dimanche 10 juin 2018

Panama Galapagos

Vendredi 27 avril 2018, 

Depuis quelques années, j’avais pensé intégrer un équipage comme équipier sur un voilier pour une croisière soit dans le Pacifique, soit vers la Terre de Feu au sud de l’Amérique du sud. Et j’ai franchi le pas avec un parcours Panama- Les Marquise via les Galapagos. 

Je suis arrivé à l’aéroport de Panama City le lundi 15 avril en provenance de Madrid ( visite intéressante de la vielle ville). Peter le chauffeur de taxi détaché par le capitaine du « Voilier » où je me rends nous y attendait , l’autre équipier et moi. Il nous a emmené jusqu’au Yatch Club de Balboa près du pont de Las Americas à la sortie du canal de Panama côté Océan Pacifique. Peter est un Panaméen d’une quarantaine d’années, pure souche , propre sur lui avec une  longue queue de cheval, un  sourire intarissable, une élocution tranquille, soignée, incessante.  Le Voilier  et son capitaine nous attendaient tranquillement au mouillage sur bouée. La navette maritime du club nous a envoyé à bord. Nous étions réunis  à trois pour une navigation d’environ 4000 milles. 


                                              Palais dans la vieille ville de Madrid.

Après 5 jours de préparatifs assez intenses dans une chaleur moite ( 35-37 degrés, vent calme, ciel surtout nuageux, brumeux et lourd) : multiples petites réparations, achats de vivres, diverses formalités, nettoyage de la coque par nos soins et surtout par  le  capitaine plongeur en bouteille, fumigation de la cabine par un service «  soi-disant agréé »…. (les officiels des Galapagos ne rigoleraient pas), nous avons quitté Balboa le samedi 21 avril pour nous rendre au mouillage dans la baie de "j'ai oublié le nom".(En réalité, c’est là que la coque fut nettoyée avec spatules et brosses: elle avait une protection cuivrée "copper  coat" comme antifouling). Nous y avons passé la nuit, peinards au mouillage avant de partir pour la première partie du voyage, direction « les Galapagos ». 


                                                Canal Panama côté Pacifique.

Nous avions auparavant profité pour effectuer les courses et de deux soirées pour visiter un peu la ville de Panama et surtout Panama Vieja, étonnante cité coloniale espagnole du 16 ou 17 ème siècle aux maisons colossales et luxueuses ( pour la moitié rénovées et pour l’autre en rénovation, dans un but, à premier vue purement touristique) ). Juste en face, au delà d’une étroite baie, le Panama moderne et riche avec une infinie quantité de gratte-ciels « à la Singapour » , plus hauts les uns que les autres,  pas complètement dénués de charme vue de loin, vision futuriste surtout la nuit quand les éclairages semblent  encore allonger les tours . Nous avons aussi traversé des quartiers défavorisés où la vie ne s’avère probablement pas facile tous les jours dans une pauvreté bien visible. Pour tous ces déplacements, nous avons bénéficié à tarifs modérés du service attentionné et patient de Peter le « super-taxista ». Par contre, globalement la vie est tout de même très chère.
Je n’ai pas rencontré un seul moustique pendant ces quelques journées. Les américains constructeurs ( après l’échec des français) puis exploiteurs du canal de Panama pendant quelques dizaines d’années ont dû utiliser des produits … très efficaces.


              Départ de Panama avec une maison futuriste multicolore et les tours dans le fond.


Le « Voilier »,  un  57 pieds de  17-18 mètres de long pour 5 mètres de large.  est  récent, bien entretenu, bien équipé:  matériels de navigation et de sécurité complets et modernes, groupe électrogène, désalinisateur, chauffage, climatisation, compresseur de plongée,frigo, congélateur lave-vaisselle , multiples matériels électroniques     ….
Du départ le lundi 22 au jeudi 25 avril à midi environ, le temps est resté médiocre et surtout  très orageux avec de nombreux grains, éclairs, grondements, …. L’air était très chaud et humide. Nous buvions très fréquemment pour compenser nos suées .  Les vent sont restés faibles ( de 2-3 noeuds à une douzaine de noeuds) et irréguliers mais plutôt portants . Le moteur a été sollicité pendant au moins 25 heures .  Au départ , pendant environ 2 jours, les courants étaient favorables avec une vitesse moyenne de 1.5 noeud puis depuis hier nous les avons dans le nez à une vitesse de 1 noeud. Le temps s’est nettement amélioré, les orages nous ont quitté. Le soleil et ciel peu nuageux sont revenus avec des températures plus tempérées et une atmosphère moins lourde. 


                                       Conditions typiques des premiers jours de navigation.

Nous avons rencontré quelques dauphins, une tortue et de nombreux oiseaux: fous, océanites, mouettes ou goélands. La mer a été plutôt belle , un petit  peu agitée la nuit passée avec un bon 20 noeuds réels dans une navigation au près. Sur un bateau de 18 mètres, les mouvements à la mer sont plus doux  que sur mon « Java » et  nous avons jusqu’à aujourd’hui pris tous nos repas sur la table  du cockpit. 
Nous avons chacun notre cabine et notre coin toilette personnels nous permettant une intimité bien agréable sur des longues navigations. Les repas sont préparés chaque jour, à chacun son tour. Les quarts se font toutes les 4 heures avec un décalage de 1 heure chaque nuit. L’ambiance est concentrée, sereine et détendue. Le capitaine très compétent, est un amoureux du monde maritime et de voyages,. Il connait parfaitement bien  son bateau qu’il entretient avec minutie, bon sens et régularité.
Nous sommes à environ 200 milles des Galapagos que nous devrions atteindre dimanche prochain. Les 2 derniers jours de navigation s’annoncent au près , bon plein, dans de bonnes conditions avec un vent assez établi et une mer peu agitée. 
Nous discutons pas mal  (en français et espagnol), lisons, écrivons un peu,  méditons, rêvons, admirons la mer, le ciel, les étoiles, la lune, les oiseaux … Nous profitons de ces instants de calme loin de partout sur des routes maritimes sans traffic ( deux bateaux détectés  depuis 3 jours et un avion non immatriculé qui nous a survolé pendant 10 minutes avant hier ).




                                                   Quart de nuit, trois quarts de lune.


Samedi 28 avril , 3 heures du matin,

Le « Voilier » se rapproche tranquillement des Galapagos à 180 milles devant l’épave, Le ciel est clair, les étoiles sont assez nombreuses mais peu brillantes dans  cette lumière de pleine lune. Tout est calme: la nuit, la mer, le voilier avançant à 3 noeuds dans un  vent soufflant à 5-6 noeuds. Le gréement grince lors des petits mouvements de tangage et de roulis. La grand voile se dévente parfois puis claque mollement lorsque la bôme reprend sa place. Le pilote automatique couine constamment  en commandant les deux barres à roue qui tournent toutes seules d’un côté puis de l’autre, d’un côté puis de l’autre … Le défilement de l’eau sur la coque est très discret, très fluide, à peine audible. « Schlach »,  une "merde" vient de s’abattre sur le pont et sur la capote où je suis abrité. Cette nuit,  après quelques bruyantes hésitations  d’approche, 3 ou 4  fous ont réussi à squatter les barres de flèche et se sont « cloaquement » bien détendus. J’ai pris mon quart ( pas de vin rouge mais de veille)  de nuit à 2 heures du matin pour 4 heures d’attention. Je suis assis, calé  comme je peux sur la banquette tribord et je pianote mon clavier dans cette ambiance marine et océanique tranquille. Le voilier suit son cap, tout doux, tout doux , un petit peu au nord de la route. Normalement le vent devrait passer de sud-ouest à sud  nous permettant de gagner quelques  degrés et ainsi arriver à destination sur un seul bord. Les deux autres équipiers dorment dans le calme  des couchettes quasi horizontales.

C’est la première fois que je navigue réellement sur le bateau des autres pour une véritable croisière de quelques semaines. Et ça change. Je suis déchargé de la responsabilité de capitaine de l’embarcation, de son bon état de marche, des craintes d’avaries, des problèmes de formalités … et d’un tas d’autres préoccupations. Je navigue quelque part, la tête plus légère, plus en observateur qu’en acteur. Je me laisse  un peu vivre, un peu guidé … Bien entendu, l’équipier participe à la bonne marche et aux bons soins du bateau. L’expérience est bonne puisqu’elle me permet  de  voir en grandeur nature la manière de naviguer d’un autre capitaine, et de prendre note des plus auxquels je n’avais jamais pensé, de toutes ces grandes et petites choses qui facilitent  la vie .


Toujours le samedi 23h15,

Je suis allongé sur la bannette de ma cabine à 1,5m de hauteur , retenu par la toile anti-roulis. Nous venons à peine de franchir l’équateur.  Tous trois, nous avons passé l’équateur en navigation pour la première fois . Nous étions tous trois, vers 22h30 devant l’écran de la cartographie du cockpit à regarder les secondes de latitude s’égrainer jusqu’aux éphémères N 0° 00’ 000’’ puis S 0° 00’ 000’’ . Nous étions sous voile au travers à 6-7 noeuds dans une mer belle, dans  un  décor rêvé de pleine lune et d’étoiles discrètes. Ce sont des moments symboliquement forts  et significatifs qui malgré tout confirment la petitesse de notre Terre.  Normalement, nous arriverons aux Galapagos demain dans la journée. 



                                 Ca y est, nous sommes dans l'hémisphère sud.


Mardi 1er mai, Archipel des Galapagos, île San Cristobal,

6h 30 du matin, je me réveille avec les panneaux de pont restés ouverts toute la nuit pour assurer une ventilation agréable . Le ciel est bleu uniforme, il doit faire déjà plus de 25°. Dehors, les lobos  ( phoques de mer) « beuglent ». 



                                                                
Nous sommes arrivés au port de Puerto Baquerizo Moreno , dimanche dernier vers 14 heures après environ 7 jours de mer pour plus de 900 milles  parcourus ( dont 150 environ au moteur)  au grand large d’abord puis surtout au près bon plein dans un vent allant de 2 à 22 noeuds réels , dans une mer au pire peu agitée ( voilure minimun: 2 ris dans la grand voile et trinquette à l’avant). Malgré, le temps mitigé et surtout orageux des premiers jours , la navigation fut plutôt belle, peinarde , rythmée avec les quarts. 
A 10 milles du port et 3 milles de la côte, nous avons vus nos première loups de mer ( lobos), quelques tortues marines, quelques fous , quelques puffins ….  Les côtes sont plutôt basses, rocheuses et entrecoupées de nombreuses petites plages de sables blonds. L’île est verte claire  avec des collines assez hautes, sans habitation visible.  Trois éoliennes semblent perdues  sur la ligne  de crête. Nous avons mouillé sur ancre avec 45 mètres de chaine dans une douzaine de mètres de profondeur d’eau assez transparente, parmi une dizaine de voiliers ( dont 4 ou 5 français) et quelques dizaines de bateaux à moteur de pêche, de transport, de taxis …30 degrés dans l’air et 21° dans l’eau. A peine 1 heure plus tard,  les officiels débarquent plutôt souriants mais plus que pointilleux . Tout d’abord un plongeur vérifie la propreté de la coque qui doit être parfaite sinon le bateau est renvoyé au large avec une amende de 600 dollars : pour nous, pas de problème la coque est propre. Puis pendant 2 heures, 6 personnes grimpent à bord pour remplir un tas de paperasses, poser des tas de questions, prendre de multiples photos et inspecter l’intérieur du bateau 
( beaucoup éléments de nourriture et autres objets sont interdits) Notre bon capitaine était sans cesse assailli : « capitan » … « capitan » … « capitan »… « capitan »……  Des dizaines et dizaines de fois! Quel succès! Bon, ça se passe bien mais il faudra refaire une fumigation mécanique ( celle effectuée manuellement au Panama n’est pas suffisante !!!).  L’ensemble de ces formalités avec les diverses autorisations de ceci et de cela …. frisent les 2000 dollars pour le bateau et l’équipage, soit environ 1600 euros., juste pour le droit de  mouiller et de visiter l’archipel de façon très réglementée et uniquement dans 3 ports  en tout.  C’est franchement pour le moins déraisonnable . Et  à trop emmerder et plumer les navigateurs, de plus en plus de voiliers descendent directement en Polynésie sans s’arrêter dans cet archipel .  Les habitudes se prennent vite … Tant pis pour eux, tant pis pour nous, les navigateurs … Du mouillage, le village parait un peu désordonné et beaucoup en chantier.



                                              Puerto Baquerizo avec le taxi acuatica.

En soirée, le «  water taxi » nous a emmené à terre en passant parmi de nombreux lobos  qui, ici, envahissent tout .  Les pontons de débarquement en sont encombrés. Les grosses bestioles crient, signifient leur mécontentement lorsqu’elles sont dérangées  en grognant et montrent parfois les dents , se mordillent entre elles.  Toute la rive est barricadée afin  qu’elles m’envahissent pas les rues de la petite ville aux maisons souvent colorées. Les  grosses bestioles montent sur les bateaux aux francs-bords trop bas ou se reposent  sur les jupes. Il doit y en avoir des milliers et des milliers.  Puis nous avons bien mérité un bon dîner que nous prenons dans un restaurant au décor original , hétéroclite , un peu à distance du front de mer.
Nous sommes tout de même un peu fatigués de la navigation, des formalités  longues et agaçantes  et au retour, chacun gagne rapidement sa couchette.

Mardi 1er mai, dans le cockpit du «  Voilier »  avec un lobos qui grogne dans la jupe ( du bateau ! nous avons retrouvé une fois un spécimen allongé sur une banquette du cockpit ) et de multiples frégates au vol gracieux devant mes yeux.

Hier, nous nous sommes promenés dans la ville quadrillée par des rues longilignes bordées de petites habitations ou de petits immeubles bas, le plus souvent colorés: anciennes maisons en bois souvent délaissées ou plus récentes peintes en façade et aux parpaings apparents sur les côtés , donnant un aspect peu soigné et un peu bâclé , ou bien cabanes améliorées aux toits de tôles. Beaucoup de constructions sont en cours ou à la finition hypothétique. Les petits commerces, les restaurants … sont nombreux et les  gens globalement serviables.  Aux abords de la ville se rencontrent des cabanons,  habitations ou ateliers d’un autre âge, tristounets, désordonnés, peu entretenus qui sentent la pauvreté , si proches et pourtant si éloignés de la manne touristique. Le village est plus laid que beau. Seul le bord de mer a été récemment aménagé de manière agréable.  


Mercredi 2 mai,

Les lobos  sont décidément partout, sur les plages , dans la mer, autour et sur les bateaux, en bord de mer, sur les terrasses et  parfois dans les rues! Passés la surprise, l’étonnement, la curiosité, ces gros animaux deviennent vite encombrants, puent, meuglent comme des veaux, parfois brament  à moitié comme des ânes ou éternuent, chient et pissent partout, s’étalent sur les débarcadères, les bancs… Des barbelés entourent les bateaux des locaux pour les empêcher de monter à bord… Les tortues marines  et les iguanes terrestres de couleur noire  sont bien plus discrètes. 


                                                                      Une invasion!
Samedi 5 mai

Hier nous sommes allés  dans une petite baie rocheuse et rocailleuse  de « Las Tijeteras « avec parfois quelques fonds de sable dans le parc national , lieu idéal pour le snorkeling . Nous étions une dizaine de personnes à nager avec masques et tubas en dessous de la statue de Darwin et sous l’oeil d’une dizaine de pélicans . Pendant un quart d’heure, 3  phoques m’ont accompagné à me toucher sans me lâcher d’une palme en me montrant leur élégance subaquatique. Une grosse tortue broutait des algues sur les rochers  à quelques mètres de profondeur. De multiples poissons colorés s’animaient autour des roches . La flore était clairsemée: snorkeling intéressant mais bien loin d’être extraordinaire.  Au retour, sans ombre, le soleil tapait dur (avec plus de 30° à l’ombre)  et un vent inexistant. 


                                                                     Près de Darwin.

Hier, une manifestation a eu lieu avec les pêcheurs , les taxis maritimes et les divers bateaux de tourisme qui craignaient pour leurs activités.  La réglementation devient de plus en plus stricte dans ce parc national représentant 90% des Galapagos.  La population locale est de plus en plus inquiète avec des contraintes qui semblent effectivement draconiennes et éloignées de la vraie vie des gens. Que l’on protège la nature, oui, que des règles existent , oui, qu’un tourisme de qualité soit privilégié, oui, mais que tout cela semble s’effectuer dans un délire de formalités, de tracasseries administratives, de tourisme ponctionnés financièrement pour tout et n’importe quoi, de touristes comptabilisés  à chaque plage et à chaque  musée , non. San Cristobal désire et envisage un tourisme plutôt haut de gamme mais sans avoir les moyens financiers mais peut-être et surtout sans population suffisamment formée et cultivée…


Dimanche 6 avril, au mouillage dans la baie del puerto Baquerizo Moreno. 

Huit voiliers et cinq petits bateaux de croisière sont au mouillage . Malgré cela, les allées et venues    quotidienne et permanentes , à toute vitesse dans un espace sans chenal, de zodiacs, d’annexes diverses, de taxis aquatiques , de bateaux d’excursions,  de pêche …. sont incessantes, bruyantes, irrespectueuses , pénibles .  D’où viennent ces habitudes de passer à 2 mètres des bateaux? Pour l’instant le touriste est une vache à lait et beaucoup de changements doivent s’effectuer dans la tête des locaux qui sont au demeurant serviables mais manquent sérieusement de délicatesse et d’attention. 
En conséquence, de moins en moins de voiliers s’y arrêtent.
Hier, nous sommes allés nous balader de l’autre coté de l’aéroport vers la plage de la Loberia. Peu d’endroits sont accessibles au public et s’ils le sont, un gardien du parc est toujours présent et vous devrez noter votre nom et adresse d’hébergements sur un listing, en sachant que tout ferme à 18 heures y compris les plages! Cette côte au vent est interessante avec ses quelques plages de sable blond, ses spots de surf, ses nombreux  lobos maritimos ( loups de mer ) , iguanes terrestres, ses quelques pélicans, pinsons,  frégates … M’enfin, le fantastique et l’extraordinaire bluffant  n’y sont pas .  Pour moi, pour l’instant, l’image est surfaite. Heureusement pour que Darwin est passé par là.
Au mouillage rien ne change, les lobos s’activent dans la baie. La jupe du bateau est occupé les 3/4 du temps par un ou deux spécimens, les frégates planent en groupes dans le ciel , parfois la poche rouge de la gorge des mâles se gonflent, quelques  océanites « picorent » à la surface de la mer agitée par un vent d’une quinzaine de noeuds… et toujours les ballets bruyants des bateaux. 

Cet après-midi, je me suis promené dans le haut de la ville, dans les quartiers défavorisés.  En fait, la ville toute entière est une juxtaposition de vieux et de neufs pas finis, le tout dans un  foutoir pas possible même si les rues sont relativement propres. Les détritus trainent un peu partout dans les jardins et les terrains vagues.


"Faubourg" de la capitale de San cristobal.



                                                       Vieilles cases typiques. 

J’avoue avoir un peu de mal avec d’un côté des autorités qui demandent un maximum d’exigences   ( dorénavant en plus des 6-7 personnes qui montent à bord des voiliers arrivants,  s’ajoutera une personne supplémentaire …. un médecin !!! pour vérifier la bonne santé de l’équipage …)  et de l’autre côté un gros laisser-aller désordonné , bruyant et « crado ».  Il est également prévu que les rares musées deviennent payants , en plus de la somme  déjà versée pour uniquement pouvoir mettre le pied aux Galapagos. Quelque chose doit m’échapper.

Mardi 8 mai 

Nous  sommes toujours dans la baie del puerto Baquerizo Morano, le seul mouillage autorisé sur toute l’île pour les voiliers visiteurs.  Il est quatre heures et je suis réveillé. Dehors,  depuis déjà quelques temps, le vacarme agresse mes petites oreilles. L’activité nocturne du port commence très tôt. Un cargo décharge sa marchandise sur une barge en utilisant des moteurs thermiques d’un autre âge et surtout sans aucune insonorisation. Il est dit que les bruits sont la première pollution dans le monde et je vais finir par le comprendre. 
Hier, nous avons été en petite vedette à moteur, accompagné d’un guide au rocher vedette du secteur , le «  Leon Dormido » ( lion endormi en français nommé ainsi de par sa forme). Sur place nous avons fait du snorkelling pendant une bonne heure en combinaison dans une eau à 20 °. Nous avons longé les falaises de plus de 100 mètres de hauteur et traverser un petit détroit qui sépare les deux rochers. Nous n’avons rien vu de vraiment extraordinaire et la  beauté des fonds marins des Caraïbes est autrement plus interessante. Même les « tiburons martillos" ( requins marteaux) sont restés planqués… Puis nous avons débarqué sur une plage perdue bordée de mangroves et de terre volcanique . L’eau était belle et quelques phoques, tortues et raies  se laissaient approcher. 
Ce jour, je suis monté à pied jusqu’à « El Progreso », premier peuplement des Galapagos au XIXème siècle ( 15 kms aller-retour. Le village est resté dans son jus avec des cabanes en bois basses et colorées,  aux toits de tôles , bordant les quelques rues pavées.  En haut du bourg , le  mirador « Loma del Consuelo » situé à plus de 300 mètres de hauteur, permet d’embrasser une bonne partie de l’île et Puerto Baquerizo Moreno. El Progreso représente la majeure partie agricole de l’île. J’ai bien tenté de me faufiler dans des chemins pour descendre sur la côte ouest puis la longer  mais la multiplicité de chiens de bonne taille, détachés et aux aboiements peu sympathiques  m’ont incité à faire demi-tour. Sur San Cristobal, les touristes se promènent dans un espace très limité, en taxi et  accompagnés d’un guide …



                                                          Iguane maritime.


Samedi 12 mai, 

Mercredi dernier, nous avons levé l’ancre du puerto Bariquezo Moreno pour rejoindre l’île de Santa Cruz située à 40 miles: bonne navigation tranquille à la voile, au portant . Quelques groupes de dauphins nous ont accompagné  et nous avons croisé 2 ou 3 tortues, quelques fous volants, quelques océanites … Nous avons longé l’île de Santa Fe , assez montagneuse , grise verdâtre  et tristounette  avant de gagner le port de Ayora,  plus port-abri  ouvert sur le large. Nous avons mouillé dans 6 mètres d’eau à 24°.  Dans la baie , tous les bateaux sont sur leur propre mouillage même les grosses vedettes de croisière qui promènent les touristes sur plusieurs jours. La houle et les passages  (la plupart du temps, irrespectueusement , au plus près des coques)  incessants et bruyants , des nombreux taxis aquatiques, des multiples annexes …. agitent le plan d’eau, dès très tôt le matin jusqu’à très tard la nuit . Ainsi, souvent les bateaux  tanguent et roulent beaucoup : pas vraiment confortable et un rien pénible avec le temps.
Le lendemain, le capitaine du port est monté à bord pendant 45 minutes pour des formalités avec visite du bateau!

Puerto Ayora est la grande ville de l’Archipel, propre mais sans charme particulier,   où pullulent les agences d’excursions, de plongée … les restaurants, les marchands de souvenirs.  Ici, comme à Puerto Baquerizo à San Cristobal, les animaux vivent au contact direct des hommes. Ainsi au petit marché aux poissons, les vies animale et humaine se mélangent. Les lobos , les pélicans,  les hérons, les iguanes … sont à même au pied des étals. Les frégates volent toutes proches au dessus des têtes et des petits bateaux de pêche agglutinés le long d’un petit quai couverts de crabes rouges.  La rue qui longe la baie est bordée d’une multitude de magasins de souvenirs , le rabattage devant les restaurants est presque la règle. Les piétons sont peu respectés. L’ambiance générale qui se dégage de cet endroit est bien loin de la sérénité à laquelle je m’attendais. 
Avant hier, j’ai visité le centre de crianza des tortues ( incubation des oeufs et élevage des  juvéniles) puis la station de Darwin toute proche. Les explications  nombreuses et bien faites m’ont permis de comprendre un peu mieux les préoccupations de protection de l’environnement et de la nature au niveau de l’archipel; j’ai bien dit «  un peu mieux ». Ils ont cependant des projets très intéressants qui s’inscrivent dans le long terme. 

Mais ici, encore,  peu d’activités sont possibles sans guide et uniquement sur un espace extrêmement  limité,  sous prétexte de la protection de la nature. A ce stade de restrictions et d’interdictions,  je ne m’y retrouve pas beaucoup.
Hier, nous avons été nous balader vers « Las Grietas » genre de petit canyon terrien  ( situé après une petite saline toujours en exploitation et après le consulat d’Italie) ) avec quelques «  grandes flaques d’eau »  abritant quelques poissons. A l’entrée, le gardien du parc n’était pas vraiment très accueillant et j’ai préféré rebrousser chemin pour me rendre  à « Tortura Bay » et «  Playa Mansa » atteintes après une marche de 1 heure environ sur un chemin pavé bien balisé et intéressant.  Tortura Bay bordée d’une longue plage de 1 km de long est agitée de gros rouleaux et de violents courants qui rendent la baignade dangereuse et même en théorie interdite. A son extrémité, les iguanes marins sont nombreux et la Playa Mansa est toute proche , superbement belle  et abritée avec de l’ombre sous les nombreux petits arbres du haut de l’estran. Dans cette dernière baie peu profonde et protégée par une barrière rocheuse, l’eau y est très calme, sans courant mais le snorkelling est très pauvre.  

Lundi 14 mai  Isla Isabela 

Nous avons quitté hier matin, Puerto Ayora pour Ie port de Villamil sue l’île d’Isabela. Nous avons bénéficié  d’un petit vent de 8-10 noeuds de sud qui a nous permis une agréable petite navigation à la voile pour accomplir les 50 milles séparant les deux ports-mouillages, le tout sur une mer belle. Vers 16h30, nous avons mouillé dans l’anse à 200_300 mètres de la rive, juste devant le petit bourg de Villamil en compagnie de 2 autres voiliers. Le  tirant d’eau de 2.50 mètres du notre voilier est handicapant pour gagner les zones les plus abritées et nous sommes un peu ballotés à l’entrée de la zone de mouillage. Rapidement, un représentant de l’autorité monte à bord et revivifie une autre fois,nos passeports,notre matériel de sécurité, de navigation …. «  capitan », capitan » … Cassent  vraiment les C… les uniformes de tous genres… ( hier soir, c’était avant de quitter Santa Cruz) … Sur leurs conseils , nous avons bougé le bateau de 100 mètres pour être un peu plus à l’abri.
La chaine volcanique de l’île est noyée dans les nuages ( Depuis 10 jours nous dira l’agent, compromettant mon désir de ballade sur ces sommets de 1300 mètres environ).   Villamil présente bien avec ces quelques hôtels discrets et maisons de bord de plage entourées de plantations de palmiers et autres. Ici, tout est calme: juste 2 bateaux de croisière comme voisins, des petits bateaux de pêche ou de ballade au fond de la baie, trafic très faible, pas de bruit.
A la nuit tombée, dans la lumière d’une lampe, un phoque et un pélican se concurrençaient avec vivacité pour attraper les petits poissons.

Mardi 15 mai, Isabela

Hier matin, nous avons visité le bourg qui a certainement beaucoup évolué avec le tourisme en l’espace de 10 ou 15 ans mais il resté un peu dans son jus et les nouvelles constructions sont souvent belles et bien intégrées parmi les cocotiers. Bien sûr, les agences d’excusions, de plongées, les restaurants, les bars ont fleuri sur cette île de 2500 habitants ( 130 kms de long sur 82 kms de large: la plus grande de l’Archipel) mais le nombre de touristes est (en ce moment?) très limité.

Puis je me suis baladé seul sur 18 kms jusqu’au lieu dit «  El Radar » à environ 250 mètres de haut. D’abord, j’ai longé sur 1 km une  superbe plage de sable blanc où venaient  s’écraser bruyamment de gros rouleaux dans lesquels s’amusaient quelques surfeurs. Sur la plage, quelques « tournepierres locaux »  courraient , quelques courlis  avec leur long bec courbé me surveillaient du coin de l’oeil, des mouettes grises foncées à tête noire  se laissaient approcher, parfois des iguanes marins se rassemblaient par petits groupes …
Puis j’ai continué à marcher une route-piste de terre ou de sable  jusqu’à un cimetière assez bien fleuri et entretenu avant d’arriver dans la mangrove où se cachaient plusieurs lagunes assez vivantes: canards, poules d’eau…  De nombreux manzanillas  bordaient le chemin et leurs fruits, genre de petites pommes très toxiques jonchaient le sol ( pas toucher et surtout pas manger!) . Les oiseaux et leurs chants agrémentaient la marche: multiples pinsons, canaris,…A un moment,  un  petit écart de la piste permet d’arriver à un petit tunel de lave. Ensuite le chemin monte tranquillement dans la  végétation habituelle de ces îles avec leurs arbrisseaux et leurs cactus.
Un premier mirador atteint après avoir monté plus de 150 marches permet d’embrasser une partie  du paysage volcanique de l’île  ( point culminant à 1700 mètres avec des volcans toujours actifs) dont les sommets sont noyés dans de lourds nuages.

Puis je suis arrivé devant le « muro des lagrimas » ( mur des larmes) long de 120 mètres et haut de 10 mètres, constitué de pierres, mur complètement inutile érigé, comme objet de punition , par les prisonniers du pénitencier de l’époque, entre 1946 et 1959 (  nombreux d’entre eux y laissèrent leur peau). Ensuite, après 1 km d’ascension avec beaucoup de marches, j’ai atteint le mirador «  El radar » où les Américains établirent un radar au début du XX ème siècle, radar démonté ensuite par les prisonniers et transporté au bourg comme matériaux de construction à l’église !!!
La vue de là-haut est très intéressante et permet d’admirer la mer puissante de l’océan Pacifique qui blanchit la côte dans un flot d’écume grondant et toute cette nature de taillis parfois interrompue par de grosses coulées de lave noire et figée.
Je reprends le chemin du retour en réemprunte le « camino de las tortugas » où j’ai rencontré 4 grosses tortues terrestres en liberté dans leur vrai habitat …  Finalement, ce chemin est assez peu fréquenté, j’y ai croisé environ une trentaine de promeneurs, moitié en marchant, moitié à vélo.
La randonnée de 4 heures environ fut  réellement magnifique dans un paysage diversifié, parfois ombragé sous une chaleur un peu humide de 30° à l’ombre. 
Je ne retire rien de ce que j’ai écrit sur les deux autres îles,  mais j’avoue que Isabela me réconcilie avec les Galapagos, un lieu nature avec des animaux dans leur vrai environnement , loin des tumultes de la civilisation. J’en redemande. 


Gildas.

PS: d'autres photos viendront quand j'aurai une bonne connexion internet.





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