Muros, le Samedi 13 aout 2022.
Je suis au mouillage devant la superbe petite ville de Muros depuis une semaine et j’y suis très bien.
Devant Java , les belles maisons avec des verrières.
L’environnement a un aspect de basse montagne verdoyante. Je suis protégé de tous les côtés comme sur un lac. J’ai la ville et ses nombreux commerces, l’arrêt de bus et même l’eau potable d’une source et une marina ( au cas où) à portée de la main… La ville est animée mais sereine comme je les aime. Rares sont les endroits où je me sente aussi bien sans envie de les quitter. J’ai pris mes petites habitudes. J’achète mon canard «la voz de la Galicia » à la loteria, prend mon café-croissant à la panaderia-pastelaria juste en face sous les arcades, ma petite bière estrella à une des nombreuses terrasses… Et puis, il fait frais !!!, 16-17 degrés la nuit , de 20 à 25 degrés le jour alors que la canicule et les incendies frappent la Galice: 41° à Ourense et 35 000 hectares brûlés cet été.
Des nuages ... de fumées comme ici vus de Cambados.
Muros est une bourgade de 2000 habitants, magnifique avec une vieille ville absolument splendide aux anciennes maisons solides, et originales, aux multiples arcades, aux rues dallées et zigzagantes , aux toits de tuiles orangées…
La ville au tourisme raisonnable, sans pièges à touristes, a su rester authentique. S’y balader et s’y perdre dans des dédales de ruelles est un plaisir fou. Les détails sont partout et ne se révèlent que progressivement, un peu tous les jours. Il est facile, avec l’annexe, d’accéder aux quais ou aux cales. Muros est ainsi devenue ma ville ville préférée de Galice.
Ruelle Muros.
Ruelle Muros.
Muros: de nombreuses arcades .
Belles maisons toujours à Muros.
Il existe bien des chemins de randonnée mais sans balisage. Finalement, je les aime bien comme cela, presque sans randonneurs. La découverte est totale, les demi-tours fréquents …
Muros vu d'en haut.
Mais qu’ai-je fait depuis les 4 semaines où je suis arrivé en Galice. Et bien, je me suis régalé.
Lundi 1er août 2022, 15 heures, au mouillage près de l’île Toxa Grande , près de cambados dans la ria d'Arousa, 35° dehors, 28° dans le carré de Java. Je préfère le cockpit aéré. Ce fut la journée la plus chaude.
Couleur locale à Cambados. |
Voici juste 2 semaines que j’arrivais en Galice, en l’occurence à Baiona. C’est la quatrième fois que j’y viens. J’y suis plus attentif pour mieux la découvrir, notamment, en privilégiant des mouillages inconnus et pommés, en randonnant et en lisant. Il fait très beau: pas de pluie , peu de brouillard, plutôt chaud mais frais la nuit. Les vents sont capricieux souvent faibles mais pas toujours ( de 0 à 30 noeuds) avec brises quotidiennes puissantes pendant 5-6 heures en fin de journée.
La Galice est verte avec beaucoup de collines et de basses montagnes mais la Pena Trevinca culmine tout de même à 2127 mètres. Elle est très habitée ( environ 3 millions d’habitants et 100 habitants au Km2), dynamique, travailleuse, animée. Globalement son habitat est harmonieux , avec ses toits en tuile rouge. Les hauts immeubles sont souvent de même hauteur et restent visuellement acceptables. Elle est celte , ça se sent, ça se voit, ça s’entends. Elle est arrosée, humide, brouillardeuse, fraiche avec une eau de mer froide. Elle a sa langue, le Gallego, sa culture, sa musique, sa gastronomie. Les poissons et les fruits de mer jouent un rôle primordial dans l’économie: pêche, cueillette, cultures, restauration … L’aquaculture est très développée notamment la mytiliculture à travers les centaines de viveiros. Les ports de pêche sont nombreux.
Beaucoup de pêche aux filets à raser les bateaux au mouillage.
Elle est granitique. Ses côtes découpées , parfois déchiquetées, présentent de nombreuses rias. La Galice est le pays du granit et de ses grosses dalles qui tapissent la plupart des rues et ruelles des vieilles villes, piétonnes ou non ( rien à voir avec le Portugal avec ses pavés). C’est le pays des horreos , greniers extérieurs surtout en pierre, parfois en bois, surélevés sur des piliers. Ils seraient au nombre de 30 000 environ … de toutes tailles. La Galice du nord est plus rude, plus froide , globalement plus pelée, plus austère, plus sauvage, plus ventée. La Galice du sud présente un climat breton avec plus de pluie et quelques degrés en plus, permettant ainsi la culture de la vigne , d’agrumes…. Le cap Finistère les sépare. Son passage à la voile est rarement une partie de plaisir surtout lorsqu’on remonte vers le nord.
Sur la côte ouest de la Galice et dans ses principales rias ( Vigo, Pontevedra, Arousa et Muros-Noia), même pendant la belle saison, la navigation à la voile n’est pas évidente: vent dominant de nord-ouest à nord-est en passant par le nord, brises côtières fréquentes et puissantes, vents faibles au fond des rias . Mais en étant patient et attentif, on peut presque toujours éviter l’utilisation du moteur. Ceci étant, les années passant, plus les voiliers grandissent ( les moins de 12 mètres sont devenus rares) , plus ils deviennent des "bateaux à moteur avec mât », des « voiliers » à voiles auxiliaires… Triste.
La Galice, éloignée de partout, est raisonnablement touristique et accueille surtout des touristes espagnols. Les plages sont nombreuses et magnifiques mais la fraicheur (froideur ?) de l’eau de mer en freine d’autres ( 15° degrés vers le cap Finistère). Et même actuellement en pleine saison, je respire … sans les cohortes de britanniques, d’allemands ou autres nordiques qui viennent s’encanailler dans bien des endroits…
A Baiona, j’étais mouillé dans la grande baie devant les longs remparts qui protègent un château devenu à présent un parador. Une petite randonnée autour de ses murailles est bien sympathique le soir venu.
Arrivée sur Baiona avec son château
Vue de mer, les nombreux immeubles sans charme n’invitent pas à débarquer. Cependant, la vieille ville, animée, touristique, avec ses ruelles piétonnes, reste agréable, avec les nombreuses terrasses des bistrots et restaurants, avec très peu de boutiques à souvenirs. C’est frais, reposant, dynamisant. On déambule, on flâne entre locaux et touristes.
Vieille ville à Baiona.
Le lendemain,en soirée, j’ai gagné Cangas, pour 7 miles de navigation sous voiles avec un petit vent dans le nez, où j’ai mouillé devant la grande plage. La ville est intéressante avec ses belles ruelles dallées en partie piétonnières mais on ne retrouve pas le charme ni l’ambiance bien plus conviviale de Baiona. La ville semble souffrir. Bon nombre de maisons et divers bâtiments ne respirent pas la santé. J’ai randonné le long de la côte en passant par l’ensenada de Limens puis en retournant par les terres. Le paysage est très beau et verdoyant avec assez souvent une végétation de type méditerranéenne . De nombreuses usines désaffectées ( salaisons, conserveries … ) témoignent d’un passé dynamique, pas très ancien . Une petite cale, asséchante à marée basse à l’est du port, permet un accostage facile et de ranger son annexe dans le haut.
Le lendemain, en fin d’après-midi, j’ai quitté Cangas pour l’Ensenada de Barra pour 5 miles de navigation sous voiles par un petit vent d’ouest ( en réalité 10 miles avec le vent encore dans le nez). J’ai mouillé à distance de la trentaine de voiliers et divers bateaux devant la plage «nudista » bien garnie et aux peaux bien bronzées.
A 7h30 du matin , je suis descendu en annexe à l’extrémité ouest de la plage ( pas de chenal prévu), point de départ d’une superbe randonnée d’une quinzaine de kms à l’extrémité sud-ouest de la péninsule de Cangas, en passant par le Monte de Melide, la Punta Subrido, la playa de Melide, le Cabo Home, le Monte Facho puis retour par l’intérieur.
Cette randonnée sur terrain escarpé, effectuée par temps clair, très diversifiée, très riche au niveau ethnologique fut absolument magnifique avec des panoramas fantastiques: forêt de pins, d’eucalyptus, plages, falaises jusqu’au point culminant à 180 mètres seulement ( une sensation d’être à 1000 mètres!) mais avec une vue splendide sur les îles de Cies, d'Ons, sur les rias de Vigo, de Pontevedra, d’Arosa… Tout proche, un ancien phare en pierre interroge sur son fonctionnement. Tout proches aussi, des vestiges d’un village fortifié du Xème et XIème siècle avant JC, puis un peu plus bas, des pétroglyphes apportent un intérêt supplémentaire. Note 10/10
J'ai également remonté la ria jusqu’à la ville de Moana et ai mouillé 24 heures devant la grande plage puis débarqué sur la grande cale assez proche de la marina. La ville est sans intérêt . La promenade maritime est animée et accueille pas mal de grosses fiestas mais je l’ai trouvée froide et tristounette.
Le lendemain , j’ai regagné la belle ensenada de Limens pour une nouvelle petite ballade dans le secteur. Puis je suis retourné mouiller près de la punta Subrido pour me rapprocher des îles Cies. Les îles de Galice ( Cies, Ons , Salvora notamment ) forment un parc maritime protégé. Pour les visiter, un permis de navigation puis une demande de mouillage sont nécessaires ( 10 nuits par an au maximum). Cies limite à 2000 le nombre quotidien de touristes .
Le lundi 25 juillet de bon matin, je me suis rendu aux îles Cies à 3 miles de là et ai mouillé, en compagnie de 3 voiliers devant la grande plage d’"Arena Das Rodas » qualifiée de plus belle plage du monde par le Guardian, il y a quelques années. A 8h30, bien avant l’arrivée des touristes, j’étais sur les chemins et j’ai réalisé les 4 randonnées dans la journée.
Ile sud des îles de Cies.
La Ruta del Faro de Cies dans le sud, culminant à 180 mètres d’altitude et celle de l’"Alto de Principe" à 110 mètres sont spectaculaires et réellement exceptionnelles et font partie de mon top 10 de toutes les randonnées que j’ai effectuées jusqu’à présent. Note encore 10/10. Puis j’ai passé la nuit près de la plage de l’île sud qui a priori n’est pas visitable.
Pas bien grand le poussin Goéland pour une fin juillet !
Le lendemain, j’ai gagné un mouillage devant la plage de Canelinas à Porto Novo dans la ria de Pontevedra: belle navigation au près en tirant des bords par vent d’une dizaine de noeuds sur une mer belle. La vieille ville est assez belle, assez animée avec ses ruelles en pente mais aussi toute proche de Sansexo devenu un haut lieu touristique avec boites de nuit … Heureusement les immeubles gardent une certaine harmonie malgré leurs grandeurs.
Les mercredi 27, jeudi 28 et vendredi 29 juillet, j’ai passé 3 nuits tranquilles au mouillage devant le beau village touristique de Combarro agglutiné autour de ses 68 horreos.
Les horreos au bord de la grève.
C’est un vieux village de pêcheurs improbable avec ses ruelles étroites et biscornues, son architecture dévoyée, son tourisme effréné . L’endroit est insolite. Le matin, avant 10 heures, il est presque désert puis la cohue débarque.
Combarro à 8 heures le matin, un désert.
J’en ai profité pour prendre le bus et aller visiter la vieille ville de Pontevedra ( 83 000 habitants) que je connaissais pas mais qui fut une très belle surprise: ville d’histoire, très bel habitat, larges zones piétonnes, nombreuses animations, gastronomie ...
Pontevedra: une multitude de ruelles, de places ...
Toujours Pontevedra. |
Le samedi 30 juillet, j’ai quitté Combaro pour la baie de San Vincente. Je profite de naviguer presque toujours dans la deuxième partie de la journée où le vent est plus fort ( souvent absent le matin).
Le dimanche 31/07: J’ai rejoint l’Isla Toxa près de Cambados pour un mouillage devant la marina privée, le terrain de golf, les deux gros hôtels 5 étoiles, les résidences de luxe … et tous proches quelques petits pêcheurs professionnels triment à trainer leurs ravageurs pour ramasser quelques kilos de coquillages. Parfois passe un ferry avec des touristes qui s’égosillent sur une musique démesurément forte … Contrastes.
J’ai visité la ville de O Grove , grand port de coquillages , sans beaucoup de charme.
Lundi 1er août, au soir, j’ai quitté L’Isla Toxa pour l’Isla Arousa ( relié au continent par un pont ) pour 7 miles de navigation dans un vent à bout de souffle nécessitant une bonne demi-heure de moteur. J’ai mouillé coté sud de l’ensenada de San Xulian en compagnie de 4 autres voiliers visiteurs. La ville n’a pas d’intérêt particulier mais l’île est belle avec ses multiples chaos granitiques tant côtiers que terrestres , ses nombreuses parties boisées, ses mignonnes petites plages, ses beaux sentiers de randonnée, ses « chiringuitos » bien planqués mais accueillants et animés .
Enseada Sur de San Xulian à Arousa.
La galice est aussi le pays des Viveros , 47 sites pour 3300 bateas (« radeaux » ) représentent 230 km2 où sont cultivées les moules. Chaque moule filtre 193 litres par jour. La Galice produit 250 000 tonnes de moules par an, en assurant 15 000 emplois.
Viveros derrière le voilier.
Dans 2 jours Le capitaine retrouve son équipière pour 3 autres semaines de vagabondage dans les rias.
Kenavo.
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