’île. 

Je suis heureux d’être en Galice pour quelques semaines de séjour et découvertes. 



Depuis mon départ de Faro, j'ai effectué 500 miles environ dont 300 miles au moteur. Finalement, je ne suis pas trop mécontent pour une remontée des côtes portugaises. Mais j'ai couru après chaque brin d'air, en acceptant d'avancer à 2 noeuds minimun !


Depuis mon départ de Faro, je ne n’ai pas souffert de la chaleur,  excepté dans le Rio Sado. Et pourtant, à côté, à 20 ou 30 kilomètres dans les terres, la température atteint,  voire dépasse les 40 degrés. La France, l’Espagne, le Portugal, même le sud-est de l’Angleterrre ont très chaud …Et ça brûle, notamment dans le Bordelais et même dans les Monts d'Arrée. Pas rassurant tout cela. 

Que de temps, j’aurai passé à naviguer au moteur sur cette côte portugaise , au sud en Algarve, comme à l’ouest ! Venir au Portugal pour le plaisir de la voile n’est pas une très bonne idée: trop peu de ports accessibles tous temps avec de nombreuses barres dangereuses à l’entrée , peu de mouillages,  peu de vent à la côte ou alors juste quelques heures de vent solaire fort  dans l’après midi … C’est assez frustrant. Bien sûr, l’alizé portugais  de nord nord-est souffle bien en été mais souvent  à quelques dizaines de miles de la côte: pratique pour descendre mais pas pour visiter … Et cependant, le Portugal est un beau pays attachant. 




Kenavo, ar wech all. 

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